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Qui aux Etats-Unis est en faveur d’une guerre contre la Chine ?

Deborah Veneziale

—16 mars 2023

La grande bourgeoisie des États-Unis a fait cause commune contre la Chine. Les faucons libéraux et les néoconservateurs ont fusionné sur le plan stratégique et portent la politique de guerre des États-Unis à un niveau sans précédent face à leur rival stratégique.

L’appétit vorace des États-Unis pour la guerre se fait de plus en plus ressentir dans le monde entier. Dans le contexte de la crise ukrainienne, les États-Unis et l’Otan se sont employés à intensifier leur guerre par procuration avec la Russie tout en continuant à intensifier leur encerclement et leurs provocations à l’encontre de la Chine. Cette intention de guerre s’est manifestée notamment lors de l’émission télévisée Meet The Press du 15 mai 2022 sur la chaîne étasunienne NBC, dans laquelle était simulée une guerre des États-Unis contre la Chine1. Il convient de noter que cette « simulation de guerre » était organisée par le Center for a New American Security (CNAS), un important groupe de réflexion de Washington, D.C., cofinancé par le gouvernement des ÉtatsUnis et plusieurs de ses alliés, ainsi que par un ensemble de sociétés militaires et technologiques étasuniennes2.

Deborah Veneziale est une journaliste étasunienne qui couvre la géopolitique depuis plus de 30 ans.

Cette simulation s’inscrit dans la droite ligne d’autres signaux alarmants pointant vers une guerre, émanant à la fois du Congrès et du Pentagone. Ainsi, Charles Richard, chef du commandement stratégique des États-Unis, a affirmé devant le Congrès que la Russie et la Chine représentaient une menace nucléaire pour les États-Unis3. En juin, lors de son sommet annuel, l’Otan a qualifié la Russie de « menace la plus importante et la plus directe » et a désigné la Chine comme un « défi [pour] nos intérêts ». En outre, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont participé au sommet pour la première fois, laissant entrevoir la possibilité de la création d’une branche asiatique à l’avenir. Enfin, dans un acte de provocation flagrante à l’égard de Pékin, la présidente de la Chambre des représentants des ÉtatsUnis, Nancy Pelosi, troisième plus haut responsable au sein du gouvernement Biden, s’est rendue à Taïwan, sous escorte de l’armée de l’air des États-Unis4.

Au vu de la politique étrangère agressive du gouvernement Biden, on ne peut s’empêcher de se demander qui, parmi l’élite dirigeante étasunienne, prône la guerre ? Existe-t-il un mécanisme permettant d’endiguer cette belligérance dans le pays ?

Cet article aboutit à trois conclusions. Tout d’abord, deux groupes de l’élite, naguère rivaux en matière de politique étrangère — les faucons libéraux et les néoconservateurs –, ont fusionné stratégiquement sous le gouvernement Biden, formant le consensus le plus important en matière de politique étrangère au sein de l’élite du pays depuis 1948. Ce faisant, ils portent la politique de guerre des ÉtatsUnis à un niveau sans précédent. En deuxième lieu, compte tenu de ses intérêts à long terme, la grande bourgeoisie des États-Unis est parvenue à engendrer un consensus sur le fait que la Chine constitue un rival stratégique et a engrangé un soutien solide en faveur de cette ligne de politique étrangère. Troisièmement, la résistance intérieure au militarisme des États-Unis s’est vue fortement affaiblie.

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