La formation de l’alliance militaire AUKUS, récemment annoncée, représente une grave escalade de la nouvelle guerre froide et constitue une menace non seulement pour la Chine, mais aussi pour toute la région.
Le nouveau pacte militaire AUKUS entre l’Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne, annoncé la semaine dernière, constitue une grave escalade de la nouvelle guerre froide contre la Chine et de la militarisation de la région Asie-Pacifique. La vente de sous-marins et de technologies nucléaires par les États-Unis et le Royaume-Uni à l’Australie est un acte de prolifération nucléaire qui met en péril ce qui reste du système international de contrôle des armements. L’annonce soudaine d’une coalition militaire entièrement nouvelle représente une profonde perturbation de l’ordre mondial existant, avec la perspective d’une reconfiguration encore plus dangereuse des relations internationales.
Alors que le retrait des États-Unis d’Afghanistan a suscité des interrogations chez leurs alliés et partenaires quant à la fiabilité et à la crédibilité de leur engagement en faveur de leur défense, le président Biden revient avec une nouvelle affirmation de puissance dans le Pacifique.
- 1 Renforcer la menace nucléaire
- 2 Opposition dans le Pacifique
- 3 L’escalade de la course aux technologies de l’armement
- 4 Déstabiliser la région Asie-Pacifique ; réchauffer la guerre froide au niveau mondial
- 5 Des dissensions entre les alliés occidentaux
- 6 Péril pour la lutte contre le changement climatique et la pauvreté dans le monde
- 7 La soi-disant « menace chinoise »
- 8 Les États-Unis ont-ils fait un mauvais calcul ?
Renforcer la menace nucléaire
L’approche incroyablement irresponsable de la nouvelle troïka – Biden, Johnson et Morrison – à l’égard du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) montre bien que cette nouvelle alliance implique une réorganisation significative du monde : en exploitant une « faille » dans le traité pour assouvir sa volonté de prolifération nucléaire, elle pourrait bien ouvrir la voie à d’autres.
L’AUKUS, nous dit-on, est une nécessité pour défendre le monde libre et l’« ordre international fondé sur des règles ». Mais que font réellement les États-Unis et le Royaume-Uni ? Ils se jouent du droit international, alors qu’ils s’étaient engagés quelques semaines auparavant à défendre l’ordre fondé sur des règles lors des sommets du G7 et de l’OTAN, dans la foulée de l’augmentation illégale par le Royaume-Uni de son plafond d’armes nucléaires. Tout ceci porte donc un coup considérable au système international de contrôle des armements développé pour limiter la précédente course aux armements nucléaires entre les États-Unis et l’URSS.
La nouvelle troïka est manifestement prête à démolir tous les accords internationaux qui se dressent sur son chemin – tout comme Trump – dans son obsession de contenir la Chine.
L’accord fait entrer l’Australie dans le petit club des six États (qui rassemblait déjà les cinq États reconnus comme détenteurs d’armes nucléaires) possédant des sous-marins à propulsion nucléaire. Ces sous-marins sont conçus de manière à pouvoir transporter des armes nucléaires, qui peuvent constituer une capacité de seconde frappe, en cas d’attaque. Même si les membres de l’alliance AUKUS affirment le contraire, et insistent sur le fait que l’Australie ne sera pas réellement dotée de l’arme nucléaire, pourquoi la Chine devrait-elle les croire ?
L’étroite coopération en matière de technologies sous-marines prévue par le pacte vise à saper les défenses sous-marines de la Chine. Les capacités des missiles chinois étant également limitées par le système de défense antimissile à haute altitude THAAD, cela modifierait considérablement l’équilibre des forces régionales en faveur de la prépondérance militaire des États-Unis.
La Chine maintient ses capacités nucléaires à un niveau minimal, et garde pour principe de ne pas recourir en premier à des armes nucléaires dans le cas d’une confrontation avec les États-Unis, par exemple concernant Taïwan. Toutefois, le gouvernement chinois a clairement indiqué que ce niveau minimal changerait à mesure que la situation du pays en termes de sécurité évoluerait. L’AUKUS joue donc avec le feu, au risque d’attiser une nouvelle course aux armements nucléaires qui se concentrera cette fois sur l’Asie. Une telle nucléarisation rendrait l’Asie du Sud-Est et du Nord-Est, y compris la Corée, encore plus dangereuse qu’elle ne l’est déjà.
Dans le même temps, si la Chine juge nécessaire de répondre à cette hostilité accrue, cela pourrait avoir des répercussions sur l’Inde, qui se perçoit comme désavantagée par rapport aux capacités militaires de son voisin. Le nouveau pacte risque donc d’exacerber les tensions entre les États dotés de l’arme nucléaire situés autour de l’Afghanistan, une région déjà gravement déstabilisée par les 20 ans de guerre menée par les États-Unis et l’OTAN, ainsi que par le retrait chaotique des forces américaines.
L’AUKUS ne menace pas seulement la Chine mais aussi la Russie de l’Est. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a clairement indiqué qu’il percevait ce nouveau développement comme une menace. Par conséquent, les tensions dans la péninsule coréenne sont exacerbées, et la reprise éventuelle des pourparlers à six est enrayée. La Corée du Nord et la Corée du Sud se sont assez ouvertement lancées dans une course aux armements, à contre-courant des récentes tentatives de reprise du dialogue et de réconciliation.
Opposition dans le Pacifique
Le pacte ignore complètement les aspirations des peuples et des pays de la région à se dénucléariser. Le traité de Bangkok, qui fait de l’Asie du Sud-Est une zone dénucléarisée, a été conclu en 1997, mais aucun des États dotés d’armes nucléaires ne l’a signé. Le Pacifique – Palau, les îles Marshall, entre autres – a longtemps été utilisé comme un terrain d’essai nucléaire par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Les peuples autochtones, notamment les Premières nations/peuples aborigènes en Australie, en ont été les principales victimes. La création d’une zone dénucléarisée dans le Pacifique, proposée en 1985, est donc soutenue par la majorité des nations insulaires du Pacifique Sud, ainsi que par le mouvement écologiste, les mouvements indigènes et indépendantistes (notamment à Okinawa, Hawaï, Guam, en Nouvelle-Calédonie/Kanaky et ainsi de suite) et les mouvements féministes.
Les nations insulaires du Pacifique, telles que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Vanuatu et le Timor-Oriental, qui cherchent à préserver leur indépendance et ne souhaitent pas être entraînées dans des confrontations ou être contraintes de prendre parti, ne se réjouiront donc pas du nouveau pacte. On notera également l’exemple remarquable de la Nouvelle-Zélande – traditionnellement un allié clé des États-Unis et du Royaume-Uni dans le Pacifique – qui maintient sa ligne antinucléaire forte et de longue date. La Nouvelle-Zélande a déjà déclaré que les sous-marins à propulsion nucléaire australiens ne seraient pas accueillis dans ses ports ou ses eaux, ce qui constitue un coup dur pour l’accord anglophone « Five Eyes ».
L’escalade de la course aux technologies de l’armement
Le pacte couvre également les cybertechnologies, l’IA et l’informatique quantique, qui sont toutes détournées à des fins de militarisation. L’accord sur les sous-marins implique de grosses sommes d’argent ; le contrat avec la France, aujourd’hui avorté, avait été estimé à environ 50 milliards de livres sterling (il n’est donc pas étonnant que l’Élysée soit exaspéré). Cet accord entraîne en effet bien d’autres implications ; il constitue une véritable aubaine pour les entreprises d’armement. Lockheed Martin, Raytheon, etc. ont colonisé l’économie australienne et BAE Systems y possède également une filiale. En outre, l’actuel groupe d’attaque aéronaval « Queen Elizabeth » de la Royal Navy sillonne la mer de Chine orientale et méridionale pour exhiber ses technologies de pointe. Parallèlement, les fabricants d’armes britanniques enregistrent des ventes au Japon, en Corée du Sud et en Asie du Sud-Est. Avec les entreprises américaines, ils ont pour objectif de modifier les fondements de l’économie régionale, en la reconstituant autour de la production d’armes, et en l’intégrant globalement dans le complexe militaro-industriel américano-britannique.
En Grande-Bretagne, Boris Johnson a préféré se ranger du côté des États-Unis, même si cela met en péril les relations économiques entre le Royaume-Uni et la Chine. Il a ainsi fait le choix de privilégier les armes par rapport à tous les autres secteurs économiques. L’accord est vendu aux syndicats et au grand public comme une opportunité en termes de création d’emplois, au profit de BAE Systems dans le Nord-Ouest et de Rolls Royce dans les Midlands. Il contribuerait, soi-disant, à rééquilibrer le nord et le sud, sans toutefois aborder le Green New Deal, le développement des énergies renouvelables, etc. Cependant, comme le souligne Stuart Parkinson, de l’organisation Scientists for Global Responsibility, sur le plan strictement financier, des investissements dans les industries vertes créeraient plus d’emplois que des investissements dans la production militaire. L’avenir de l’économie britannique semble dépendre de plus en plus du succès de son secteur de l’armement. Cependant, l’opposition populaire aux ventes d’armes prend de l’ampleur. Des mouvements s’organisent par exemple contre la vente d’armes à Israël et à l’Arabie saoudite. Désormais, les militants devraient également diriger leur campagne contre l’AUKUS.
Déstabiliser la région Asie-Pacifique ; réchauffer la guerre froide au niveau mondial
Le pacte marque en outre un changement majeur dans l’organisation de la sécurité de la région : les États-Unis se détachent du modèle de réseau en étoile, composé d’alliances bilatérales (avec le Japon et la Corée du Sud) et d’autres partenariats militaires. Ils vont désormais opérer par le biais de l’AUKUS pour exercer une pression accrue sur la région. L’escalade militaire envoie également un signal destiné à encourager, d’une part, les militaristes au sein des élites japonaises, et d’autre part, l’opposition de droite qui cherche à évincer Moon, plus pacifique, lors de l’élection présidentielle sud-coréenne qui se tiendra l’année prochaine. Le chef du parti de droite sud-coréen a déjà relancé l’idée que Séoul devrait envisager une nucléarisation.
L’AUKUS a également des ramifications pour le Quad (États-Unis, Australie, Japon, Inde), et sans doute pour l’OTAN, qui subit des pressions croissantes pour s’aligner sur la stratégie anti-Chine des États-Unis. La position de principe de la Nouvelle-Zélande est, comme on l’a noté, un coup dur pour les Five Eyes, une autre alliance de sécurité clé dirigée par les États-Unis. Cependant, on parle déjà de l’AUKUS comme d’un « Three Eyes », peut-être plus flexible et plus facile à gérer. Et, au Canada, certains s’activent déjà pour monter à bord.
Tout ceci ne peut qu’augmenter la possibilité de réchauffement de la guerre froide. Le premier ministre australien a déjà parlé de « se préparer à envoyer des combattants à l’étranger » en cas de conflit impliquant Taïwan. Au Royaume-Uni, un récent rapport de la Chambre des Lords sur la Chine indique qu’un conflit autour de Taïwan porterait atteinte aux intérêts britanniques. À la Chambre des communes, Theresa May a évoqué la possibilité que la Grande-Bretagne soit entraînée dans une guerre concernant Taïwan. Les propos de Mme May, qui a directement précédé Boris Johnson au poste de Premier ministre, montre à quel point les divisions sont profondes au sein du parti conservateur.
Des dissensions entre les alliés occidentaux
L’impact sur l’OTAN, et plus particulièrement le différend avec la France, est sérieux, au lendemain du retrait des États-Unis d’Afghanistan, qui a laissé leurs alliés de l’OTAN dans l’embarras. La France est perdante : son propre contrat avec l’Australie pour la construction de sous-marins à moteur diesel, estimé à 50 milliards de livres Sterling, a été abandonné sans avertissement. Mais ce n’est pas qu’une question d’argent : ce qui rend l’affront d’autant plus grand, c’est que la France se considère comme une puissance du Pacifique, qu’elle voit toujours la Nouvelle-Calédonie comme une colonie et qu’elle a participé, avec les autres membres du G7 et les alliés de l’OTAN, à l’adoption de la nouvelle « inclinaison indo-pacifique », afin de « faire respecter l’ordre international fondé sur des règles ». La France se trouve maintenant exclue – on pourrait dire qu’elle s’est complètement ridiculisée –, sa propre stratégie étant sapée « à un moment où nous sommes confrontés à des défis sans précédent dans la région ».
Où en est l’OTAN aujourd’hui, avec cette cassure entre les États-Unis et la France qui, avec le Royaume-Uni, fournit à l’organisation le soutien d’armes nucléaires en Europe ? Trump n’hésitait pas à faire de grossières allusions quant à la pertinence de l’OTAN pour les États-Unis. Il se peut maintenant que l’AUKUS devienne l’organisation préférée des États-Unis. Celle-ci pourrait en effet leur fournir davantage de possibilités de coopération en matière de sécurité, vis-à-vis de la 5G et d’autres technologies, tout en leur offrant une structure plus flexible, qui n’est pas liée à la sécurité collective.
Péril pour la lutte contre le changement climatique et la pauvreté dans le monde
Cette nouvelle alliance comporte également de sérieuses implications pour la lutte contre le changement climatique. C’est la dernière chose dont nous avions besoin, à la veille de la COP 26. La Chine est constamment présentée dans les médias comme le plus grand émetteur de carbone (alors que ses émissions par habitant sont en fait bien inférieures à celles des États-Unis). Cependant, il s’agit d’un pays en développement dont le revenu moyen par habitant représente encore un quart de celui du Royaume-Uni, et dont près de 40 % de la population vit en zone rurale. La Chine est donc très vulnérable au changement climatique, une grande partie de sa population étant concentrée dans les provinces côtières de faible altitude. Elle fait tout son possible pour s’attaquer à ce problème, mais la pression exercée par les États-Unis, qui compriment son commerce et ses investissements, et l’entraînent potentiellement dans une course aux armements, limite les possibilités d’amélioration. Le mouvement climatique doit dénoncer cette situation.
Nous ne pouvons pas non plus négliger l’impact de cette évolution sur la coopération Sud-Sud et le développement économique mondial. À travers l’adoption d’une politique de double circulation, qui accroît sa demande intérieure, l’objectif de la Chine est d’augmenter sa capacité à importer des marchandises issues des pays du Sud, tout en continuant à exporter des machines et des technologies à des prix abordables, afin de contribuer à leur développement. En augmentant les contraintes sur la croissance de la Chine, ces initiatives américaines dignes de la guerre froide pourraient également avoir des répercussions sur le développement de la coopération Sud-Sud.
La soi-disant « menace chinoise »
Comment la Chine va-t-elle réagir ? Le gouvernement chinois évaluera indubitablement l’escalade de la menace de l’AUKUS et agira en conséquence, y compris, comme suggéré précédemment, en élargissant son arsenal nucléaire si nécessaire. La « menace » militaire de la Chine est largement exagérée par les faucons étasuniens, qui affirment que le gouvernement chinois va rapidement accroître son arsenal nucléaire au cours des 20 prochaines années, en faisant construire plus de 100 nouveaux silos à missiles. Si cela devait se faire, cela constituerait un « tournant historique » pour l’arsenal nucléaire chinois. (Les États-Unis possèdent au moins 450 silos.) De son côté, la Chine fait remarquer que les silos sont normalement utilisés pour des missiles intercontinentaux à combustible liquide, qui ont une forte poussée et une longue portée, et seraient capables de porter des têtes nucléaires de plus grande puissance, mais que les missiles intercontinentaux de la Chine – au nombre de 16 environ – sont à combustible solide et chargés sur des véhicules de lancement à haute mobilité. La nécessité de les mettre dans un silo est donc discutable.
Les médias grand public insistent aussi constamment sur le fait que la Chine possède la plus grande marine du monde. Toutefois, ces forces consistent essentiellement en des navires de garde-côtes et de petites corvettes. La Chine ne dispose pratiquement d’aucune capacité océanique, avec seulement deux porte-avions et un troisième en cours de construction. Aucun de ceux-là n’est toutefois à la hauteur des normes de pointe des États-Unis. Ces derniers, quant à eux, disposent de 11 porte-avions et jouissent d’accords d’interopérabilité avec le Royaume-Uni, qui en a construit deux récemment. Par ailleurs, parmi les 56 sous-marins chinois, seuls six sont à propulsion nucléaire et ont une portée dans tout le Pacifique. À titre de comparaison, les États-Unis ont 72 sous-marins, et tous sont à propulsion nucléaire et capables de menacer les côtes chinoises. Le renforcement militaire et l’attitude de plus en plus hostile des États-Unis doivent certainement accroître les inquiétudes de la population chinoise. Dans le même temps, la militarisation de la mer de Chine méridionale préoccupe clairement les plus petits pays d’Asie du Sud-Est. L’objectif de démilitarisation et de dénucléarisation de la zone maritime est vital.
Les États-Unis ont-ils fait un mauvais calcul ?
Que veulent les États-Unis ? L’objectif des États-Unis n’est probablement pas d’entrer intentionnellement en guerre, mais d’utiliser une menace nucléaire et conventionnelle écrasante pour intimider et subordonner la Chine, afin qu’elle abandonne le contrôle souverain de son économie et de ses finances, et qu’elle s’ouvre totalement aux capitaux américains. Les États-Unis exigent que la Chine place ses armes nucléaires dans le cadre des négociations de réduction des armements START avec la Russie. De cette façon, elle serait soumise à un régime de contrôle des armements dominé par les États-Unis. L’intention des États-Unis est également d’intimider la Russie pour qu’elle rompe son partenariat avec la Chine, afin d’assurer leur propre portée hégémonique.
Avec l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine au cours des deux dernières années, le risque est que l’un ou l’autre des deux pays dépasse les bornes. La Chine s’est demandé si elle n’en avait pas « fait trop » en s’affirmant davantage dans la défense de ses droits : le gouvernement doit-il lever le pied ou continuer à tenir tête aux États-Unis, en rendant « coup pour coup » ? Mais on pourrait se demander si, en réalité, les États-Unis n’auraient pas été poussés à commettre une erreur.
En agissant dans la hâte, pour affirmer que « l’Amérique est de retour » et contrer la perception du déclin des États-Unis, Joe Biden a aggravé les dissensions entre les Five Eyes et au sein de l’OTAN. Par conséquent, les appels au développement d’une stratégie de sécurité indépendante se multiplient en Europe. Et l’Australie souhaite-t-elle vraiment devenir une cible pour les missiles chinois ? Jusqu’où le Royaume-Uni ira-t-il dans la mise en péril ses relations économiques avec la Chine, qui est aujourd’hui son premier partenaire commercial en termes d’échanges de marchandises ? La récente demande d’adhésion de la Chine à l’accord de libre-échange PTPGP (Accord de partenariat transpacifique global et progressiste), qui suit de près l’annonce de l’AUKUS, met encore plus en évidence les deux approches contrastées : l’approche militaire des puissances occidentales et l’approche commerciale et économique de la Chine.
Il ne s’agit en aucun cas d’un feu de paille : les répercussions de ce dernier revirement dans le leadership mondial des États-Unis se feront sentir dans les mois et les années à venir. Les États-Unis poursuivent avec acharnement leur quête de domination mondiale par la puissance militaire, sans tirer aucune leçon de leurs échecs militaires. En fermant les yeux sur le chaos qu’ils ont créé en Afghanistan, ils ont choqué le monde entier et ont peut-être même réveillé un acteur influent sur la scène mondiale : le mouvement international pour la paix – le « nous, les peuples » de la Charte des Nations unies – qui doit servir de fondation à un ordre mondial pacifique.