La révolution bolchévique fut aussi une affaire de femmes. Celles-ci ont notamment impulsé, en ce qui concerne les droits des femmes, des combats qui ont amené à d’importantes avancées, en URSS comme dans d’autres pays socialistes.
Cent ans après la révolution d’Octobre de 1917, et vu la transcendance que revêt cette dernière, l’étude du rôle des femmes dans un processus de transformation sociale nous semble particulièrement intéressante et d’actualité. D’une part, l’historiographie n’a pas suffisamment rassemblé — voire a occulté — tant les contributions des femmes révolutionnaires que leur rôle en tant que militantes et responsables politiques ou en tant qu’auteures. D’autre part, elle n’a pas analysé en profondeur leurs réalisations ni les obstacles qu’elles ont dû affronter en luttant aux côtés de leurs camarades de sexe masculin pour la transformation sociale. Depuis plusieurs décennies, malgré le biais traditionnellement androcentrique qui caractérise les textes, quelle que soit la période historique, les études intégrant une perspective de genre tentent de faire connaître tant de femmes « oubliées par l’histoire », qu’elles soient d’origine bourgeoise, ouvrière, paysanne ou intellectuelle.
Nombreuses sont les femmes engagées dans la construction de la nouvelle société socialiste. Des femmes brillantes telles qu’Inès Armand ou Nadejda Kroupskaïa, habituellement éclipsées par des figures masculines, ou Alexandra Kollontaï, la grande théoricienne marxiste et féministe, qui a analysé avec brio le rôle que la « femme nouvelle » devait jouer et les relations hommes-femmes dans la république ouvrière. Ses textes sont manifestement les précurseurs des débats sur la classe et le genre qui ont émaillé tout le XXe siècle. Entre 1917 et 1918, Kollontaï a occupé la fonction de commissaire du peuple à l’Assistance publique, officiant comme responsable des structures publiques mises en place pour la protection de l’enfance et de la maternité. En 1918, elle organisa avec d’autres le premier Congrès des femmes ouvrières de Russie. De même, de 1920 à 1922, elle présida le Jenotdel, l’instance gouvernementale chargée des politiques relatives aux femmes — créée en 1919 et dirigée au départ par Inès Armand.
Par rapport au régime tsariste, nous parlons bien d’un changement radical pour les femmes, surtout les plus pauvres.
Par rapport au régime tsariste, nous parlons bien d’un changement radical pour les femmes, surtout les plus pauvres. En effet, indépendamment de leur état civil, les prestations couvraient les soins prénataux et postnataux, le logement, les allocations et la formation. Il s’agissait de mettre un terme à une situation qui condamnait les mères, particulièrement les célibataires, quasiment dénuées de tout droit, à la mendicité ou à la prostitution en cas de perte de leur emploi (une situation très habituelle parmi les employées domestiques).
Dans la Russie tsariste, les femmes présentaient des taux élevés d’analphabétisme, ne jouissaient pratiquement pas de droits civils et étaient considérées comme la propriété de leur père ou mari. En somme, cette situation correspondait à un semi-esclavage, surtout en milieu rural. La réforme législative introduite dès 1917 aboutit à l’abolition de l’inégalité formelle dans tous les domaines — droit de vote, droit du travail (égalité salariale), accès aux études et aux professions et égalité de droits dans le mariage. Parmi les mesures instaurées figurent les congés payés dans le cadre de la grossesse et de la maternité, le mariage civil, des procédures équitables pour accéder au divorce, l’élimination de la distinction dans la loi entre les enfants — garçons et filles — légitimes et illégitimes, la mise en place de crèches, d’écoles maternelles et de cantines scolaires, ainsi que le droit à l’avortement gratuit et sous surveillance médicale à partir de 1920. Ce pays fut le premier à légaliser le droit à l’avortement libre et gratuit sur décision des femmes. Quelques années plus tard, entre les années 30 et 50, en parallèle à un déclin de la population en URSS, le droit à l’avortement fut limité au cadre de l’avortement thérapeutique. Dans la plupart des pays européens, ces restrictions furent très communes. En Grande-Bretagne et en France, il faudra attendre respectivement 1967 et 1975 pour qu’il soit dépénalisé. Rappelons qu’au cours de la Deuxième Guerre mondiale, la sévérité de la loi française était telle que le gouvernement de Vichy le sanctionnait par la peine de mort, ce qui perdura pendant les décennies suivantes.
De surcroît, en octobre 1918, la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) abolit le Code pénal tsariste et, de la sorte, légalisa le divorce et dépénalisa l’adultère ainsi que l’homosexualité — à nouveau pénalisés au milieu des années 30. Des mesures destinées à favoriser la libération des femmes de la traditionnelle exploitation par le marché de la prostitution et à sanctionner le proxénétisme furent instaurées. Les peines à appliquer au proxénète furent débattues. Pourtant, aucune mesure ne fut finalement adoptée dans ce sens. Le proxénétisme fut considéré comme un fléau du système capitaliste à surmonter au travers d’une société égalitaire.
En octobre 1918, le gouvernement soviétique entérina le premier Code de la famille, le Code des lois sur l’état civil, le droit du mariage, de la famille et de la tutelle, qui reposait sur l’égalité hommes-femmes. Quelques mois auparavant, la Constitution de la République soviétique avait déjà octroyé aux femmes le droit de vote et d’éligibilité à des fonctions publiques. En outre, la socialisation de leurs tâches fut suggérée pour les soulager des responsabilités liées aux tâches domestiques et familiales. C’est ainsi que furent instaurées des institutions publiques telles que des maternités, des crèches, des écoles maternelles, des écoles, des cantines populaires et des lavoirs publics. Lénine, lui-même, était fier de compter sur les lois « les plus avancées au monde pour les femmes travailleuses ».
De nombreuses femmes bolchéviques insistèrent néanmoins sur le besoin d’une attention permanente à l’égalité hommes-femmes. Mis à part l’abolition de la propriété privée des moyens de production et l’insertion de la femme au travail salarié, Kollontaï considérait qu’un changement des habitudes et du quotidien des femmes, en particulier de la relation hommes-femmes, s’imposait. Le cas échéant, il ne serait pas possible de parler d’une véritable révolution incluant sur un pied d’égalité les hommes et les femmes. Dès lors, elle s’opposa à l’idée de postposer la « question féminine ». En d’autres termes, elle comprend alors que pour que les femmes atteignent l’égalité tant souhaitée, la révolution économique à elle seule ne leur suffira pas.
Pour caractériser la « femme nouvelle », elle analysa les modèles féminins traditionnels reflétés par la littérature, en mettant en évidence que les femmes manquaient totalement d’individualité et qu’elles se définissaient socialement sur base de leurs relations affectives et sexuelles avec les hommes. Face à ce stéréotype apparaîtrait la « femme nouvelle ». Présente dans toutes les classes sociales, c’est dans la classe ouvrière que cette femme — encore en transition — obtiendrait le référent nécessaire à une transformation radicale de tous les aspects sociaux : « Elles se présentent à la vie avec des exigences propres, héroïnes affirmant leur personnalité, protestant contre l’asservissement de la femme au sein de l’État, de la famille, de la société, héroïnes sachant lutter pour leurs droits. »1
Néanmoins, elle ne se limita pas à dénoncer la morale bourgeoise, son modèle de famille, le contrat de mariage et la prostitution. Elle mit également en garde sur la façon dont ces valeurs se reproduiraient dans toute relation de couple, y compris dans les dénommées « unions libres ». Il serait donc nécessaire d’approfondir un nouveau concept de relation affective, « l’amour dans la camaraderie », un rapport basé sur la solidarité, le respect de l’individualité et de la liberté de chaque partie, sans isolement de la collectivité, très différent de l’amour possessif et appauvrissant propre aux relations traditionnelles de domination-soumission. Dans ce modèle, la femme pourrait développer toute son humanité sans se restreindre au rôle d’épouse et de mère dévouée.
Inès Armand fut une des organisatrices de la Conférence internationale des femmes socialistes de 1915 en Suisse, qui s’opposa à la Première Guerre mondiale. Membre de l’exécutif du Soviet de Moscou, elle occupa aussi la présidence du Jenotdel jusqu’en 1920. Cette même année, elle favorisa également le lancement du journal féministe Kommunistka. Elle défendit la loi en faveur de l’avortement et la diffusion des moyens contraceptifs et elle lutta contre la prostitution. De même, elle permit des avancées en matière de protection sociale des femmes et des enfants ainsi que la participation politique des femmes ouvrières et paysannes.
Après avoir œuvré pendant des années à l’amélioration de l’éducation, Nadejda Kroupskaïa fut commissaire à l’Instruction au début du gouvernement bolchévique. Spécialiste en éducation et en bibliothéconomie, son combat se centra sur l’élimination de l’analphabétisme, sur l’organisation d’un nouveau système éducatif et sur la rédaction d’une nouvelle loi sur les bibliothèques russes. En 1900, elle publia le livre La femme travailleuse, recueil de ses conclusions sur les conditions des femmes russes travaillant dans les campagnes et dans les usines.
Au cours de ces années, de nombreuses femmes du peuple payèrent de leur vie ce combat pour l’égalité.
Au cours de ces années, de nombreuses femmes du peuple payèrent de leur vie ce combat pour l’égalité. En 1921, par exemple, les autorités soviétiques du Turkménistan augmentèrent l’âge du mariage de 16 à 18 ans tant pour les hommes que pour les femmes. De même, elles interdirent les mariages d’enfants, les mariages forcés et la polygamie. Toutefois, au niveau local, les traditions religieuses et culturelles généraient souvent une forte opposition à ces campagnes. Rien qu’en 1929, environ 300 déléguées du Jenotdel furent assassinées dans la région d’Asie centrale.
L’héritage de ces femmes repose dans leurs écrits et leur militantisme, dans leur manière de mener la politique et dans leur combat pour que la cause des femmes ne soit pas reléguée au second plan, à une « contradiction secondaire ». Des révolutionnaires telles que Kollontaï se sont non seulement demandé si les changements politiques et économiques bénéficiaient à la classe ouvrière, mais également de quelle manière ces derniers répondaient aux besoins des femmes et, étant à la fois travailleuses et femmes, quel devait être leur rôle dans la nouvelle république.
Par ailleurs, plusieurs femmes se firent les émules des réalisations et des difficultés qui se présentèrent dans ce contexte révolutionnaire. Elles menèrent des actions bien utiles de solidarité dans leurs pays. Tels sont les cas de Rosa Luxembourg et de Clara Zetkin en Allemagne, ou de Sylvia Pankhurst en Angleterre.
Pankhurst, admiratrice des idées de Kollontaï, jouissait d’une moindre notoriété, y compris au sein de la tradition du féminisme socialiste. Grâce à son travail journalistique et à sa participation à des campagnes de solidarité telles que l’initiative Hands off Russia !, elle joua aux côtés de son organisation, la Fédération socialiste des travailleurs, un rôle de premier plan dans la diffusion et la défense de la Révolution russe en Grande-Bretagne. Dans cette campagne, elle enjoignait la classe ouvrière à appuyer le nouveau gouvernement bolchévique et à dénoncer la guerre impérialiste lancée par les puissances occidentales contre la Russie soviétique. À ce titre, une action fut emblématique : celle des dockers anglais, qui refusèrent de procéder au chargement du bateau Jolly George en armes destinées aux contre-révolutionnaires blancs. Pankhurst était bien placée pour connaître la manière dont les initiatives du nouveau gouvernement soviétique se prenaient, particulièrement celles qui transformèrent et améliorèrent notablement la vie des femmes sur le plan légal, économique, social et culturel. Elle avait participé aux premiers débats du Komintern, en entretenant à plusieurs reprises des polémiques avec Lénine.
Tout au long du XXe siècle, la tradition du féminisme socialiste et marxiste fut jalonnée de nombreuses discussions quant à l’étendue des changements réels possibles — une véritable égalité — capables d’améliorer la vie des femmes au cours de cette période, et quant à la possibilité que ces nouvelles conditions sociales permettent l’émergence de cette « femme nouvelle » et de cet « homme nouveau » théorisés par Kollontaï. Indubitablement, les transformations postérieures à la révolution d’Octobre ont joué un rôle majeur en termes de mutation radicale du statut des femmes dans la Russie tsariste.
Après le processus de restauration capitaliste, le recul des droits sociaux et la montée en puissance de l’institution religieuse, une analyse de la situation actuelle des femmes dans l’ex-URSS reste de mise.
Retombées des progrès obtenus lors de la révolution d’Octobre sur les droits des femmes dans d’autres pays
Comme nous l’avons expliqué, les réformes mises en œuvre par le gouvernement des soviets dès 1917 présupposèrent une transformation radicale de la vie des femmes. Au cours des décennies suivantes, les mesures adoptées en matière de législation, d’éducation, de santé ou de culture pour parvenir à l’égalité hommes-femmes évoluèrent de différentes manières. Les anciens pays de l’Est appliquèrent divers modèles de socialisme. De même, les politiques visant à l’égalité de la femme revêtirent différentes formes selon les endroits, à un rythme et avec une importance spécifique propre à chaque pays. Il faudrait mener un travail exhaustif — bien nécessaire —, de même qu’une analyse solide et comparative entre tous les pays où des expériences non capitalistes ont été testées. Notons qu’il est assez hasardeux de dire qu’il faut approfondir cela à partir de pays capitalistes et de leurs universités. De fait, il est difficile de faire accepter les données pouvant être recueillies dans les pays concernés. À mon avis, les multiples réalisations qui y ont été enregistrées sont délibérément occultées… Il semble que la guerre froide ne soit pas finie…
Mis à part l’URSS en tant que telle, nous disposons de quelques exemples intéressants qui illustrent comment les politiques d’égalité mises en place par le socialisme ont transformé la situation des femmes. L’étude de la manière dont ces politiques ont été mises en œuvre en République démocratique allemande (RDA) revêt à nos yeux un intérêt tout particulier.
La plupart des analyses coïncident pour affirmer que la RDA avait atteint des niveaux d’égalité et des droits pour les femmes bien plus qu’acceptables, d’ailleurs en partie annulés après la réunification allemande de 19892. En outre, la comparaison des indicateurs de cette dernière avec ceux de la RFA est très éloquente.
L’article 20 de la Constitution de la RDA de 1949 stipulait que « les hommes et les femmes sont égaux et jouissent des mêmes droits dans tous les domaines de la société ».3 Cela impliqua un changement profond dans une Allemagne qui avait connu une société conservatrice et un gouvernement nazi reléguant les femmes à un statut traditionnel et les excluant de la sphère publique. En l’occurrence, cette société reposait sur les trois K, Kirche, Kinder und Küche (église, enfant et cuisine).
Quant à la participation des femmes dans le monde du travail, il convient de souligner qu’en RDA, le taux d’emplois protégés par des droits atteignit des niveaux difficiles à égaler à cette même époque dans la plupart des pays capitalistes. En 1985, les femmes représentaient 49 % de la population active de la RDA, un pourcentage figurant cette année-là parmi les plus élevés au monde. En fait, dans les pays socialistes, c’était commun : en Union soviétique, dès les années 70, il représentait 51 %. (En 2000, dans l’Union européenne, le taux d’occupation des femmes correspondait à 43,5 % et en 2011, aux États-Unis il se chiffrait à 46,6 %). Par ailleurs, en 1984, 80 % des femmes en âge de travailler étaient actives.
L’égalité salariale n’apparaissait pas seulement dans la Constitution. C’était une réalité. Néanmoins, la présence des femmes était moins marquée dans les secteurs et dans les fonctions les mieux rémunérées (la ségrégation verticale et le plafond de verre existaient également).
Quant à la formation, en 1985, les femmes représentaient la moitié des élèves des 54 universités de la RDA. Leur accès aux plus hautes sphères de l’enseignement et leur intégration sur le marché du travail en bénéficiant de droits leur conférèrent une véritable autonomie. D’un point de vue économique, elles étaient autosuffisantes et bénéficiaient de services publics universels et gratuits : santé, éducation, logement, pension, culture…
Pour ce qui concerne la structure familiale, la plupart des couples comptaient un ou deux enfants. En outre, un pourcentage élevé de couples non mariés formait un noyau familial. L’accès à la contraception et à l’IVG était libre et pris en charge par le système de santé publique (dès 1972, malgré la campagne d’opposition menée par l’Église catholique, l’avortement était légal et libre au cours des douze premières semaines !). L’accès à ce droit alimenta un « tourisme » de la RFA vers la RDA. De même, le divorce relevait d’une simple procédure sur demande de l’une des parties. L’homosexualité, quant à elle, fut dépénalisée en 1957, puis totalement légalisée en 1967. En général, les comportements vis-à-vis de la sexualité étaient marqués par une certaine ouverture. Le nudisme se pratiquait d’ailleurs en toute normalité. Malgré sa présence essentiellement aux abords des endroits touristiques (hôtels, etc.), la prostitution était frappée d’interdiction. Dans la loi, l’homme et la femme étaient égaux dans le mariage, avec la possibilité d’utiliser le nom de famille de l’un ou l’autre des époux.
Aucune discrimination ne frappait les mères célibataires, qui recevaient des aides conséquentes, avec un accès préférentiel aux services de garderies. Le licenciement des femmes enceintes était interdit et, en cas de danger pour la santé de la mère, elles avaient le droit de changer de fonction sans perte de salaire. Elles bénéficiaient de 26 semaines de congé de maternité rémunéré, prorogeable en percevant progressivement entre 65 % et 90 % de leur salaire et cela, tout en conservant leur emploi. Les congés pour la garde d’enfants atteignaient 13 semaines par année.
Pour l’ensemble de la population, et tout particulièrement pour les femmes, la perte de tous ces droits suivant la réunification signifia un énorme recul. La presse occidentale, elle-même, notamment El País en 1990, le relatait : « […] De nombreuses femmes éprouvent des craintes à l’égard des lois de la RFA ainsi que face au chômage et au démantèlement des services sociaux dont les mères ont jusqu’à présent bénéficié. En RDA, les mères au travail jouissent d’une garantie de places dans une crèche, de salaire et de préservation de leur emploi. »4
Créée en 1947, la DFD, Demokratischer Frauenbund Deutschlands (Association des femmes démocratiques d’Allemagne), joua un rôle majeur dans l’acquisition de ces droits. Ce fut un puissant instrument de lutte pour les droits de la femme. En 1985, elle comptait 1 500 000 femmes au sein de 17 904 organisations locales. Au fil des ans, les femmes renforcèrent leur présence au sein des syndicats. Et dès les années 80, elles se focalisèrent essentiellement sur les droits dans la loi des travailleuses. En 1986, lors des dernières élections en RDA, elles obtinrent 54 sièges au sein de la Chambre du peuple. (Cette instance suprême du pouvoir de l’État était composée de 500 représentants élus directement pour un mandat de cinq ans lors d’élections libres, universelles, sur un pied d’égalité et dans le secret. En 1981, 162 femmes, à savoir 32,4 %, y siégeaient.)
Finalement, nous tenons à souligner le rôle de la Révolution cubaine qui, depuis 1959, a progressivement amélioré sa législation en matière d’égalité hommes-femmes. Les progrès engrangés par un pays socialiste soumis au blocus illustrent à quel point les autres pays de l’Amérique latine et des Caraïbes — et ailleurs dans le monde — ont été incapables de garantir un minimum de sécurité et de droits aux femmes. Dès le départ, Cuba misa sur l’égalité de droits entre les femmes et les hommes, en instaurant les conditions pour la participation de ces dernières dans la politique, au travail, dans l’éducation et dans la culture. Présentes à tous les niveaux de l’enseignement et des emplois, les femmes cubaines jouissent de droits garantissant l’autonomie refusée à des millions de femmes dans le monde entier : droit au divorce, à la contraception et à l’IVG (libre et gratuite) inclus dans des soins de santé universels. Créée en 1960, la Fédération des femmes cubaines (FMC ou Federación de Mujeres Cubanas) a contribué à la consolidation, entre autres, des droits sexuels et reproductifs des femmes.
Un système qui repose sur l’inégalité et l’exploitation créera difficilement des conditions d’égalité entre les femmes et les hommes.
Il en ressort que tous les contextes historiques ou systèmes économiques et politiques ne débouchent pas sur une amélioration de la vie des femmes. Un système qui repose sur l’inégalité, l’exploitation et l’inverse de la solidarité créera difficilement des conditions d’égalité entre les femmes et les hommes. À l’heure actuelle, nous assistons à une symbiose entre deux systèmes qui s’alimentent mutuellement : le capitalisme dans sa phase actuelle, et le patriarcat, un système d’oppression universelle, systématique et capable de s’adapter à des sociétés et à des systèmes économiques différents. Cent ans plus tard, l’heure est venue pour nous de définir la nouvelle révolution qui pourra articuler une juste redistribution de la richesse à la nécessaire égalité entre les femmes et les hommes.
Sources bibliographiques
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- DE MIGUEL, Ana, Alejandra Kollontai, Madrid, Del Orto, 2001.
- ELWOOD, Ralph C., Inessa Armand. Revolutionary and Feminist, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.
- ENGELS, Friedrich, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Paris, Éditions sociales, nouvelle édition revue et corrigée, 1972.
- KOLLONTAI, Alexandra, Communism and the Family, London, Pluto Press, 1971.
- KOLLONTAI, Alexandra, La mujer nueva y la revolución sexual, Madrid, Ayuso, 1977.
- KOLLONTAI, Alexandra, Marxisme et révolution sexuelle, Paris, La Découverte, 2001.
- KOLLONTAI, Alexandra, Sobre la liberación de la mujer, Barcelona, Fontamara, 1979.
- KRANZ, Susanne, « Women’s Role in the GDR and the State’s Policy Toward Women », Journal of International Women’s Studies, 2005.
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- PANKHURST, Sylvia, Soviet Russia as I saw it, Londres, Dreadnought Publishers, 1921.
- ROWBOTHAM, Sheila, Hidden from History : 300 years of Women’s Oppression and the Fight against it, Londres, Pluto Press, 1973.
- ZETKIN, Clara, La cuestión femenina y la lucha contra el reformismo, Barcelone, Anagrama, 1976.
- ZETKIN, Clara, Reminiscences of Lenin, 1924.
- A Country Study : Germany, East, Federal Research Division, USA, 1988
- Ouvrages de Kollontaï, Armand et Kroupskaïa, sur www.marxists.org
Footnotes
- Traduction libre.
- De nombreuses sources sont à l’origine des données que nous apportons : « Política Social en la RDA », Zeit im Bild, Berlin, RDA, 1985 ; « La vida en la RDA : preguntas y respuestas », Panorama DDR, 1981 ; A C Germany, East, Federal Research Division, EEUU, 1988 ; Women’s Role in the GDR and the State’s Policy Toward Women et Central and Eastern European Review, Susanne Kranz, 2005 et 2010.
- Traduction libre.
- Traduction libre.