Le 7 et 8 septembre c’est le retour de ManiFiesta à Ostende. Evidemment, Lava sera de la partie. Retrouvez notre programme ci-dessous.
Lava organise deux jours de sessions d’une heure. Chaque session comprend 20 minutes de conférence et 20 minutes de questions de la part du public, après quoi nous conclurons par une rencontre avec l’auteur. Les sessions se déroulent en néerlandais, français ou anglais – aucun moyen de traduction n’est fourni.
Samedi
- 1 L’identité de classe est-elle dépassée ?
- 2 Le capital construit une ville à son image
- 3 La vérité sur le capitalisme (ENG)
- 4 Comment contrer l’extrême droite ? (NL)
- 5 L’égalité n’est pas qu’une question d’argent
- 6 Les injonctions politiques de l’industrie de l’armement (ENG)
- 7 L’Union européenne bâtie pour garantir la paix ? (NL)
- 8 Que faire pour arrêter le génocide en Palestine ? (ENG)
- 9 L’héritage du Parti Communiste Italien (FR)
- 10 Toutes les luttes paysannes ne se valent pas (NL)
- 11 Comment le mouvement climatique peut gagner (ENG)
- 12 Le marxisme du Sud global (ENG)
L’identité de classe est-elle dépassée ?
12h-13h
Cécile Piret a mené un travail sociologique de terrain auprès des anciens ouvriers de la sidérurgie dans la région de Liège. Son objectif était d’étudier la conscience et l’identité de classe parmi les travailleurs de l’industrie lourde, à partir d’une grille d’analyse marxiste. Cherchant à dépasser les thèses défendues par Pierre Bourdieu et par celles et ceux qui s’inscrivent dans l’école de pensée du célèbre sociologue français, les résultats de Cécile Piret démontrent le maintien d’une forte identité et fierté de classe. Elles se manifestent dans l’engagement syndical ou associatif, dans la solidarité entre travailleurs ou encore dans la volonté de soutenir des partis politiques qui refusent le cadre de pensée néolibéral.
Cécile Piret est Sociologue à l’Université libre de Bruxelles. Sa thèse, défendue en 2023, porte sur la conscience de classe des anciens ouvriers de la sidérurgie liégeoise. Ses travaux actuels s’intéressent aux dimensions politiques du syndicalisme en Belgique.
Le capital construit une ville à son image
13h-14h
Pourquoi les appartements luxueux poussent comme des champignons dans nos villes alors qu’on manque de logements abordables ? Qui construit et qui investit dans l’immobilier privé ? Aline Fares a étudié le rôle des acteurs financiers, des banques et des fonds d’investissement qui mettent la main sur nos villes et transforment le logement en un produit financier très rentable. L’arrivée de ces capitaux fait grimper les prix et transforme la production de la ville, au détriment des intérêts des habitantes et des habitants. Cette financiarisation du logement est rendue possible et est même encouragée par les politiques urbaines actuelles. Alors se pose la question de comment rompre et lutter contre ces logiques ? Comment revendiquer le droit au logement contre les intérêts des acteurs de la finance et des promoteurs pour ne pas les laisser prendre les clés de nos vi(ll)es ?
Aline Fares est conférencière, autrice et militante. Ancienne employée de Dexia à Luxembourg puis à Bruxelles, Aline s’attache à rendre le sujet des banques et de la finance accessible et appropriable. Elle est co-autrice de la récente bande dessinée “La Machine à détruire, pourquoi il faut en finir avec la finance”, illustrée par Jérémy Van Houtte et publiée au Seuil. Aline Fares a écrit un article pour Lava 29 intitulé “Contre la financiarisation de nos villes”
La vérité sur le capitalisme (ENG)
14h30-15h30
Grace Blakeley, journaliste économique britannique, nous explique pourquoi tout ce que nous croyons savoir sur le capitalisme est faux. Son nouveau livre, “Vulture Capitalism”, jette une lumière impitoyable sur certaines des plus grandes entreprises du monde comme Amazon ou Boeing. Elle révèle les dures vérités sur le soi-disant capitalisme de marché libre. Elle nous explique pourquoi les marchés libres ne sont pas vraiment libres, comment les profits records des entreprises ne profitent pas à tout le monde, pourquoi nous ne pouvons pas faire nos propres choix et ce que nous pouvons faire pour changer cela.
Grace Blakeley est économiste et rédige régulièrement des articles pour le magazine britannique de gauche « Tribune ». Invitée régulièrement dans des talk-shows télévisés, dans le podcast « A World to Win » ou simplement sur TikTok, elle touche chaque semaine un large public avec ses idées fraîches et de gauche. Son dernier livre, « Vulture Capitalism » (Atria, 2024), démasque l’économie de marché comme étant tout sauf libre et spontanée : le capitalisme est aussi une économie planifiée, mais uniquement au profit des plus riches. Elle est également l’auteure, entre autres, de « The Corona Crash » (Verso, 2019) et de « Stolen : How to Save the World From Financialisation » (Repeater, 2019). Elle a également dirigé « Futures of Socialism » (Verso, 2020). Pour Lava, elle a écrit « Labour at a Crossroads » en 2020 et en 2022 Il n’y a qu’une crise : celle du coût de la vie pour les travailleurs.
Comment contrer l’extrême droite ? (NL)
17h-18h
2024 devait être l’année de la grande percée de l’extrême droite en Flandre. Le Vlaams Belang a finalement échoué de peu à devenir le plus grand parti du pays, mais le danger est tout sauf écarté. Le VB est désormais aussi important en Flandre que le PVV de Geert Wilders l’est aux Pays-Bas. Dans toute l’Europe, l’extrême droite continue de profiter du mécontentement croissant contre les politiques traditionnelles. Comment le milieu syndical et associatif, les militants et les partis de gauche doivent-ils comprendre cette situation ? Et quelles sont les stratégies qui ont fait leurs preuves en Flandre pour contrer l’extrême droite ?
Anton Jäger est historien et enseigne l’histoire de la pensée politique à Oxford et à la KU Leuven. Il s’est spécialisé dans la relation entre le capitalisme et la démocratie. Son livre “Hyperpolitics : extreme politicisation without political consequences” a été publié chez Athenaeum en 2024. Avec Daniel Zamora, il a aussi publié “Welfare for markets : a global history of basic income” (University of Chicago Press). Il publie dans plusieurs revues telles que New Left Review, Jacobin et Lava, et il écrit également une chronique dans De Morgen qui paraît toutes les deux semaines. Retrouvez ses articles publiés chez Lava ici.
L’égalité n’est pas qu’une question d’argent
18h-19h
Une poignée de milliardaires possèdent plus de richesses que la moitié de l’humanité. La gauche s’oppose à cet accaparement obscène, mais, pour lutter contre les inégalités, avons-nous besoin de plus d’argent ou de meilleurs services publics ? Le tournant néolibéral des années 1970-1980 a imposé une vision où tout est une affaire de monnaie sonnante et trébuchante. Le sociologue Daniel Zamora estime que la gauche doit à nouveau politiser nos besoins en (re)posant la question du contrôle de la production. « Parce que nous ne voulons pas seulement plus de pain, nous voulons toute la boulangerie » comme le disait de manière imagée le syndicaliste Jan Cap.
Daniel Zamora est professeur de sociologie a l’Université Libre de Bruxelles. Il est l’auteur de De l’égalité à la pauvreté (Éditions de l’Université de Bruxelles, 2017) et de Welfare for markets: a global history of basic income, co-écrit avec Anton Jäger (University of Chicago Press, 2023). Retrouvez ses articles publiés chez Lava ici.
Dimanche
Les injonctions politiques de l’industrie de l’armement (ENG)
11h-12h
Le génocide à Gaza et les guerres en Ukraine et au Yémen suscitent une nouvelle course aux armements, une aubaine pour l’industrie militaire. Andrew Feinstein, auteur de The Shadow World : Inside the Global Arms Trade, révèle comment l’industrie de la guerre se comporte avec le monde politique, comment les lobbies de l’armement jouent avec les politiciens et les influencent. Cette militarisation n’augmente pas seulement le risque de guerre, elle a aussi des conséquences profondes sur la démocratie et la société.
Andrew Feinstein est un ancien parlementaire de l’ANC et a servi sous Nelson Mandela. Il est actuellement directeur exécutif de Shadow World Investigations à Londres, un bureau de recherche nommé d’après son livre The Shadow World : Inside the Global Arms Trade – un classique sur l’industrie de l’armement qui a également été adapté en un documentaire primé. Il travaille actuellement sur un livre concernant la manière dont l’Occident profite des massacres au Yémen et à Gaza. Feinstein est également l’auteur de After the Party : Corruption, the ANC & South Africa’s Uncertain Future et co-éditeur de Monstrous Anger of the Guns : How the Global Arms Trade is Ruining the World & What We Can Do About It.
L’Union européenne bâtie pour garantir la paix ? (NL)
12h-13h
Pendant des siècles, le continent européen a été ravagé par la guerre et l’absence de libertés. L’Union européenne apparaît aujourd’hui comme un projet basé sur la paix et la démocratie où l’on défend les droits humains. Ce narratif est largement relayé. En 2012, l’UE a même reçu le prix Nobel de la paix. En réalité, ce projet de paix est un mythe, les motifs qui sous-tendent l’intégration européenne sont bien moins nobles. Le simple fait que la plupart des membres fondateurs de la Communauté économique européenne en 1958 étaient des puissances coloniales est en contradiction avec ces idéaux pacifistes, démocratiques et humanitaires, mis en avant à posteriori. Jan Orbie, professeur de sciences politiques à l’Université de Gand et spécialiste des relations extérieures de l’Union européenne, revient sur ce récit pacifiste à la base de l’Union européenne. Il revient sur le colonialisme présent à la naissance du projet européen et jette un regard critique sur la politique étrangère actuelle de l’UE.
Jan Orbie est politologue. Il est professeur à l’Université de Gand et enseigne l’intégration, la politique étrangère et la politique commerciale européenne. Ses recherches portent principalement sur les relations extérieures de l’Union européenne.
Que faire pour arrêter le génocide en Palestine ? (ENG)
13h-14h
Israël est soupçonné de commettre un génocide en Palestine. La Cour internationale de Justice et le Rapporteur spécial de l’ONU sur la Palestine se sont déjà exprimés à ce sujet. À Gaza, Israël a tué plus de 37 000 personnes et fait plus de 80 000 blessés depuis le 7 octobre, tandis que des milliers victimes sont toujours sous les décombres. Plus de 95 % de la population a été forcée de se déplacer à plusieurs reprises et Israël bombarde toutes les infrastructures comme les écoles ou les hôpitaux à Gaza. Pourtant, aucune sanction n’a été appliquée à l’encontre d’Israël par la Belgique ou par l’Union européenne. La chercheuse Maha Abdallah nous expliquera ce que nous pouvons faire pour que le génocide cesse et que le droit international soit enfin respecté afin de protéger les droits du peuple palestinien.
Maha Abdallah est juriste spécialisée dans les droits humains. Elle est actuellement doctorante et assistante pédagogique à l’université d’Anvers. Auparavant, elle était chargée de la défense internationale à l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme et à Al Haq, une organisation palestinienne de défense des droits de l’homme. Retrouvez ses articles publiés chez Lava ici.
L’héritage du Parti Communiste Italien (FR)
14h00-15h00
Plus grand parti communiste d’Europe de l’Ouest et jouissant d’une grande popularité en Italie, avec plus de deux millions de membres et représentant un tiers de l’électorat, le PCI implose en 1991 sous le poids de ses contradictions. Que retenir de ce « parti-communauté » qui gérait de nombreuses villes et régions et exerçait son hégémonie sur le monde culturel ?
Hugues Le Paige est un journaliste et réalisateur belge. Il a été correspondant de la RTBF à Rome et il a récemment publié L’héritage perdu du Parti Comuniste Italien : Une histoire du communisme démocratique. Dans le numéro 29 de Lava, Hugues Lepaige a été interviewé au sujet de son livre “L’Héritage perdu du parti communiste italien : Une histoire du communisme démocratique” (Les impressions nouvelles, 2024). Vous pouvez également trouver d’autres articles d’Hugues Lepaige ici.
Toutes les luttes paysannes ne se valent pas (NL)
15h-16h
Ces derniers mois, les agriculteurs en colère ont pris les rues de la capitale avec leurs tracteurs. Dans toute l’Europe, le secteur agricole a été durement touché par plusieurs crises économiques et environnementales. Mais toutes les manifestations paysannes ne se valent pas. Pour l’historienne Maïka De Keyzer, l’appellation “manifestation paysanne” prête à confusion et peut même induire en erreur. Souvent, ce ne sont pas les agriculteurs qui jouent le rôle principal, mais bien l’agro-industrie et le Boerenbond, lié à la bourgeoisie flamande, qui sont aux commandes. Les intérêts de ce groupe contrastent fortement avec les revendications des agriculteurs qui pratiquent l’agroécologie et ceux des petits exploitants. Maïka De Keyzer démêle les intérêts et les aspirations contradictoires, et indique les voies d’une agriculture durable et socialement juste.
Maïka De Keyzer est professeure à la KULeuven. Elle a obtenu son doctorat en tant qu’historienne sur le succès des communs inclusifs et durables à la fin du Moyen Âge. Ses recherches se concentrent sur la durabilité, le drainage, la prospérité et l’action collective dans la période prémoderne. Avec plusieurs coauteurs, elle a publié en 2023 le livre « Tot de Bodem. De toekomst van de landbouw in Vlaanderen », une perspective interdisciplinaire sur le système agricole actuel en Flandre et ses possibles futurs. Elle est également associée au think tank Minerva.
Comment le mouvement climatique peut gagner (ENG)
16h-17h
Les phénomènes météorologiques extrêmes témoignent du rythme effréné et effrayant du réchauffement climatique. Depuis des décennies, les faits scientifiques sont connus mais le défi climatique reste sans réponse sur le plan politique. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Matt Huber, professeur de géographie et auteur de “Climate Change as Class War : building socialism on a warming planet” (Le changement climatique comme guerre de classes : construire le socialisme sur une planète qui se réchauffe) pense que le mouvement climatique est en train de perdre la bataille car il s’oppose trop rarement à la classe possédante qui préfère ses profits à l’avenir de la planète. Un programme populaire pour le climat devrait améliorer la vie de la classe travailleuse. La manière dont nous produisons la nourriture, l’énergie, le logement et les autres besoins fondamentaux et la question de savoir qui contrôle et marchandise cette production, sont des questions cruciales dans notre relation à la nature.
Matthew T. Huber est professeur de géographie à la Maxwell School of Citizenship and Public Affairs de l’université de Syracuse. Il est l’auteur de Lifeblood : Oil , Freedom and the Forces of Capital (University of Minnesota Press , 2013) et Climate Change as Class War (Verso , 2022). Dans son dernier ouvrage, Matt Huber cherche une stratégie gagnante pour le mouvement climatique et place la classe travailleuse au centre de sa réflexion. Retrouvez ses articles et interviews publiés chez Lava ici.
Le marxisme du Sud global (ENG)
17h-18h
Les origines du capitalisme sont à rechercher dans « la découverte des contrées aurifères et argentifères de l’Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l’Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d’accumulation primitive qui signalent l’ère capitaliste à son aurore. » C’est l’un des passages les plus célèbres de Marx dans Le Capital (1867). Le versant obscur du développement capitaliste débridé est l’exploitation des hommes et de la nature, en particulier dans les colonies. Il n’est donc pas étonnant que l’anticolonialisme ait joué un rôle si important dans le mouvement marxiste. L’historien indien Vijay Prashad souligne l’imbrication de la tradition marxiste et de la libération nationale, une tradition qui trouve son origine dans la révolution d’Octobre et ses racines dans les conflits anticoloniaux des XXe et XXIe siècles. En ces temps mouvementés à l’échelle mondiale, il examine comment le marxisme se développe dans le Sud.
Vijay Prashad est un historien, journaliste, auteur et intellectuel marxiste indien. Il est directeur du Tricontinental : Institute for Social Research et éditeur de LeftWord Books, qui a publié en anglais Ils nous ont oubliés et Mutinerie de Peter Mertens. Ce dernier a interviewé Vijay Prashad pour la docusérie vidéo de Fakto sur Mutinerie. Vijay Prashad est l’auteur d’une trentaine de livres. Son livre Washington Bullets a été traduit en français par Éditions Critiques sous le titre Déstabiliser et détruire. Vijay Prashad a participé a une double interview avec Peter Mertens dans le Lava 29. Retrouvez ses autres articles publiés chez Lava ici.