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Le Forum Lava à ManiFiesta 2023

Lava

—9 août 2023

Le 9 et 10 septembre c’est le retour de ManiFiesta à Ostende. Evidemment, Lava sera de la partie en collaboration avec l’Université Marxiste. Retrouvez notre programme ci-dessous.

 

Lava organise deux jours de sessions d’une heure. Chaque session comprend 20 minutes de conférence et 20 minutes de questions de la part du public, après quoi nous conclurons par une rencontre avec l’auteur.

Samedi

Bonnes et mauvaises décolonisations (NL)

12h-13h

La décolonisation n’est pas une simple feuille de route qu’il suffit de mettre en œuvre. Koen Bogaert a fait l’impasse sur la décolonisation en tant que slogan publicitaire cosmétique dans les villes, les musées et les universités. Il commence par les mots du légendaire psychiatre, philosophe et révolutionnaire martiniquais Frantz Fanon : “La décolonisation, qui vise à changer l’ordre du monde, est un programme de désordre total”. Bogaert vous emmène à travers une histoire qui s’étend sur des centaines d’années, de la révolution haïtienne à la résurgence contemporaine de la protestation mondiale. La décolonisation est avant tout un combat social et intellectuel, un projet révolutionnaire même, qui commence par l’imagination radicale d’une société totalement nouvelle. Organisé en collaboration avec l’Université marxiste.

Koen Bogaert est affilié au Département d’études sur le développement des conflits de l’Université de Gand. Il publie cette année “Sur les traces de Fanon. Ordre, désordre et décolonisation” (EPO, 2023). Il recherche les liens entre mondialisation, urbanisation, inégalités sociales et contestation sociale, plus spécifiquement en Afrique du Nord. Il enseigne l’histoire coloniale et la résistance décoloniale.

Comment la Chine a éradiqué l’extrême pauvreté (ANG)

13h-14h

Au cours des 40 dernières années, 75 % de la réduction de la pauvreté a eu lieu en Chine. En 1980, 800 millions de citoyens chinois vivaient dans la pauvreté ; en 2021, le président Xi Jinping a annoncé que l’extrême pauvreté avait été éradiquée. À l’ère du néolibéralisme, ses idéologues aiment à revendiquer cette victoire du marché. Mais la réalité est plus complexe que cela : sans le rôle actif de l’État, qui a détourné les investissements vers les zones qui en avaient le plus besoin, la pauvreté n’aurait jamais été éradiquée. Tings Chak, chercheuse à l’Institut tricontinental vivant à Shanghai, explique comment la Chine a vaincu l’extrême pauvreté – et ce que le reste du monde peut en apprendre.”

Tings Chak est une militante, une auteure et une artiste – et, par-dessus tout, une internationaliste. Elle est née à Hong Kong, a grandi au sein du mouvement de défense des droits des migrants au Canada et est directrice artistique et recherchiste à l’Institut de recherche sociale Tricontinental, où elle se concentre sur les luttes pour la libération nationale et le socialisme.

Pourquoi les milliardaires aiment le revenu de base 

14h-15h

L’idée d’un gouvernement qui paie ses citoyens pour les maintenir hors de la pauvreté – aujourd’hui connue sous le nom de revenu de base – n’est pas nouvelle. Souvent datée de la Rome antique, la conception moderne du revenu de base a véritablement émergé à la fin du XIXe siècle. Bien qu’il s’agisse de l’une des propositions les plus controversées à l’heure actuelle, elle attire des partisans de tous les horizons politiques. Le professeur de sociologie Daniel Zamora explique comment l’idée est apparue aux États-Unis et en Europe, propulsée par la Silicon Valley, comme une alternative favorable au marché à l’État-providence de l’après-guerre et explique ses ramifications contemporaines.

Daniel Zamora est professeur de sociologie à l’Université libre de Bruxelles. Il est coauteur de Welfare for Markets : A Global History of Basic Income (University of Chicago Press, 2023, avec Anton Jäger). Ses travaux, portant principalement sur l’histoire intellectuelle du néolibéralisme et la réflexion sur la pauvreté et la justice, se sont concrétisés dans des ouvrages tels que “Le dernier homme et la fin de la révolution” (Lux, 2019) et “De l’égalité à la pauvreté : socio-histoire de l’assistance en Belgique (1895-2015)” (Éditions de l’Université Libre de Bruxelles, 2017).

Pourquoi les professeurs d’économie déçoivent toujours leurs étudiants (ANG)

17h-18h30

Il est temps de repenser notre enseignement de l’économie. Les cours dispensés à l’école et à l’université ne sont pas à la hauteur. Les étudiants ne disposent pas des outils nécessaires pour relever les défis d’aujourd’hui, tels que le réchauffement climatique, les inégalités ou les relations de pouvoir déséquilibrées. Les gens aimeraient en savoir plus sur le fonctionnement de l’économie, mais cela ne s’apprend guère en cours d’économie.

De plus en plus d’étudiants veulent changer cela, et le réseau mondial “Rethinking Economics” a vu le jour. Ils redéfinissent le sens de l’économie pour y inclure des voix plus diverses et plus critiques. Nous nous entretenons avec deux d’entre eux. Sam de Muijnck, des Pays-Bas et Adriano La Gioia, étudiant et président de Rethinking Economics ULB nous expliquent comment ils incitent les jeunes à repenser l’économie.

Dimanche

Les néolibéralismes en Belgique (FR)

11h-12h

Si le néolibéralisme et ses conséquences sont au cœur de multiples débats, ils demeurent paradoxalement peu étudiés dans le cas belge. Zoé Evrard et Damien Piron ont coordonné la publication d’un livre, à paraitre à l’automne 2023, qui entend combler ce vide en offrant une analyse des trajectoires de néolibéralisation à l’œuvre depuis près d’un demi-siècle en Belgique. Cette étude de la diffusion et des conséquences du néolibéralisme en Belgique fournit des outils analytiques indispensables à toutes celles et ceux qui s’interrogent sur le néolibéralisme, en questionnent la pertinence, et œuvrent à son dépassement.

 

Zoé Evrard est doctorante en sciences politiques à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et chargée de recherche au CRISP. Ses recherches portent sur le redéploiement de la planification socio-économique à l’aune du néolibéralisme et les modalités de la prise de décision consensuelle en Belgique.

Damien Piron est docteur en sciences politiques et sociales et chargé de cours en Sciences administratives à l’Université de Liège. Ses travaux explorent la reconfiguration néolibérale de l’État belge à travers le domaine des finances publiques.

 

Surexploitation : les origines économiques de l’inégalité entre les sexes (ANG)

L’année 2020 a vu la réédition du pamphlet de Mary Davis, d’une actualité brûlante, intitulé Women and Class (Femmes et classe). Elle y examine les théories féministes contemporaines telles que le féminisme libéral, l’intersectionnalité ou la politique de l’identité, et y juxtapose un point de vue marxiste. Selon Mme Davis, il est absurde de supposer que l’oppression des femmes est séparée de la lutte des classes, qu’elle serait comme quelque chose de complètement extérieur à la société. Pour elle, les origines de l’inégalité entre les sexes se trouvent simplement dans l’économie. Le pamphlet se concentre sur le concept de “surexploitation” pour expliquer la position spécifique des femmes dans le capitalisme.

Comment l’UE finance la colonisation israélienne (ANG)

13h-14h

 Israël dépend fortement du soutien politique, économique et militaire de l’Union européenne, son principal partenaire commercial. L’UE joue ainsi un rôle actif dans les colonies et empêche toute action sérieuse contre les violations graves et les crimes internationaux commis à l’encontre des Palestiniens. La chercheuse Maha Abdallah, spécialisée dans les flux financiers vers les territoires occupés, nous éclaire sur ce sujet.

Maha Abdallah est juriste spécialisée dans les droits de l’Homme. Elle est actuellement doctorante et assistante pédagogique à l’université d’Anvers. Auparavant, elle était chargée de la défense internationale à l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’homme et à Al Haq. Aujourd’hui son travail porte sur les flux financiers qui soutiennent le colonialisme israélien.

Pourquoi les milliardaires aiment le revenu de base (NL)

14h-15h

 L’idée d’un gouvernement qui paie ses citoyens pour les maintenir hors de la pauvreté – aujourd’hui connue sous le nom de revenu de base – n’est pas nouvelle. Souvent datée de la Rome antique, la conception moderne du revenu de base a véritablement émergé à la fin du XIXe siècle. Bien qu’il s’agisse de l’une des propositions les plus controversées à l’heure actuelle, elle attire des partisans de tous les horizons politiques. Anton Jäger explique comment l’idée est apparue aux États-Unis et en Europe, propulsée par la Silicon Valley, comme une alternative favorable au marché à l’État-providence de l’après-guerre et explique ses ramifications contemporaines.

Anton Jäger (1994) est historien et chercheur à l’Institut supérieur de philosophie de la KU Leuven. Il a publié Des te erger voor de feiten (EPO) en 2023 et, avec Daniel Zamora, Welfare Markets : A Global History of Basic Income (University of Chicago Press).

50 ans après la révolution chilienne et le coup d’état néolibéral

15h-16h

La présentation de Franck Gaudichaud portera sur l’arrivée au pouvoir de l’Unité populaire au Chili et la résistance conservatrice de la bourgeoisie qui débouchera sur le coup d’Etat néolibéral impliquant les Etats-Unis. Une session proposée en collaboration avec les Amis du Monde diplomatique de Belgique (AMDB) dans le cadre du programme d’activités qui aura lieu pour commémorer les 50 ans du coup d’état contre Salvador Allende.

Franck Gaudichaud est docteur en science politique et spécialiste des mouvements sociaux au Chili et en Amérique latine. Il est l’auteur de deux livres récents sur l’arrivée de Salvador Allende au pouvoir : “Découvrir la révolution chilienne 1970-1973 & Venceremos”et “Analyses et documents sur le pouvoir populaire au Chili (1970-1973)”.

Le Sud global et la guerre froide 2.0 (ANG)

16h-17h

L’instabilité mondiale actuelle et les conflits dans le monde sont apparus au cours des quinze dernières années sous l’effet, d’une part, de la faiblesse croissante de l’Occident et, d’autre part, de l’affirmation de plus en plus forte des grands pays en développement, illustrés par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). En réaction à leur propre faiblesse, les États-Unis ont pris la tête de leurs alliés en lançant une vaste campagne de pression contre ce qu’ils considèrent comme leurs “rivaux proches”, à savoir la Chine et la Russie. Cette politique étrangère hostile est aujourd’hui communément appelée la nouvelle guerre froide. Dans ce climat mondial de conflit et de division, il est essentiel de développer des lignes de communication et d’encourager les échanges entre la Chine, l’Occident et le monde en développement.

Mikaela Nhondo Erskog est éducatrice et chercheuse. Elle travaille avec le Syndicat national des travailleurs de la métallurgie d’Afrique du Sud (NUMSA-National Union of the Metalworkers of South-Africa) et fait partie du Secrétariat de Pan Africanism Today, la coordination régionale de l’Assemblée Populaire Internationale.

Mikaela est également membre du comité No Cold War et de Dongsheng, un collectif international de chercheurs et chercheuses intéressé.e.s par la politique et la société chinoises. Dans son podcast The Crane: An Africa-China Podcast, elle parle avec ses invité.e.s des relations entre la Chine et l’Afrique.

L’histoire a besoin de grandes histoires

17h-18h

Lorsque Jan Dumolyn, professeur d’histoire médiévale, donne une conférence sur l’histoire locale, il fait salle comble. Après le succès de Het Verhaal van Vlaanderen et du Canon de Flandre – des projets auxquels il a lui-même participé – il en est sûr : les gens veulent savoir d’où ils viennent et comment le monde d’aujourd’hui en est arrivé là. Si la gauche se contente de relativiser et de “déconstruire” les grands récits, elle ne répond pas à cet intérêt social et laisse le champ libre au passé fictif que propagent les nationalistes. Selon Dumolyn, le défi consiste à construire des récits savants qui répondent aux grandes questions du grand public.