Depuis plus de 60 ans, Cuba est étranglée par un blocus imposé par les États-Unis. Presque tous les pays condamnent le blocus illégal, tout en lui obéissant. Chronique d’un socialisme assiégé.

Il y a plus de 60 ans, Cuba, île petite, mais irréductible située à quelques encablures des États-Unis, aIl y a plus de 60 ans, Cuba, île petite, mais irréductible située à quelques encablures des États-Unis, aopté pour un système radicalement différent : le socialisme. Depuis lors, elle est étranglée par les sanctions nord-américaines. Comme Cuba n ’a obtenu son indépendance formelle qu ’en 1902, ce blocus couvre plus de la moitié de son existence. Le blocus est un réseau complexe de lois et de mesures qui empêche toute coopération économique, tout commerce et toute transaction financière entre Cuba et les États-Unis, mais aussi avec des pays tiers. C’est la série de sanctions étasuniennes la plus longue et la plus étendue de l’histoire moderne.
« Si le peuple cubain a faim, il jettera Castro dehors », soutenait déjà en 1960 le président américain Dwight Eisenhower1. Ce qui expose clairement le but de ces sanctions, de 1960 à aujourd’hui.

Sait-on que le blocus coûte à la société cubaine 15 millions de dollars par jour ? Derrière ces chiffres stupéfiants, mais abstraits, il y a les histoires personnelles très concrètes. En 1997, l’Association américaine pour la santé mondiale notait déjà : « Une catastrophe humanitaire a été évitée parce que le gouvernement cubain a maintenu un niveau élevé de soutien budgétaire pour son système de santé. Celui-ci est conçu pour dispenser des soins de santé primaires et préventifs à tous les citoyens. »
En d’autres termes : c’est la forme d’État socialiste cubain qui utilise son économie planifiée pour protéger la population des effets dévastateurs du blocus. L’effet pervers de cette situation est que le blocus de Cuba est moins visible pour nos yeux occidentaux. En effet, on entend souvent dire qu ’à Cuba, il y a de bons soins de santé et un bon système d’enseignement. Certes, mais la réalité est beaucoup plus complexe : pour continuer à garantir ces victoires de la révolution cubaine, l’économie cubaine a besoin d’oxygène, et c’est justement ce dont le blocus prive Cuba et sa population depuis 60 ans. « On fait de notre mieux, mais c’est la survie au jour le jour » est peut-être l’avis le plus fréquemment entendu dans les rues de Cuba aujourd’hui.
Impact du blocus économique sur l’économie et la société cubaines
« L’embargo est absurde et cruel. Je rejette les arguments de l’administration Biden en faveur de l’embargo contre Cuba par l’administration Biden. Il n ’est jamais acceptable d’utiliser la cruauté comme levier contre les gens ordinaires. Nous devons faire en sorte que les États-Unis perçoivent la souffrance de Cuba : c’est notre embargo contre le pays vieux de 60 ans », a déclaré Alexandria Ocasio-Cortez, une sénatrice progressiste démocrate sous Biden2.
Les conséquences pour le pays et sa population sont en effet énormes. Tous les secteurs à Cuba sont confrontés à des pénuries : la nourriture, le carburant, les médicaments, les équipements, la technologie, les finances… Au cours des 60 dernières années, il est arrivé presque systématiquement qu ’un fournisseur étranger bien établi soit racheté par une société américaine et que les exportations soient immédiatement arrêtées. Le coût pour trouver des remplaçants non prévus et non budgétés exerce une forte pression sur l’économie cubaine.
Le blocus étasunien, depuis 60 ans, a coûté à Cuba 15 millions de dollars par jour.
Les sanctions ont bloqué les exportations cubaines et les revenus qui y sont liés. En 2018, l’Association nationale des économistes cubains a calculé le coût du blocus américain : 4,4 milliards de dollars par an. Peut-on imaginer cela ? Cela représente 12 millions de dollars par jour. Ce coût a ensuite encore augmenté suite aux mesures prises par Trump qui ont renforcé encore davantage le blocus. En 2022, Cuba a estimé le coût total cumulé à plus de 154 milliards de dollars sur six décennies et le coût quotidien à 15 millions de dollars.