Interview

La différence entre la ville attrayante et agréable

Depuis des décennies, les politiques de la ville se soumettent aux intérêts des investisseurs privés au détriment des habitants et de leurs besoins. Mais des solutions existent pour une ville démocratique et accessible à tous.

S’opposer à la gentrification , ce n’est pas plaider pour laisser les quartiers populaires à l’abandon , c’est construire une politique urbaine qui répond aux besoins des habitants. Qui produit la ville et pour quel public ? Comment comprendre et lutter contre des politiques déconnectées des besoins de la population? Quelles alternatives proposer? C’est à ces questions que veulent répondre les défenseurs du «droit à la ville». Pour comprendre l’utilité pratique de ce concept né il y a un peu plus de cinquante ans, nous avons organisé une discussion entre Ben Van Duppen, échevin PTB à Borgerhout, un district de la Ville d’Anvers, et Mathieu Van Criekingen, géographe à l’Université Libre de Bruxelles et spécialiste des questions urbaines.

Ben, c’est en discutant avec toi qu’est venue l’idée de mener cet entretien croisé. Peux-tu nous expliquer pourquoi c’est important ?

Van Duppen. J’assiste à de nombreuses transformations dans mon district de Borgerhout. Par exemple, le prix des logements augmente bien plus vite que les revenus des habitants. Des services publics essentiels disparaissent comme les crèches, les guichets publics, les banques, les maisons de repos. Si l’on élargit à l’ensemble d’Anvers, on voit que les autorités communales détruisent des logements sociaux tout en laissant quelques milliardaires s’emparer de quartiers entiers ou construire des tours hors normes.

Qu’est-ce que ça veut dire de gagner du pouvoir d’achat à l’usine si le loyer a augmenté de 50% pendant ce temps-là ?

À notre niveau, on essaie de lutter contre ces mesures. Borgerhout, c’est un district de la ville d’Anvers. Cela veut dire que dans la majorité PTB-Groen-Vooruit dont je fais partie, on a des compétences limitées: petite enfance et bien-être des personnes âgées, gestion de l’espace public, une partie des travaux publics et la culture. Par contre, les politiques sociales, d’urbanisme, de logement, sont décidées au niveau de la Ville d’Anvers, qui est dirigée par Bart De Wever, au sein d’une majorité N-VA-Vooruit.

Mais ce que je vois à Anvers existe dans d’autres villes, par exemple à Charleroi ou Bruxelles. Donc, je suis content de discuter avec Mathieu Van Criekingen du cadre politique et idéologique qui guide ces mesures et de réfléchir à la manière de lutter contre elles. Comment faire une politique de la ville qui réponde aux besoins des gens ?

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