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La classe travailleuse a besoin d’un parti

Sébastien Gillard

—15 décembre 2022

En France, la gauche n’a empêché ni le duel entre Macron et Le Pen lors de la présidentielle, ni le score historique de l’extrême droite aux législatives… Alors, que faire pour inverser la tendance ?

Le dimanche 23 octobre 2022, Emmanuel Macron, président de la République française, a rencontré la nouvelle Première ministre fasciste italienne Giorgia Meloni. Ce tête-à-tête entre la dirigeante d’extrême droite et le libéral proeuropéen », comme le décrit le journal Le Monde1, a eu  lieu dans un hôtel à Rome avant que le président français participe à une conférence sur la paix de la communauté de Sant’Egidio.

Emmanuel Macron a réussi l’exploit de se faire réélire en France alors que les Français rejetaient clairement le projet néolibéral dont il s’était érigé en prophète. En unissant les classes bourgeoises « de gauche et de droite », il a approfondi les conflits de classe, ce qui a entraîné de nombreux mouvements sociaux (Gilets jaunes ou mouvement contre la réforme des retraites2). En focalisant le débat sur des questions identitaires, l’ancien banquier de Rothschild a forcé son accès au second tour face à Marine Le Pen du Rassemblement National (ex Front National). Il a ensuite été réélu sur fond de « front républicain », fissuré dans le débat public à l’instar de son Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin trouvant que Marine Le Pen « était un peu molle », mais écartant toujours la fille de Jean-Marie Le Pen de l’accès à la présidence.

Macron a réussi l’exploit de se faire réélire président alors que les Français rejetaient le projet néolibéral dont il s’était érigé en prophète.

En Italie, la coalition d’extrême droite a remporté les élections législatives du 25 septembre, elle compte sur la majorité absolue à la Chambre comme au Sénat avec 43 % des voix. Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni désignée depuis Première ministre du nouveau gouvernement italien, récolte 26 % des voix. Longtemps gouvernée par des technocrates proeuropéens et néolibéraux dans la droite ligne d’un Emmanuel Macron, l’Italie est désormais dirigée par le gouvernement le plus à droite depuis 1946. Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et prédécesseur de Meloni au poste de Premier ministre, prônait, comme le président français, le dépassement du clivage gauche-droite pour maintenir le consensus néolibéral et le respect des traités européens.

Son tour de force allait encore plus loin puisqu’il a réussi à maintenir « le bloc bourgeois italien » au pouvoir en rassemblant une large coalition de partis regroupant même les partis d’extrême droite (la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi) qui critiquaient auparavant la gestion technocratique du pays3. Ces deux partis, aujourd’hui présents au sein de la coalition d’extrême droite menée par Giorgia Meloni, démontrent que le néolibéralisme peut se réinventer dans une forme nationale-autoritaire et que les Le Pen / Meloni et Macron / Draghi ne sont que les deux faces de la même pièce.

L’Italie et la France, ces deux pays qui ont connu les plus grands partis communistes de l’Europe de l’Ouest4, semblent aujourd’hui englués dans un néolibéralisme de plus en plus raciste et autoritaire.

Si la droite (extrême) domine, les idées de gauche ne sont pas marginalisées pour autant …

Si la droite, ou l’extrême droite, dirige les gouvernements, ses idées ne percolent pas pour autant dans la société. Comme l’a montré Rémi Lefebvre5, les mesures de justice sociale et de taxation des plus riches sont largement soutenues : 90 % des Français jugent les inégalités trop importantes et veulent augmenter le smic (salaire minimum) et les retraites; 61 % soutiennent une imposition importante des plus riches. Cette revendication d’une taxation des plus fortunés fut d’ailleurs portée parmi les revendications principales du mouvement des Gilets jaunes. Selon Lefebvre, politiste et professeur à l’Université de Lille, les causes de l’affaiblissement de la gauche sont davantage à chercher du côté des partis politiques plutôt que du côté de la population : « Si la droitisation de l’agenda politique est évidente, celle de ‘l’opinion’ ou de la société est plus discutable. »

Il met également en avant la nécessité pour la gauche de ne pas se limiter à un discours d’opposition et à la critique du capitalisme. Prise en tenaille dans le débat public entre la droite néolibérale et l’extrême droite, la gauche doit renouer avec Gramsci et imposer les termes du débat politique si elle veut déterminer l’agenda politique et redevenir hégémonique.

Jean-Luc Mélenchon, qui s’inspire des travaux des théoriciens du populisme de gauche, Chantal Mouffe et Ernesto Laclau, a essayé à deux reprises, par la voie de l’élection présidentielle, de reconstruire une hégémonie de gauche et d’imposer son agenda politique. Les résultats du candidat Insoumis aux élections de 2017 et 2022 sont les plus élevés de la cinquième République pour un candidat situé à gauche du PS. De plus, la France Insoumise est passée de 17 à 75 députés entre 2017 et 2022. Ces résultats sont plus que respectables au vu des dégâts produits par François Hollande et le Parti socialiste ; mais nous sommes obligés de constater que cette stratégie politique éminemment électoraliste n’a pas porté ses fruits.

Comme le rappelle Razmig Keucheyan dans un article consacré à Antonio Gramsci6, une lecture un peu pressée de l’œuvre du communiste italien consiste à concevoir le concept d’hégémonie culturelle comme le fait de remporter la bataille des idées … Ces dernières « détermineraient la politique en dernière instance » plutôt que les rapports sociaux et la confrontation des intérêts divergents.

En 2011, Terra Nova, think thank proche du Parti socialiste français, publie un rapport théorisant l’abandon des classes populaires.

Cette lecture de Gramsci est d’autant plus appréciée par les populistes de gauche en général, et par la France Insoumise en particulier, qu’elle s’accompagne parfaitement d’une société de la communication exacerbée. Pourtant, l’hégémonie culturelle ne concerne pas le talent des portes-paroles et des intellectuels à convaincre leurs adversaires politiques mais plutôt « la capacité d’un parti à forger et à diriger un bloc social élargi en éveillant la conscience de classe. »

Préférant l’organisation d’un « mouvement gazeux » à la construction et l’implantation d’un parti politique, la France Insoumise a aussi acté l’affaiblissement du clivage travail/ capital pour le remplacer par l’opposition peuple/élite. Rémi Lefebvre souligne que « les contours du peuple de Jean-Luc Mélenchon sont très larges et prennent peu en compte ses contradictions internes ».

Le Parti socialiste avait, avant lui, abandonné le discours de classe, au moins depuis le tournant de la rigueur de Mitterand en 1983. En accompagnant la construction européenne, « les élites sociales-démocrates, devenues très proches socialement et politiquement des élites libérales, ont abandonné l’idéal d’égalité réelle ou d’égalisation des conditions au profit de celui d’égalité des chances ou de mérite (ajusté à leur habitus de classe)7. »

En 2011, le think thank Terra Nova, fondé par le député socialiste Olivier Ferrand, publie un rapport affirmant que la « classe ouvrière est en déclin » et théorisant l’abandon des classes populaires au profit d’une coalition électorale « plus jeune, plus diverse, plus féminisée »8. Selon ce rapport, dans la France de l’après mai 68, il y aurait un « divorce » entre la classe ouvrière et la gauche politique basé sur une divergence culturelle.

Cette analyse stratégique aura davantage un effet performatif qu’une fonction descriptive. Elle nourrit un élitisme et un mépris de classe chez les sociaux-démocrates qui permettront à Emmanuel Macron de s’y sentir comme un poisson dans l’eau. Rémi Lefebvre voit dans ce rapport une forme de « racisme social » et un « relativisme de la place des classes populaires dans la société alors qu’elles représentent la moitié du corps social9. »

Bien qu’ils aient critiqué cet abandon des classes populaires par les socialistes, les Insoumis ne semblent pas avoir complètement inversé la tendance. Dans une conférence organisée par le média Le Vent se lève, Chantal Mouffe déclare d’ailleurs qu’il faut reconnaître que la France Insoumise a adopté « une stratégie Terra Nova » malgré elle10.

François Ruffin, présent à cette même conférence, alerte d’ailleurs ses camarades sur la nécessité de reconquérir du terrain auprès des travailleurs modestes du Nord de la France dans son dernier livre, intitulé Je vous écris du front de la Somme. Alors que les régions du Nord avaient une forte tradition ouvrière et que les députés provenant de ces circonscriptions étaient principalement socialistes ou communistes, le Front National y a réalisé des scores impressionnants aux dernières élections législatives. Dans la Somme, 8 circonscriptions sur 17 sont remportées par le FN. Dans le Pas-de-Calais, c’est 6 sur 12 et dans la circonscription du Nord, c’est 6 sur 24. Il faut également noter que le vote d’extrême droite se situe davantage en périphérie des villes, aucun député n’a gagné à Lille, Roubaix ou Tourcoing.

François Ruffin dit s’être engagé en politique pour être « l’anti-Terra Nova » et il pose les questions suivantes à la gauche concernant les classes populaires rurales : « Est-ce qu’on en fait une priorité ? Ou vit-on dans le déni ? Ou choisit-on un abandon qui ne dit pas son nom ? ».

Rendre sa fierté à la classe travailleuse

Au fil du livre, le député-reporter relate ses rencontres et ses discussions lors de porte-à-porte effectués pendant la campagne électorale. Il note que la gauche n’est plus vue comme le camp du travail mais plutôt comme celui des assistés. Il pointe les riches comme les véritables profiteurs du système capitaliste tout en appelant la gauche à réinvestir la valeur du travail abandonnée à la droite. Il veut aussi réactiver le clivage travail/capital, à contrario de la stratégie populiste comme nous l’avons évoqué.

Ruffin ne cherche pas à opposer les travailleurs avec ou sans emploi, il insiste plutôt sur l’universalité des droits à construire et sur la nécessité de reconstruire une fierté de classe à l’instar de ce qu’avaient fait les communistes français dans la France d’après-guerre. Il met un point d’honneur à unifier la classe travailleuse, qu’elle vienne des banlieues, des zones industrielles ou de la campagne.

Au-delà de sa vision politique, François Ruffin expose dans son livre la réalité de la classe travailleuse : Bertrand qui fait la nuit dans l’industrie agroalimentaire pour 1 700 euros par mois ou Céline qui travaille comme secrétaire de mairie pour 1 450 euros par mois. Face à l’inflation, le député de la Somme se bat pour l’indexation et des augmentations de salaires.

Ruffin insiste sur la reconstruction d’une fierté de classe à l’instar de ce qu’avaient fait les communistes français dans la France d’après-guerre.

Depuis le 27 septembre 2022, les travailleurs des raffineries de Total et ExxonMobil se sont mis en grève pour réclamer des hausses de salaires de 10 % pour faire face à l’inflation et au vu des bénéfices records du secteur pétrolier. Au troisième trimestre, le bénéfice de Total a augmenté de 43 % pour atteindre un montant de 6,6 milliards de dollars. La multinationale américaine ExxonMobil, quant à elle, bat son précédent record : après un bénéfice de 17,6 milliards  au deuxième trimestre, elle atteint les 19,7 milliards de dollars pour la période allant de juillet à septembre. Plus qu’un combat pour les salaires, les travailleurs se  mobilisent car ils constatent l’injustice de classe qui se cache derrière l’inflation : alors que le pouvoir d’achat se détériore (baisse de 1,8 % et 1,2 % lors des deux derniers trimestres selon l’Insee), les plus fortunés continuent de s’enrichir11.

La raréfaction des carburants dans les pompes à essences du Nord et de l’Île-de-France a prouvé à ceux qui en doutaient encore la puissance de frappe de la classe travailleuse : une station sur trois faisait face à des pénuries d’au moins un type de carburant. Élisabeth Borne, Première ministre française, a décidé de réquisitionner les travailleurs des raffineries afin de limiter les effets de la grève sur l’économie française. Des réquisitions ne pouvant être refusées sous peine de sanctions allant jusqu’à six mois de prison et 10 000 euros d’amende12.

La France Insoumise a publié un communiqué de presse dénonçant ces réquisitions et possibles poursuites judiciaires pour les travailleurs en grève alors que les deux multinationales de l’énergie réalisent des profits inégalés dans l’histoire.

Ce soutien politique aux travailleurs en grève est salutaire. La lutte de la classe travailleuse pour les salaires et les droits démocratiques lors de la pandémie et face à la crise économique devrait convaincre les partis de gauche authentiques de la placer au cœur de ses organisations et de sa stratégie révolutionnaire. « La gauche doit avoir la politique de sa sociologie et la sociologie de sa politique » écrit Rémi Lefebvre.

La gauche ne devrait pas se limiter à représenter la classe travailleuse et ses intérêts en l’exonérant des problèmes auxquels elle fait face, elle devrait au contraire la rendre pleinement actrice du changement.

Le parti comme nécessité pour changer la société

« La rétractation des partis n’est pas pour rien dans le dépérissement de la culture de gauche » écrit encore Rémi Lefebvre. La gauche a besoin d’un parti pour collectiviser les ressources matérielles et militantes, pour lier les luttes, partager les expériences, développer une analyse commune et placer au centre la classe travailleuse pour installer son projet de transformation sociale.

À la France Insoumise, « plus de 60 % des député.e.s appartiennent aux cadres et professions intellectuelles supérieures, 13 % aux professions intermédiaires et seulement 15 % aux employé.e.s et 3 % aux ouvrier.ère.s (il y en a 2)13. » Cette faible représentation peut constituer un plafond de verre électoral d’une part mais il s’agit aussi et surtout d’un débat portant sur la stratégie révolutionnaire.

Manuel Cervera-Marzal a étudié la France Insoumise et le « populisme de gauche » qu’elle incarne14. La forme de « mouvement » est préférée à celle de parti et vantée comme plus ouverte et plus réactive. L’auteur pointe également une forme d’« anarcho-césarisme » pour décrire la grande liberté laissée aux groupes d’action, miroir de la liberté de décision du leader.

Les Insoumis réfléchissent actuellement à l’évolution de leur structuration suite aux élections. Clémentine Autain, députée et directrice de publication du trimestriel Regards, a récemment écrit à ce sujet sur son blog15. La députée de Seine-Saint-Denis indique que les Insoumis sont à la recherche, depuis des années, d’un « modèle d’organisation qui [les] sorte des anciennes formes partidaires » où les « hommes d’appareil » sont « davantage centrés sur leurs propres intérêts ». Clémentine Autain abonde en citant « le désamour des Français à l’égard des partis, l’essor des réseaux sociaux, la volonté grandissante de chaque individu de pouvoir compter ou encore l’atomisation des lieux de sociabilité ».

Si la stratégie populiste a pu se montrer efficace pour réaliser des résultats électoraux impressionnants en peu de temps aux présidentielles et législatives, elle n’a pas permis d’en faire autant pour les élections locales. Cette stratégie ne permet pas non plus de « stabiliser les équipes militantes et faire vivre, à chaque échelon, l’élaboration collective ». Pour ce faire, la formation de cadres fait défaut. Cette mission était pourtant celle des partis de gauche décriés par la France Insoumise aujourd’hui. Julian Mischi, sociologue et politiste, a démontré dans ses ouvrages sur le Parti communiste français à quel point la formation de cadres avait pu jouer un rôle émancipateur pour les classes populaires qui y prenaient part. Par ailleurs, la formation de cadres ouvriers a permis de renvoyer aux classes populaires l’image d’un parti à leur image, ce qui a longtemps été un succès. Le recul de la présence des classes populaires parmi les cadres du PCF peut d’ailleurs être vu comme une des causes de l’affaiblissement de ce parti16.

En réhabilitant la forme partisane et en questionnant la sociologie des organisations politiques dans son ouvrage Faut-il désespérer de la gauche ?, Rémi Lefebvre ouvre des pistes de débat essentielles pour renforcer la gauche et son implantation dans la classe travailleuse.

Le rôle de l’organisation politique est crucial dans la mobilisation sociale. En se focalisant sur « les classes urbaines diplômées » comme l’écrit Lefebvre, et pas assez sur les classes populaires, un parti de gauche ne peut engager la mobilisation de ces classes pour transformer la société. Placer au centre de la stratégie du parti la classe travailleuse n’est pas une simple devise, c’est reconnaître que celles et ceux qu’on appelait « les travailleurs essentiels » lors du grand confinement, seront les actrices et les acteurs de la transformation de la société.

François Ruffin, Je vous écris du front de la Somme, Les Liens Qui Libèrent, 2022.

Footnotes

  1. « Entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni, une première rencontre en catimini à Rome », Le Monde, 24 octobre 2022.
  2. Sébastien Gillard & Bruno Amable, « Macron, c’est une sorte de combinaison du modèle néolibéral et du modèle autoritaire », Lava, 8 avril 2022.
  3. Voir Stefano Palolmbarini, « L’Italie, un laboratoire politique européen », Le Monde Diplomatique, avril 2021, et David Broder, « Italie, le modèle post-démocratique de The Economist », Lava 20, 31 mars 2022.
  4. Voir Antoine Schwartz, « L’étrange disparition du Parti communiste italien », Le Monde Diplomatique, janvier 2022 et Julian Mischi, « Il y a cent ans naissait un parti authentiquement populaire », Le Monde Diplomatique, décembre 2020.
  5. Rémi Lefebvre, « Faut-il désespérer de la gauche ? », Editions Textuel, 2 mars 2022.
  6. Razmig Keucheyan, « Ce que la bataille culturelle n’est pas », Le Monde Diplomatique, mars 2018.
  7. Ruffin, p. 42.
  8. « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? », Terra Nova, 10 mai 2011.
  9. Ruffin, p. 109-110.
  10. « Ruffin, mouffe : la gauche peut-elle être de nouveau populaire ? », Le Vent Se Lève Chaîne YouTube, 30 juin 2022.
  11. Didier Fassin, « L’économie morale de la grève », Alternatives Économiques, 18 octobre 2022.
  12. Bertrand Bissuel, « Grève et pénurie d’essence : pour la CGT, la réquisition des travailleurs est ‘illégale’ », Le Monde, 12 octobre 2022.
  13. Étienne Pénissat, « France Insoumise : vers la construction d’un mouvement politique populaire ? », Contretemps, 25 août 2022.
  14. Manuel Cervera Marzal, Le populisme de gauche : sociologie de la France insoumise, Éditions La Découverte, 2021.
  15. Clémentine Autain, « LFI : franchir un cap pour gagner », 21 août 2022.
  16. Julian Mischi, Le Communisme désarmé : Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970, Contre-feux, 2014.