L’avenir de la sidérurgie en Europe se joue aujourd’hui. Une sidérurgie verte est cruciale pour garantir l’avenir de nos emplois et pour le climat.
« Le réchauffement de la planète est un héritage bien peu enviable à léguer à nos enfants et petits-enfants. Nous ne pouvons pas continuer à produire de l’acier comme nous le faisons actuellement, tout le monde le sait. Avec le syndicat, nous devons prendre les choses en main. Chaque syndicat doit s’intéresser de beaucoup plus près à l’avenir de son secteur. Si, en tant que syndicat, on n’a pas de vision à ce sujet, on laisse les autres imposer la leur. » C’est Roel Berghuis qui parle. Le syndicaliste bien connu aux Pays-Bas a commencé sa carrière à l’âge de 17 ans – en 1975 – en tant que fondeur chez Hoogovens, aujourd’hui Tata Steel IJmuiden. Il a rejoint le syndicat FNV Metaal comme militant syndical avant de devenir président de l’équipe syndicale, puis enfin secrétaire syndical au sein du FNV.
En juin 2020, en plein confinement dû au Covid, le FNV a organisé une grève de 24 jours pour s’opposer à la volonté de la direction de licencier 1 200 travailleurs. La plus grande et plus longue grève que l’entreprise sidérurgique à IJmuiden ait connu à ce jour, avec une victoire à la clé puisque aucun travailleur n’a été licencié. La multinationale a également dû promettre de nouveaux investissements. « Ces investissements doivent être tournés vers l’avenir et donc tenir compte de la question d’environnement et des émissions de CO2. Pour nous, la solution passe par l’acier vert », explique Roel Berghuis. Le FNV Tata Steel a lui-même produit une brochure en faveur de l’acier vert pour exposer sa vision d’avenir de l’entreprise1. Le syndicat a également été chercher le soutien des plus importantes organisations climatiques aux Pays-Bas, telles que Milieudefensie, Greenpeace, Urgenda et Natuur & Milieu. Il est ainsi parvenu à en faire un débat de société qui s’est imposé jusqu’au Parlement. Après plusieurs mois de lutte et de lobyying, le syndicat a obligé la multinationale à opter pour la production d’acier vert à l’aide d’hydrogène vert au lieu de charbon. « Si Tata Steel a décidé de passer à l’acier vert, c’est grâce au personnel de la sidérurgie et au syndicat FNV. Cette victoire est essentielle pour le maintien de l’industrie de base aux Pays-Bas », se réjouit Roel Berghuis.
Tous les géants de l’acier en Europe ont entre-temps des projets d’investissements dans l’acier vert. C’est notamment le cas en Belgique et en France, où ArcelorMittal a annoncé d’importants investissements sur ses sites à Gand, à Dunkerque et Fos-sur-Mer. « On doit réaliser ces investissements pour l’avenir de l’industrie, sinon on est condamné à la fermeture, au moins de la phase à chaud [ndlr : il s’agit de la transformation du minerai de fer en brames d’acier], dans les années à venir. C’est aussi simple que cela », explique le secrétaire national de la CGT ArcelorMittal en France, Philippe Verbeke. « Si nous ne réduisons pas nos émissions de CO2, ArcelorMittal ne pourra pas maintenir sa production à Gand », confirme le délégué principal CSC d’ArcelorMittal Gand, Hans Schepens2. « [L’acier vert] est la meilleure solution pour assurer notre avenir à long terme », abonde dans le même sens Stijn Van Geem, délégué principal FGTB d’ArcelorMittal Gand3.
« Si Tata Steel a décidé de passer à l’acier vert, c’est grâce au personnel de la sidérurgie et au syndicat FNV. »
Tout en nous inspirant de l’expérience syndicale du FNV à Tata Steel aux Pays-Bas, nous nous focaliserons dans cet article sur la stratégie d’ArcelorMittal, le plus important producteur d’acier en Europe. En Europe, l’acier produit par les sidérurgistes d’ArcelorMittal se retrouve dans un tiers des véhicules, un tiers des panneaux solaires, un tiers des appareils électroménagers, un quart des éoliennes et près de la moitié des conserves alimentaires. Nous nous concentrerons en particulier sur les sites de Gand en Belgique et de Dunkerque en France, qui comptent parmi les plus importants du groupe.
L’avenir appartient à l’acier vert
Le géant de l’acier ArcelorMittal s’est engagé à devenir climatiquement neutre d’ici 2050 et a annoncé différents projets d’investissements pour produire de l’acier vert en Allemagne, en Espagne, en France et en Belgique. « Nous prenons des mesures fermes pour décarboner nos activités et surtout pour accélérer les progrès au cours de la décennie à venir », explique Aditya Mittal, le PDG du groupe, lors de sa venue à Gand en septembre 20214. Il vient alors de signer une lettre d’intention soutenant un investissement de 1,1 milliard d’euros dans les technologies de décarbonation sur le site de Gand avec le gouvernement fédéral et le gouvernement flamand qui s’engage à soutenir l’investissement à hauteur de 350 millions5 ArcelorMittal espère également obtenir un soutien financier de l’Union européenne.6 Quelques mois plus tard, en février 2022, c’est le Premier ministre français Jean Castex qui se rend sur le site dunkerquois pour apporter le soutien de l’État français aux investissements d’ArcelorMittal. Cela doit cependant encore être approuvé par la Commission européenne.
L’acier est au cœur de nos sociétés industrialisées et au cœur de la transition énergétique. Il est au centre de nos existences. Nous l’utilisons dans la construction, le transport et l’industrie. Et il est également indispensable pour construire les éoliennes et les infrastructures nécessaires à la transition énergétique. La production d’acier se base aujourd’hui sur la réaction du minerai de fer avec du charbon dans un haut-fourneau7, ce qui émet énormément de CO28. Un site comme celui d’ArcelorMittal Gand est responsable à lui seul de 8 % des émissions en Belgique, plus que l’ensemble des camions et des bus. Mais la technologie existe pour produire de l’acier vert. Un haut-fourneau a une durée de vie de 20 ans et la majorité des hauts-fourneaux en Europe arrivent en fin de vie. Les choix en matière d’investissements se décident donc aujourd’hui et de ces choix vont dépendre l’avenir de notre industrie, de nos emplois et du climat.
« Le secteur est en plein bouleversement. Nous vivons une décennie clé. L’industrie doit radicalement changer de cap », explique Tycho Van Hauwaert. Il est spécialisé dans la transition industrielle pour Bond Beter Leefmilieu (BBL) qui a récemment publié une étude9 à propos des possibilités technologiques permettant à l’industrie de devenir climatiquement neutre. Augmenter le recyclage de l’acier dans des fours électriques – qui représentent aujourd’hui un peu plus de 40 % de l’acier produit en Europe – fait partie de la solution pour décarboner la sidérurgie mais ne permet pas de répondre à l’ensemble de la demande en acier, ni d’atteindre les qualités d’acier les plus hautes. Pour Tycho Van Hauwaert, l’avenir de la sidérurgie est dans la production d’acier à l’aide d’hydrogène vert. Les hauts-fourneaux au charbon seraient remplacés par une installation de réduction directe du fer (DRI, pour Direct Reduced Iron) fonctionnant avec de l’hydrogène et par un four électrique (EAF, pour Electric Arc Furnace). Si cet hydrogène est produit à partir d’énergies renouvelables, il n’émet pas de CO210. De même, si le four électrique fonctionne également avec de l’électricité verte, il est possible de produire de l’acier sans émettre de CO2, de l’acier vert. « Avec un procédé DRI, on peut aussi utiliser du gaz, ce qui permet déjà de réduire considérablement les émissions par rapport au procédé du haut-fourneau au charbon. Lorsque l’hydrogène sera facilement accessible et moins cher, il pourra parfaitement être intégré au processus, ce qui fera diminuer encore davantage les émissions », explique Tycho Van Hauwaert.
L’acier est au centre de nos existences. Nous l’utilisons dans la construction, le transport et l’industrie.
Plusieurs obstacles viennent cependant se mettre en travers de la route de l’acier vert : l’important investissement de départ pour construire les nouvelles installations, les coûts de production plus élevés de l’acier vert comparés à l’acier produit à l’aide de charbon et, enfin, la quantité d’hydrogène vert nécessaire. C’est à ces obstacles que le Green Deal européen – un ensemble d’initiatives politiques de l’Union européenne en matière de climat et d’énergie – veut apporter une réponse.
Le Green Deal européen : à la conquête des marchés verts
La course capitaliste à l’acier vert
Plusieurs importants projets d’investissements pour produire de l’acier vert avec DRI et EAF ont vu le jour ces deux dernières années, en Europe et dans le monde.
ArcelorMittal veut rester leader mondial dans la sidérurgie et être « first to market »11 avec de l’acier vert. « Nous optons pour cette solution parce que nous sommes convaincus qu’une entreprise qui n’investit pas dès aujourd’hui dans le climat est un oiseau pour le chat demain. En fait, ce sont celles qui changent de cap rapidement qui sortiront gagnantes à l’avenir » explique Geert Van Poelvoorde, le PDG d’ArcelorMittal Europe12. La concurrence pour la domination mondiale entre multinationales de la sidérurgie fait rage et se traduit aujourd’hui dans la course à l’acier vert. « La sidérurgie chinoise, qui est la principale concurrente pour l’Europe, est en train de changer. Si leurs émissions atteignent un pic en 2023, cela signifie que l’Europe n’a que d’ici 2023 pour prendre les devants dans l’acier vert », explique Suzana Carp de la Fondation Bellona, spécialisée dans la décarbonation industrielle. En effet, l’entreprise publique Baowu, géant chinois de l’acier et premier producteur mondial depuis 2020, a annoncé qu’elle atteindrait la neutralité carbone d’ici 2050 et un pic d’émissions en 2023. D’autres géants de l’acier comme le Japonais Nippon Steel et le Sud-Coréen Posco se sont également engagés à investir dans l’acier vert13.
Le Green Deal est la réponse de l’Union européenne pour permettre aux multinationales européennes de gagner la course à l’acier vert. « Les cinq prochaines années seront cruciales pour savoir quelle partie du monde développera le plus rapidement les technologies et les processus vraiment propres pour produire de l’acier14 », affirme la Commission européenne. Mais comment le Green Deal veut-il financer les couteux investissements nécessaires et compenser les surcoûts de production de l’acier vert ?
Collectiviser les coûts, privatiser les bénéfices
Concernant les coûts de l’acier vert, il faut distinguer deux choses. D’une part, les importants investissements de départ pour construire les nouvelles installations. D’autre part, les coûts de production de l’acier vert qui seront dans un premier temps plus élevés comparés à l’acier produit à l’aide de charbon.
En ce qui concerne les investissements de départ, le groupe ArcelorMittal dit vouloir investir 10 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici 2030 dans des projets de production d’acier vert. Alors que le groupe ArcelorMittal a réalisé 15 milliards de dollars de bénéfices nets en 2021, Aditya Mittal prétend que « aucun de ces projets ne serait possible sans le soutien des gouvernements15 ». C’est pourquoi le géant de l’acier veut que la moitié des investissements soit financée avec de l’argent public, que ce soit sous forme de subsides, de prêts aux conditions favorables ou de prise de participation au capital. « Nous allons […] faire en sorte que différents États membres [nous aident] à accélérer cette transition grâce à des investissements verts spécifiques16 », confirme le PDG européen du groupe Van Poelvoorde17.
L’acier est indispensable pour construire les éoliennes et les infrastructures nécessaires à la transition énergétique.
Quant aux surcoûts de l’acier vert comparé aux coûts de production d’acier à l’aide de charbon, ils sont difficiles à estimer. Cela dépendra de l’évolution future du prix des principales sources d’énergie. Pour l’instant, les sources d’énergie plus propres que le charbon – c’est-à-dire l’électricité, le gaz naturel et l’hydrogène vert – sont aussi beaucoup plus chères et leur prix est plus volatil. ArcelorMittal estime que le surcoût de l’acier vert sera de 150 à 200 euros par tonne dans un premier temps, à comparer au prix de vente d’environ 500 euros par tonne d’acier18. Pour pouvoir transférer le surcoût vers le consommateur, ArcelorMittal veut éviter que de l’acier moins cher (mais plus polluant) soit importé en Europe. C’est l’objectif de la taxe carbone aux frontières européennes, que l’UE veut mettre en place d’ici 2026. « Produire de l’acier de manière écologique coûtera environ 150 à 200 euros de plus par tonne. […] Un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières garantira que le CO2 de l’acier entrant soit taxé au même taux que celui qui est produit dans le pays. Cela entraînera évidemment une hausse des prix de l’acier. Mais qu’est-ce que cela signifiera pour les consommateurs ? Prenons l’exemple d’une voiture. Une voiture contient environ une tonne d’acier, qui coûtera 150 à 200 euros de plus. Cela fera augmenter le prix de la voiture de 150 à 200 euros. Dans le cas d’un lave-linge, cela représentera une poignée d’euros. Ce n’est donc pas insurmontable », expose le PDG d’ArcelorMittal Europe.
Avec le Green Deal européen, le coût des investissements sera donc financé en grande partie par de l’argent public tandis que les coûts de production supplémentaires seront transférés aux consommateurs. Il reste cependant encore un obstacle à franchir pour pouvoir produire de l’acier vert, et non des moindre : la quantité d’hydrogène vert nécessaire.
L’hydrogène vert bloqué par les multinationales de l’énergie
Produire de l’acier vert avec de l’hydrogène est la meilleure solution technologique existant à l’heure actuelle mais cela requiert une énorme quantité d’hydrogène vert19. Or la production de cette énergie verte se heurte au manque d’investissement des multinationales de l’énergie. En libéralisant le secteur de l’énergie au début des années 2000, nos gouvernements ont donné les clés de la transition énergétique à une poignée de multinationales. Comme l’explique Wim Debucquoy dans un précédent numéro de Lava, la priorité de ces multinationales est de faire du profit et elles rechignent par conséquent à réaliser les coûteux investissements dans l’hydrogène vert20. Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, ne s’en cache pas : « Ce dont les actionnaires veulent avant tout s’assurer… c’est de la durabilité de nos dividendes21 »
La libéralisation nous a rendus complètement dépendants des multinationales de l’énergie. Pour tenter de les encourager à investir dans l’hydrogène vert, la Commission européenne a récemment donné son feu vert à des aides d’État de plus de 10 milliards d’euros. Parmi les entreprises qui recevront du soutien, on retrouve notamment Engie et TotalEnergies qui bouclent des surprofits records depuis des mois… La Commission européenne envisage également de garantir un prix minimum aux producteurs d’hydrogène vert. Elle espère ainsi convaincre les multinationales de l’énergie à investir dans l’hydrogène vert. Ces entreprises n’investiront pas sans aides d’État justifie la commissaire européenne Margrethe Vestager22.
Le manque d’investissements dans l’hydrogène vert est aujourd’hui l’obstacle le plus important pour la production d’acier vert. Comme le déclare Cihan Lacin, le nouveau secrétaire syndical âgé de 38 ans du FNV Tata Steel qui a succédé à Roel Berghuis aujourd’hui pensionné : « Le plus grand défi n’est pas de construire de nouvelles installations. Tata Steel fait des bénéfices et a les moyens de payer pour cela. Le défi réside dans l’hydrogène nécessaire et l’infrastructure requise pour l’utiliser. Là, nous dépendons des multinationales de l’énergie de ce monde. La transition de l’industrie sidérurgique repose sur l’hydrogène, sans lequel nous devrons avoir recours au gaz naturel pendant longtemps encore, ce qui n’est pas souhaitable car nous continuerons alors à émettre du CO2. Compte tenu des prix actuels du gaz naturel, la question est aussi de savoir si nous sommes en mesure de l’utiliser. Nous mettons fortement la pression sur le monde politique par rapport à cela, car, faute de solution impliquant l’hydrogène, l’entreprise ne pourra pas produire d’acier vert. » « L’infrastructure énergétique est en fait la plus importante », confirme John Mol, un délégué syndical du FNV qui travaille depuis 36 ans chez Tata Steel. « Si nous devons aller à La Haye [ndlr : siège du Parlement néerlandais] pour faire pression sur le gouvernement, on ira à La Haye », rajoute Cihan Lacin.
Une phase de transition utilisant du gaz naturel est de toute façon nécessaire en attendant qu’il y ait assez d’hydrogène vert disponible. L’explosion du prix du gaz vient cependant mettre du sable dans les rouages. « Il n’y a pas assez d’hydrogène vert aujourd’hui et beaucoup de choses sont remises en question à l’heure actuelle avec la montée du prix du gaz », confirme Reynald Quagebeur, délégué de la CGT à ArcelorMittal Dunkerque. La seule installation DRI existant actuellement en Europe, à Hambourg, a d’ailleurs été mise à l’arrêt. « Pourquoi dépenser un milliard d’euros pour construire des infrastructures plus respectueuses du climat alors que, si on l’avait aujourd’hui, on ne l’allumerait pas23 ? », explique Van Poelvoorde, le PDG d’ArcelorMittal Europe.
Le manque d’hydrogène vert est l’une des principales raisons qu’ArcelorMittal avance pour développer en parallèle une autre voie technologique pour produire de l’acier vert : la Smart Carbon Route. Avec la Smart Carbon Route, l’acier continue d’être produit avec du charbon dans un haut-fourneau. L’objectif est d’une part de remplacer une partie du charbon par d’autres composants qui n’émettent pas de CO2 et d’autre part de capter le CO et CO2 émis pour ensuite en réutiliser une partie (Carbon Capture and Utilization – CCU) et pour stocker une autre partie sous terre (Carbon Capture and Storage – CCS)24. En ce qui concerne le Carbon Capture and Utilization (CCU), on ne peut que se réjouir des possibilités de réutiliser le CO et CO2 comme matière première pour d’autres processus industriels. Les possibilités offertes par le Carbon Capture and Storage (CCS) sont par contre beaucoup plus incertaines. Quel est le taux de captage effectif du CO2 ? Quelle est la capacité de stockage à long terme ? Quels risques de fuite du CO2 ? Ces questions sont encore à l’étude. « Beaucoup d’entreprises se disent prêtes à faire du CCS, mais tant qu’elles n’auront pas de réponses concrètes à ces questions, cela restera des paroles en l’air », estime Tycho Van Hauwaert.
« Avec le CCS, on continue à produire de l’acier avec du charbon alors que nous devons justement passer à autre chose. Nous pensons qu’il faut limiter le CCS aux secteurs où l’on ne peut vraiment pas faire autrement. » rajoute-t-il. « La voie du Smart Carbon peut apporter des solutions temporaires, mais nous ne pensons pas qu’elle permette vraiment d’atteindre l’objectif de zéro émission d’ici 2050 », estime l’expert de Bond Beter Leefmilieu. « Avec le CCS on ne résout pas le problème. On l’enfouit et on le cache. Si on veut assurer la pérennité du site, on doit aller vers le DRI », résume Reynald Quaegebeur de la CGT.
Quel impact auront les nouvelles technologies sur l’emploi ?
Le danger le plus important pour l’emploi est que les investissements pour pouvoir produire de l’acier vert n’aient pas lieu. « Il y a de plus en plus de clients qui veulent acheter de l’acier vert. L’avenir appartient à l’acier vert, mais est-ce qu’il sera produit en Europe ? Si on ne parvient pas à décarboner assez rapidement, je pense qu’ArcelorMittal prévoit déjà d’autres pistes avec ses sites en Inde et au Brésil », craint Gaetan Lecoq, également délégué syndical pour la CGT à ArcelorMittal Dunkerque.
Les obstacles sur la route de l’acier vert sont les investissements de départ, les coûts de production plus élevés, la quantité d’hydrogène vert.
Mais quel est l’impact des nouvelles installations sur l’emploi ? La direction d’ArcelorMittal se veut rassurante en affirmant que la construction des nouvelles installations va créer 2 000 emplois pendant trois ans. Mais elle reste plus vague sur la suite. Quel impact auront les nouvelles technologies vertes sur l’emploi ? L’installation de DRI et les fours électriques doivent remplacer la cokerie, l’agglomération et le haut-fourneau. « Comparativement, les usines DRI ont besoin de moins de personnel que les hauts fourneaux traditionnels pour fonctionner25 », répond la direction d’ArcelorMittal sans plus de précisions. Combien de travailleurs de moins seront nécessaires ? En terme de reconversion, la direction affirme qu’« il faut les mêmes connaissances, les mêmes efforts et le même savoir-faire pour traiter le fer brut que pour traiter le DRI ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement? Qu’est-ce qui est prévu pour garantir la reconversion des travailleurs ? Quels changements au niveau de la sécurité au travail comporte une installation DRI ?
Ces questions qui restent sans réponses concrètes préoccupent logiquement les syndicats aussi bien à Gand qu’à Dunkerque. « Ce qui me préoccupe, c’est l’emploi. Lorsqu’on pose la question à la direction, elle nous répond qu’on ne doit pas s’inquiéter et que les nouvelles technologies vont générer de nouveaux emplois. Mais avec la direction, on ne doit jamais s’inquiéter, tout va toujours bien se passer. Et puis, tu te retrouves avec des emplois en moins. Je ne pense pas qu’ils vont licencier mais ils peuvent ne pas remplacer tous les départs. Quand je suis arrivé en 2005, on était 4 500. Aujourd’hui, on n’est déjà plus que 3 000 », explique le délégué de la CGT Reynald Quagebeur.
Reprendre la transition industrielle entre nos mains
Le Green Deal européen fait donc supporter la majeure partie des coûts de la transition vers l’acier vert par la collectivité et n’apporte de garanties ni pour l’emploi ni pour le climat. Au lieu de laisser la transition industrielle entre les mains des multinationales, nous devons la reprendre entre nos mains. Mais quelles réponses pouvons-nous alors apporter aux obstacles sur la route de l’acier vert : l’important investissement de départ pour construire les nouvelles installations, les coûts de production plus élevés de l’acier vert, la quantité d’hydrogène vert nécessaire et la question de l’emploi et de la reconversion ? Commençons par ce dernier point.
« Ne parlez pas de nous sans nous. »
Après avoir réussi à imposer la production d’acier vert à Tata Steel, le FNV veut à présent conclure un « contrat social » avec la direction de Tata Steel pour garantir l’emploi et la nécessaire reconversion d’une partie des travailleurs. « Nos membres sont enthousiastes par rapport à l’acier vert et trouvent ça important. Mais ils se demandent évidemment ce qu’une telle transition aura comme conséquences pour eux. Cette question est dans tous les esprits et nous voulons donc y répondre le plus vite possible », explique Cihan Lacin. « “Qu’est-ce que ça signifie pour moi ?”, c’est ce que se demandent avant tout les gens qui travaillent dans les hauts-fourneaux lorsqu’on leur annonce que celui-ci fermera ses portes en 2028 », confirme John Mol du FNV Tata Steel.
Le FNV veut être impliqué à chaque étape de la transition. « Ne parlez pas de nous sans nous », continue Cihan Lacin. « Avec le passage au DRI, certains installations vont disparaître ou devront évoluer. Nous voulons déjà faire le point sur tous ces changements. Nous voulons savoir exactement ce qui va changer pour les travailleurs, quelle reconversion est nécessaire et veiller à ce que cette reconversion ait lieu. C’est ainsi que nous ferons en sorte que les travailleurs soient apaisés et confiants en l’avenir. Nous voulons aussi que les personnes qui travaillent aujourd’hui dans une installation amenée à disparaître soient dédommagées. C’est important aussi pour éviter que les gens aillent travailler ailleurs. Nous voulons signer des accords concrets à ce sujet avec la direction dans le cadre du contrat social. ». Le FNV Tata Steel a déjà prévu d’aller visiter une installation DRI à l’étranger pour voir comment cela fonctionne exactement. « Il est important de discuter avec la direction d’égal à égal et de ne pas dépendre des informations que la direction veut bien nous transmettre. Nous voulons nous rendre compte nous-même et élaborer notre propre plan. »
Pour Cihan, la position de force du FNV chez Tata Steel ne tombe pas du ciel. « Si nous jouissons de cette position, c’est grâce à nos 4 500 membres. En tant que syndicat, nous représentons une force qui exerce suffisamment de pression pour jouer ce rôle clé. Et, ce rôle clé, nous l’utilisons de manière très proactive, avec nos propres plans et notre propre vision. »
Obligeons les multinationales à investir
La nécessaire transition vers une industrie verte exige des investissements massifs, dans l’infrastructure énergétique d’une part et dans les processus de production industrielle d’autre part. L’État doit financer les infrastructures nécessaires pour permettre la transition industrielle, mais la grande industrie qui réalise des bénéfices doit également investir pour rendre son propre processus de production durable. Nous devons obliger les multinationales qui font des bénéfices à réaliser elles-mêmes les investissements nécessaires en imposant des normes contraignantes.
Avec le Green Deal européen, les investissements seront financés en grande partie par de l’argent public tandis que les surcoûts de production seront transférés aux consommateurs.
« On n’est pas opposé à des aides publiques pour l’industrie mais cet argent doit aller aux secteurs qui sont réellement en difficulté. Si on donne des aides publiques à un groupe comme ArcelorMittal qui reverse des milliards d’euros à ses actionnaires, qu’est-ce qu’il va rester pour les entreprises et PME qui rencontrent de réelles difficultés ? Ensuite, il doit y avoir des contreparties assorties à ces aides, au niveau des investissements dans l’entreprise et au niveau de l’emploi. Aujourd’hui, on constate que les ministres viennent signer un chèque en blanc et puis repartent. Pour la CGT, tous les sites européens doivent bénéficier d’investissements à la hauteur pour opérer cette transition écologique. La question de la renationalisation de la sidérurgie doit également être posée, l’acier étant reconnu par tous comme une filière stratégique pour l’industrie », estime Philippe Verbeke, le secrétaire national de la CGT ArcelorMittal. Roel Berghuis abonde dans le même sens. « En tout état de cause, il faut utiliser les profits du groupe Tata Steel pour accélérer la transition vers l’acier vert. Tata Steel India souhaite obtenir un soutien financier du gouvernement néerlandais. Je ne pense pas qu’il sera facile d’expliquer au contribuable néerlandais que Tata lui-même n’intervient pas dans le financement. Tata Steel India doit donc d’abord elle-même clarifier rapidement combien de milliards d’euros seront investis pour verdir l’aciérie d’IJmuiden. Si Tata India ne réalise pes les investissements nécessaires, le gouvernement néerlandais devrait décider d’une prise de participation de l’État, éventuellement en partenariat avec des entreprises et des fonds de pension désireux d’investir dans l’acier vert. La participation de l’État me semble importante pour pouvoir protéger notre industrie en Europe et influencer les choix stratégiques pour l’avenir. », estime l’ex-secrétaire syndical du FNV Tata Steel.
Avec le Green Deal, des aides publiques sont octroyées aux multinationales qui réalisent des investissements verts. L’initiative des investissements reste donc dans les mains des multinationales. Reprenons l’initiative en obligeant les multinationales à réaliser les investissements nécessaires. C’est possible en imposant des normes contraignantes aux multinationales. Les géants de l’acier comme ArcelorMittal sont tout à fait capables de financer les investissements de départs. Pour réussir à leur imposer cela, il est préférable de travailler au moins à une échelle européenne. « On ne peut pas se battre chacun de son côté face à des multinationales comme ArcelorMittal. Plus on sera uni au niveau européen, plus fort on sera », affirme Philippe Verbeke.
Un secteur énergétique public pour garantir la transition
L’accès à de l’hydrogène vert en quantité suffisante et à un prix abordable constitue l’obstacle le plus important pour pouvoir produire de l’acier vert. Plus vite nous réaliserons les investissements nécessaires pour produire de l’hydrogène vert, plus vite la production d’acier sans charbon sera possible, et plus vite le surcoût de l’acier vert sera réduit.
Le FNV veut conclure un contrat social avec Tata Steel pour garantir l’emploi et la reconversion des travailleurs.
Pour mener à bien cette politique ambitieuse, nous devons ramener le secteur énergétique entre des mains publiques. Ainsi, le rythme des investissements ne sera plus ralenti par les multinationales de l’énergie qui réclament des milliards d’euros de subsides pour investir dans l’hydrogène vert. La propriété publique sur les infrastructures énergétiques et de production d’hydrogène vert permettra d’en fixer le prix en fonction des choix politiques et démocratiques en matière d’énergie et pas en fonction d’impératifs de rentabilité ou de l’activité spéculative du marché. Cela nous permettra également de décider démocratiquement des secteurs qui recevront l’hydrogène en priorité, plutôt que le plus offrant ou à celui au lobby le plus puissant.
Les investissements publics dans l’infrastructure énergétique vont exiger beaucoup d’acier. Par la maîtrise publique des investissements, l’État pourra imposer des normes sociales et environnementales avec l’objectif de garantir un marché aux industries sidérurgiques qui produisent de l’acier vert. De cette manière, l’État accélérera la transition industrielle tout en protégeant nos emplois et nos conditions de travail dans l’industrie. Dans le même temps, l’État sera en mesure d’imposer aux entreprises de la sidérurgie des contrats à long terme à prix stables comprenant le prix de production et une marge bénéficiaire raisonnable. Ceci pour également empêcher les envolées du prix de l’acier comme nous avons pu le voir en 2021, où le prix de l’acier sur le marché a doublé en quelques mois avec des profits records pour ArcelorMittal.
Qui dirigera la transition ?
Le Green Deal européen a pour but de permettre aux multinationales de conquérir les marchés verts en faisant supporter les coûts par la collectivité. Sans garanties pour l’emploi ni pour le climat.
La propriété publique sur les infrastructures énergétiques permettra de réaliser les investissements nécessaires et de fixer le prix de l’énergie.
Un autre avenir est possible. Un avenir où nous reprenons entre nos mains la transition vers une industrie verte. Au lieu de laisser les clés de la transition énergétique entre les mains d’une poignée de multinationales, reprenons le secteur énergétique en main et réalisons les investissements nécessaires. Au lieu de renflouer les caisses des multinationales pour réaliser la transition vers une industrie verte, imposons leur des normes contraignantes à l’échelle européenne les obligeant à réaliser elles-mêmes les investissements nécessaires. Avec des garanties claires pour l’emploi et la reconversion des travailleurs au lieu de vagues promesses.
Les choix en matière d’investissements se décident aujourd’hui et de ces choix vont dépendre l’avenir de notre industrie et du climat. La question est de savoir qui va faire ces choix : les PDG en fonction des perspectives de profits ou les syndicats pour garantir l’avenir de notre industrie, de nos emplois et pour sauver le climat ?
Footnotes
- « Groen Staal: Een plan goed voor het klimaat, een schonere IJmond en werkgelegenheid », FNV Metaal, mai 2021.
- AnSofie Bessemans, « Kan onze industrie van het gas af ? », Visie, 12 mai 2022.
- « Nieuws », ABVV Metaal, 1er octobre 2020.
- « ArcelorMittal signe une lettre d’intention avec les gouvernements belge et flamand, soutenant un investissement de 1,1 milliard d’euros dans les technologies de décarbonisation de son usine phare à Gand. », ArcelorMittal.
- « Verslag plenaire vergadering », Vlaams Parlement, 29 september 2021.
- De Tijd, 29 septembre 2021
- C’est ce qu’on appelle la « réduction du minerai de fer ». Le minerai de fer ne peut pas être utilisé tel quel dans le haut-fourneau et doit d’abord être transformé en aggloméré. Le charbon doit également être transformé en coke. L’aggloméré et le coke sont ensuite fondus dans le haut-fourneau pour produire du fer pur. C’est de la fonte. La fonte est ensuite transformée en acier dans l’aciérie et ensuite travaillée en fonction des besoins en type d’acier.
- Environ 1,9 tonne de CO2 par tonne d’acier.
- « Een groene industriele revolutie : Hoe creëren we een klimaatneutrale Vlaamse industrie ? », Bond Beter LeefMilieu, octobre 2021
- On utilise le courant produit par des éoliennes ou des panneaux solaires pour produire l’hydrogène par l’électrolyse de l’eau, c’est-à-dire la séparation des molécules d’oxygène et d’hydrogène qui la composent en y faisant passer un courant électrique. Ensuite, lorsque l’hydrogène est « brûlé » dans le haut-fourneau, il s’associe à de l’oxygène pour former de la vapeur d’eau.
- ArcelorMittal, Climate Action Report 2, 2021.
- Pascal Sertyn, « Miljardeninvestering in infrastructuur nodig », De Standaard, 28 octobre 2021.
- « EU steelmakers under pressure as global green steel race accelerates », Politico, 2 février 2021
- European Commission, « Towards competitive and clean European steel », 5 mai 2021.
- ArcelorMittal, ibid.
- De Standaard, ibid.
- ArcelorMittal s’est ainsi vu accorder en 2021 un prêt de 280 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour ses activités de recherches et d’innovation en matière d’acier vert. En 2017, le géant de l’acier avait déjà pu bénéficier d’un financement de 350 millions de la BEI pour son programme européen de recherche sur la période 2017-2020. À Gand, le financement des projets Torero (un investissement total de 35 millions) et Steelanol (un investissement total de 199 millions) a obtenu 2 millions d’euros du gouvernement flamand, 22 millions d’euros de subventions du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne, un prêt de 75 millions d’euros de la BEI. Pour l’investissement de 1,1 milliard d’euros dans l’installation de réduction directe et les fours électriques, 700 millions seront financés par une joint-venture, Finocas, où le gouvernement flamand et ArcelorMittal injectent chacun 350 millions d’euros tandis qu’ArcelorMittal compte également sur un soutien européen pour compléter l’investissement. Hilde Crevits, à ce moment-là encore ministre flamande de l’Économie, n’exclut par ailleurs « absolument pas […] que d’autres subsides pour l’innovation puissent encore arriver ». À Dunkerque, le pilote industriel « 3D » de captage de CO2 (19,2 millions) est financé à hauteur de 14,7 millions par l’Union européenne tandis que le projet IGAR (15 millions d’euros) est financé à 30 % par l’État français. La France s’est également engagée à soutenir l’investissement de 1,7 milliards à Dunkerque et Fos-sur-Mer, sans encore donner plus de précisions sur le montant et les modalités de l’aide.
- Il s’agit du prix avant 2021. Avec la reprise économique post-covid, les prix de l’acier ont augmenté pour atteindre plus de 1 000 euros par tonne.
- Une installation de réduction directe nécessite théoriquement entre 51 et 57 kg d’hydrogène par tonne d’acier. En pratique, en fonction des conditions de la production, l’hydrogène nécessaire se situe entre 65 et 80 kg par tonne d’acier. Pour couvrir la production actuelle du site de Gand, la quantité d’hydrogène vert nécessaire nécessite environ 15TWh d’électricité verte soit environ 15 % de la consommation d’électricité actuelle en Belgique.
- Wim Debucquoy, « Une énergie verte, bon marché et donc publique », Lava, 30 décembre 2021.
- « Le PDG de Total juge le débat sur le réchauffement climatique “trop manichéen” », Sciences et Avenir, 15 janvier 2020.
- « State Aid: Commission approves up to €5.2 billion of public support by thirteen Member States for the second Important Project of Common European Interest in the hydrogen value chain », European Commission, 21 septembre 2022. et « State Aid: Commission approves up to €5.4 billion of public support by fifteen Member States for an Important Project of Common European Interest in the hydrogen technology value chain », European Commission, 15 juillet 2022.
- De Tijd, 3 septembre 2022
- À Gand, le haut-fourneau B a récemment été remis à neuf pour 195 millions d’euros, ce qui en fait l’un des plus modernes et efficaces au monde, tant en termes de productivité que d’émissions de CO2. Diverses initiatives de décarbonation doivent également permettre de réduire les émissions annuelles de CO2 d’environ 0,9 million de tonnes d’ici à 2030 par rapport à 2018. Le projet Torero transformera les déchets de bois afin de pouvoir les utiliser dans le processus des hauts-fourneaux, et réduire ainsi l’utilisation de poudre de charbon. Le projet Steelanol transformera une partie des gaz carbonés des hauts-fourneaux en bioéthanol qui pourra être utilisé comme carburant pour les transports et comme élément de base pour la production de produits chimiques, pharmaceutiques et cosmétiques. ArcelorMittal a également lancé une étude de faisabilité pour le projet Ghent Carbon Hub. Il s’agit d’un hub dans la partie gantoise du North Sea Port pour servir de zone de stockage tampon et charger le CO2 liquéfié sur des navires pour un stockage ultérieur permanent. À Dunkerque, ArcelorMittal travaille sur deux autres projets importants de la Smart Carbon route. Le premier, IGAR, doit permettre de capturer le gaz du haut-fourneau pour être réutilisé dans le haut-fourneau comme agent réducteur, remplaçant pour partie le charbon. L’autre projet est le pilote industriel « 3D » : démontrer l’efficacité du procédé à capter le CO2 en le séparant des autres fumées. ArcelorMittal aimerait la rendre opérationnelle à l’échelle industrielle à partir de 2025 et capable de capter plus d’un million de tonnes de CO2 par an. Ce projet est réalisé avec onze autres partenaires, dont TotalEnergies qui serait responsable du transport et du stockage du CO2 en mer du Nord.
- Ville de Gand, Commission environnement, travaux et personnel, 17 mai 2022.