Lorsque Taïwan fait la une de l’actualité, c’est souvent en relation avec les tensions avec la Chine continentale. Mais toutes les forces politiques taïwanaises ne considèrent pas ces tensions comme insurmontables. Entretien avec le Parti des travailleurs de Taïwan.
En 1949, lorsque le Parti communiste chinois a proclamé la République populaire de Chine dans la partie continentale du pays, Chiang Kaï-shek, le leader déchu de la Chine, s’est enfui sur l’île de Taïwan avec ses soldats, ses partisans politiques et leurs familles. Au total, près d’un million de personnes ont traversé le détroit de Taïwan. Le gouvernement et le parti de Chiang, le Kuomintang, ont instauré une dictature répressive sur les 6,5 millions d’habitants de l’île, imposant la loi martiale pendant 38 ans, de 1949 à 1987, et ont forgé une alliance étroite avec les États-Unis.
Bien que beaucoup de choses aient changé depuis, les tensions entre Taïwan et le continent sont restées vives. Le conflit autour de Taïwan a récemment fait la une de la presse internationale en raison de la montée des tensions entre les États-Unis et la Chine. Une attention moindre est accordée à l’histoire de l’île et des points de vue des forces progressistes et de la gauche locales. Cet entretien, une version éditée et abrégée de l’original, avec Wu Rong-yuan (吳榮元), président du Parti travailliste de Taïwan, tente de combler cette lacune.
Wim De Ceukelaire. Tant sous l’ancien président américain Donald Trump que sous l’actuel président Joe Biden, les tensions avec la Chine se sont intensifiées sur la question de Taïwan. Le président en fonction a notamment supervisé l’adoption de la loi spéciale pour le renforcement de la résilience économique et sociale de Taïwan (Taiwan Enhanced Resilience Act) (anciennement appelée Taiwan Policy Act). À quoi tient selon-vous l’intérêt que portent les États-Unis aux tensions entre la Chine et Taïwan ?
Wu Rong-yuan. En 2018-2019, l’administration Trump avait déjà intensifié sa guerre commerciale contre la Chine, sous prétexte du vol par cette dernière de propriétés intellectuelles et de secrets technologiques des États-Unis. En invoquant la défense de Taïwan, le Tawan Policy Act du président Joe Biden n’a d’autre dessein que de promouvoir les intérêts stratégiques des États-Unis. Cette loi vise à provoquer la Chine et à remettre en question la politique de réunification pacifique de la Chine1. Sur le plan politique, elle vise à saper le principe de la « Chine unique », reconnu au niveau international2.
En invoquant la défense de Taïwan, le Taiwan Policy Act du président Joe Biden n’a d’autre dessein que de promouvoir les intérêts stratégiques des États-Unis.
Sur le plan militaire, elle confère aux autorités taïwanaises le statut d’allié majeur non membre de l’OTAN et met en place la « Taiwan Security Assistance Initiative », qui prévoit un financement militaire étranger de 4,5 milliards USD au cours des quatre prochaines années. Ces fonds serviront au financement de nouvelles ventes d’armes à Taïwan, et ce dans le but de stocker un énorme arsenal d’armes sur l’île, le tout bien sûr au profit de l’industrie de l’armement des États-Unis.
Sur le plan économique, il s’agit de contraindre des entreprises de premier plan, telles que la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC)3, à installer des usines aux États-Unis, de manière à rompre la coopération naturelle entre les deux rives du détroit de Taïwan. Qui plus est, les médias américains ont récemment rapporté que les États-Unis avaient l’intention de saboter et de détruire d’importantes industries de semi-conducteurs sur l’île de Taïwan.
En termes d’opinion publique et de propagande, les États-Unis ont stigmatisé les efforts d’unification nationale entre les deux rives du détroit de Taïwan, et s’emploient à induire le monde en erreur, en présentant ces démarches comme une « agression ». Les États-Unis jouent de plus en plus un rôle important dans le conflit autour de Taïwan, ce qui a eu pour effet de galvaniser les séparatistes et de fomenter des tensions au niveau de la région.
Face à de telles provocations, la Chine continentale va certainement renforcer la défense de sa souveraineté territoriale. La Chine estime en effet que la résolution de la question de Taïwan et la réalisation de l’unification relèvent de son intérêt fondamental.
Depuis qu’elle est devenue une démocratie présidentielle, dans les années 1990, l’île est dotée d’un système bipartite dominé par le Kuomintang et le Parti démocrate progressiste (DPP). Comment expliquez-vous que le DPP, qui est actuellement au pouvoir, a généralement été très réceptif aux tentatives américaines d’exacerber les tensions avec la Chine ? Ce parti n’est-il pas né dans les milieux de l’opposition, victimes de la répression du Kuomintang de l’époque ?
L’émergence des forces séparatistes du DPP favorables à « l’indépendance de Taïwan » prend racine dans son histoire4. Le DPP représente la bourgeoisie locale de Taïwan, qui a émergé en tant que force politique à la fin de la période de la loi martiale, à une époque où le Kuomintang était encore au pouvoir. Au fur et à mesure de son ascension économique, le DPP ne pouvait plus se contenter d’avoir de l’argent, mais pas de pouvoir.
Sa politique anticommuniste et son aspiration à un système politique à l’occidentale ont progressivement conduit à la formation d’une ligne politique séparatiste5. Après une période d’alternance entre ces deux grands partis, les forces « indépendantistes taïwanaises » ont gagné en importance et s’engagent de plus en plus résolument sur la voie de la sécession nationale, plongeant les relations entre les deux rives du détroit dans une situation de plus en plus dangereuse.
Le DPP a été au pouvoir deux fois6 et n’a toujours pas osé toucher à la ligne rouge politique tracée par la Chine. Une ligne rouge dont les partisans de « l’indépendance de Taïwan » comprennent qu’ils auront à payer le prix fort s’ils la franchissent. C’est ce qui explique aussi pourquoi les autorités du DPP attachent autant d’importance au renforcement du dispositif de sécurité de l’île. Sur le plan intérieur, le DPP attise l’idéologie dite du nationalisme taïwanais, tandis que sur le plan extérieur, il s’appuie sur les États-Unis (et le Japon) pour résister à la Chine continentale.
En remportant les élections de janvier 2020, le DPP a accédé au pouvoir pour la deuxième fois. Le parti a toutefois essuyé une défaite aux élections locales, et a vu sa cote de popularité reculer. Suite à ce revers, le gouvernement DPP s’est lancé dans une contre-attaque désespérée, en fomentant un climat politique résolument anticommuniste.
Le gouvernement a notamment commencé à monter en épingle divers « incidents d’espionnage ». C’est ainsi que des étudiants du continent7, des militaires à la retraite, des hommes d’affaires de Hong Kong et des personnalités politiques prônant l’unification ont été accusés d’espionnage. Au cours du second semestre de 2019, le DPP a renforcé la législation sur la sécurité nationale, en y ajoutant une disposition visant les soi-disant agents du Parti communiste chinois. Il est notamment interdit aux personnes ou aux organisations d’agir en tant qu’« agents » du continent, ou de se livrer à une propagande politique qui est ressentie comme mettant en danger la sécurité nationale. Ceci n’est pas sans rappeler la guerre froide : de cette ma nière, le régime peut criminaliser qui il veut.
En outre, une série de nouvelles lois sur la sécurité a été adoptée, et une nouvelle disposition a été ajoutée à « l’ordonnance relative aux relations entre les peuples de part et d’autre du détroit », afin d’étouffer dans l’oeuf de facto tout accord politique avec le continent. Cette disposition stipule qu’un accord politique avec le continent requiert la présence des trois quarts des membres du Yuan législatif (le parlement) et l’approbation des trois quarts des députés. Il s’agit d’un seuil plus élevé que celui requis pour un amendement constitutionnel !
La « Taiwan Security Assistance Initiative » prévoit un financement militaire étranger de 4,5 milliards USD, bien sûr au profit de l’industrie de l’armement des États-Unis.
En bref, Taïwan revient progressivement au système dictatorial du passé. Il y a un an et demi, une chaîne d’information taïwanaise opposée au DPP s’est vu retirer sa licence par le gouvernement pour des motifs fallacieux. Entre-temps, il est de notoriété publique que le DPP utilise le budget du gouvernement pour entretenir une vaste armée de trolls chargée de manipuler l’opinion publique de manière concertée. Lorsque des personnes publient ou partagent sur Internet des commentaires critiques à l’égard du gouvernement, elles sont souvent poursuivies par le gouvernement pour avoir prétendument créé ou diffusé de fausses informations, en vertu d’une législation qui remonte à l’époque de la loi martiale, rebaptisée aujourd’hui « loi pour le maintien de l’ordre social ».
Le DPP a instauré un régime d’extrême droite, anticommuniste et anti-chinois, nettement aligné sur les États-Unis. L’opération anticommuniste de 2019 à 2020 a largement contribué à semer la peur au sein de l’opinion publique. C’est ainsi que, ces dernières années, presque personne n’a osé s’opposer à l’augmentation de la dette publique résultant de l’achat d’armes aux États-Unis.
De fait, sous la pression des États-Unis, les dépenses de défense de Taïwan ont atteint 2,3 % du PIB, entraînant de sérieuses répercussions en matière de protection sociale et d’éducation. Cela n’a pas empêché les États-Unis de continuer à faire pression en ce sens sur Taïwan, en exigeant que le gouvernement porte ses dépenses militaires à 3 % de son PIB.
La guerre en Ukraine a exacerbé les contradictions entre l’Occident et la Russie, tandis que celles avec la Chine sont également devenues plus évidentes. De nombreux commentateurs des médias occidentaux ont commencé à comparer Taïwan à l’Ukraine. Que pensez-vous d’une telle analyse ? Taïwan est-elle également confrontée à la menace d’une invasion militaire ?
Nous pensons que la guerre russo-ukrainienne a été provoquée par l’expansion vers l’est de l’alliance militaire de l’OTAN dirigée par les États-Unis. Nous sommes toutefois opposés au recours à la guerre comme moyen de résolution de ce différend, et nous appelons les deux parties à s’asseoir à la table des négociations et à discuter.
Il est désormais clair qu’il s’agit d’une guerre par procuration et que l’Ukraine n’est que de la chair à canon aux yeux des autorités étasuniennes. Les États-Unis tirent des avantages économiques de la guerre, notamment l’expansion du marché mondial de l’armement, mais aussi des avantages militaires dérivés de l’affaiblissement de la Russie. Donc, si les États-Unis ne veulent pas arrêter la guerre, la guerre ne s’arrêtera pas. Nous devons condamner avec force l’empire des États-Unis.
Taïwan n’est pas l’Ukraine, car Taïwan fait partie de la Chine. Taïwan et la Chine continentale constituent un seul et même pays. Il s’agit d’une question de politique intérieure. La guerre russo-ukrainienne nous a toutefois apporté un éclairage important. Nous craignons en effet que Taïwan ne soit également instrumentalisée dans le cadre d’une guerre par procuration, en l’occurrence dans le détroit de Taïwan. Les États-Unis pourraient par exemple laisser Taïwan franchir délibérément la ligne rouge de la Chine et provoquer une attaque du continent. Une telle tactique pourrait s’inscrire dans le cadre des efforts déployés par les États-Unis pour contenir et ralentir la montée en puissance de la Chine.
Aujourd’hui plus que jamais, nous voulons la paix dans le détroit de Taïwan. Nous devons pour cela mettre en échec les tentatives menées par les États-Unis, en collaboration avec les régimes conservateurs d’Asie de l’Est, d’encercler la Chine et de faire monter la tension. Comment la population perçoit-elle la situation, en particulier la proximité croissante avec les États-Unis ?
Wu Rong-yuan : À Taïwan, de plus en plus de gens voient le vrai visage des États-Unis à l’aune de la guerre en Ukraine. Ils constatent notamment que les États-Unis eux-mêmes n’envoient pas de troupes pour soutenir l’Ukraine, mais qu’ils continuent à fournir des armes, afin que le peuple ukrainien se sacrifie encore pour combattre la Russie.
Un accord politique avec la Chine requiert l’approbation des 75 % des députés du parlement. Il s’agit d’un seuil plus élevé que celui requis pour un amendement constitutionnel !
Par le passé, la plupart des Taïwanais pensaient que les États-Unis enverraient des troupes pour soutenir l’île en cas de guerre dans le détroit de Taïwan. Au dernier sondage toutefois, le pourcentage de Taïwanais « fortement convaincus » ou « assez convaincus » que les États-Unis enverraient des troupes à Taïwan dans une telle situation a reculé à 36,3 %. Nous espérons que la baisse de la confiance des Taïwanais envers les États-Unis contribuera à l’instauration d’un climat de réconciliation entre les deux rives du détroit de Taïwan.
Nous ne sommes pas optimistes pour autant. Il existe encore de nombreuses forces indépendantistes à Taïwan qui croient dur comme fer que, contrairement à l’Ukraine, la situation géographique de Taïwan est stratégiquement importante pour les États-Unis – en vue de l’imposition d’un blocus à la Chine continentale – et que les États-Unis enverront des troupes à Taïwan dans le cas où une guerre devrait éclater entre les deux rives du détroit. Par ailleurs, le DPP et d’autres forces indépendantistes voient dans la guerre russo-ukrainienne une occasion importante de continuer à augmenter les achats de matériel militaire aux États-Unis et d’intensifier la militarisation.
Vous nous avez fourni de précieux éclairages sur les développements récents à Taïwan. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre parti, le Parti Travailliste ? De quel type de parti s’agit-il et comment a-t-il évolué depuis sa création en 1989 ?
Le Parti Travailliste a été fondé en mars 1989 par trois groupes de personnes. Tout d’abord, les prisonniers politiques vétérans de la période de la loi martiale à Taïwan, qui ont persisté dans leur lutte alors qu’ils avaient été longuement emprisonnés. Deuxièmement, un ensemble d’intellectuels progressistes ralliés autour de la célèbre revue China Tide dans les années 1970, et de la publication tout aussi importante intitulée The Human World, dans les années 1980. Parmi eux, Chen Ying-zhen, Su Qing-li, Wang Li-xia et d’autres. Troisièmement, des leaders des mouvements ouvriers et sociaux de l’époque, comme Luo Mei-wen (aujourd’hui membre du Conseil du comté de Hsinchu), Ngan Kun-chuan, et d’autres.
La création du Parti Travailliste a marqué le début de la troisième période de l’histoire de la gauche à Taïwan. La première période, du début des années 1920 à 1931, a été celle de la résistance contre la domination coloniale de l’Empire japonais8 ; la seconde période, de 1945 aux années 1950, a été marquée par la participation de la gauche à la Nouvelle Révolution démocratique9 ; la troisième période10, à partir de 1988, a été caractérisée par la réunification du mouvement ouvrier avec le mouvement pour la réunification de la Chine. Nous pouvons donc affirmer que le Parti travailliste de Taïwan a hérité de l’histoire du mouvement de gauche du peuple taïwanais depuis les années 1920, et a poursuivi l’histoire de son mouvement patriotique anti-impérialiste et d’unification, qui a été interrompu pendant près de 40 ans par la dictature11.
Depuis sa fondation, le parti représente les intérêts de la classe ouvrière à Taïwan. Nous nous sommes dès lors pleinement impliqués, en tant que parti politique, dans le mouvement des travailleurs de Taïwan, le mouvement contre la domination et l’ingérence impérialistes, et le mouvement pour la réunification.
Sous la pression des États-Unis, les dépenses de défense de Taïwan ont atteint 2,3 % du PIB, entraînant de sérieuses répercussions en matière de protection sociale et d’éducation.
Pour vous donner un exemple de notre influence au sein du mouvement syndical, nous pouvons citer la création de la Confédération des syndicats de Taïwan en 2000, le premier syndicat général à avoir vu le jour après la dictature. Lors de la réunion inaugurale, le prix de la contribution du mouvement ouvrier a été décerné à des dirigeants et des intellectuels du mouvement ouvrier. Sur les cinq personnes désignées par le mouvement syndical, trois étaient membres du Parti Travailliste.
Actuellement, le parti promeut les activités annuelles de la fête du travail du 1er mai en collaboration avec diverses organisations syndicales à Taïwan. Nous avons également des bureaux à travers lesquels nous fournissons des services au mouvement syndical dans les villes de Hsinchu, Taichung et Kaohsiung, ainsi que dans le nord, le centre et le sud de Taïwan.
En outre, nous insistons sur la nécessité de combiner les mouvements sociaux et politiques, et nous participons aux élections locales depuis plus d’une décennie. Nous espérons obtenir des sièges pour représenter le point de vue des citoyens grâce à notre participation, afin de continuer à étendre notre influence et d’obtenir des conditions favorables pour servir les citoyens. À l’heure actuelle, le Parti travailliste dispose de deux sièges dans le comté de Hsinchu, résultat d’un travail acharné mené dans des circonstances défavorables.
Dans l’analyse que nous faisons de la situation sociale et économique de Taïwan à l’étape historique à laquelle nous nous trouvons, la contradiction entre l’unification et l’indépendance est la contradiction principale de la société taïwanaise, alors que la contradiction entre la classe ouvrière et la bourgeoisie est la contradiction de base. Nous avons toujours adhéré au principe d’une seule Chine.
Face au ralentissement du mouvement socialiste international dans les années 1990 et à la détérioration subséquente de la situation politique et sociale de Taïwan, le parti se trouve dans une situation très difficile. La principale contradiction n’a néanmoins pas changé, quel que soit le parti politique au pouvoir à Taïwan. Cette contradiction est devenue de plus en plus prononcée dans l’environnement politique de Taïwan et même dans la vie quotidienne de la population.
Quelles sont les propositions concrètes du Parti travailliste pour résoudre les tensions ?
Face à la situation grave et tendue qui prévaut actuellement dans le détroit de Taïwan, nous préconisons des négociations de paix et une réunification pacifique. Nous pensons qu’après la réunification du détroit, Taïwan ne sera plus une néo-colonie sous le contrôle hégémonique des États-Unis et du Japon, et que le pouvoir reviendra aux mains du peuple de Taïwan, qui aura réintégré la communauté nationale chinoise. Sans l’ingérence extérieure des États-Unis et la pression exercée sur les finances de Taïwan par les achats d’armes, les ressources budgétaires de Taïwan seront disponibles pour accroître le bien-être de la population.
Enfin, nous appelons le peuple chinois de part et d’autre du détroit de Taïwan, ainsi que les peuples progressistes épris de paix du monde, à s’unir contre l’intervention hégémonique des États-Unis dans les affaires intérieures de la Chine et la question de Taïwan.
Pour maintenir la paix dans le détroit de Taïwan et éviter le fléau de la guerre, il est impératif de mettre fin à l’ingérence des États-Unis, d’encourager les échanges entre les deux rives du détroit selon le principe d’une Chine unique et de progresser vers l’achèvement de la réunification nationale par le biais de consultations internes, sur la base de l’égalité. La devise du Parti travailliste est donc plus que jamais de mise : « Une seule Chine de part et d’autre du détroit de Taïwan pour un développement pacifique ».
Une version plus longue de ce entretien est disponible sur No Cold War.
Footnotes
- La position officielle de la Chine est celle d’une “réunification pacifique”. Ce faisant, elle adopte la perspective “un pays, deux systèmes” selon laquelle Taïwan, en tant que partie de la Chine, pourrait conserver son propre système politique et économique encore longtemps. Cette situation est similaire au statut actuel de Hong Kong et de Macao.
- Le principe de la Chine unique fait référence au communiqué conjoint de 1972 entre les États-Unis et la République populaire de Chine, qui reconnaît qu’il n’existe qu’une seule Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Depuis lors, le gouvernement de la RPC est reconnu internationalement comme le gouvernement légitime de la Chine, et la plupart des pays reconnaissent également que Taïwan fait partie intégrante de la Chine.
- TSMC est l’une des plus importantes et des plus grandes entreprises de conception et de fabrication de semi-conducteurs au monde.
- Le Kuomintang de Chiang Kai-shek était principalement composé de soldats du continent qui ont opprimé la population locale de Taïwan – et donc la bourgeoisie locale – après 1949.
- Le parti a été fondé dans la clandestinité en 1986 par divers groupes d’opposition et des opposants politiques au Kuomintang, historiquement le parti des Chinois du continent qui s’étaient installés dans le pays. Le DPP a réuni divers groupes d’opposition, y compris des forces favorables à la réunification avec la Chine. Après la fin de la dictature, ce sont les groupes indépendantistes qui ont pris le dessus au sein du parti. Cela s’explique en partie par le fait qu’à l’époque, plusieurs militants politiques sont rentrés d’exil à Taïwan avec des opinions pro-occidentales et anti-chinoises.
- Le DPP a été au pouvoir pour la première fois de 2000 à 2008 sous la présidence de Chen Shui-bian.
- En 2019, plus de 25 000 étudiants de Chine continentale ont étudié à Taïwan.
- Taïwan a été occupée par le Japon de 1895 à 1945. À la répression violente des mouvements de résistance locaux a succédé une période de domination coloniale éclairée dans les années 1920, jusqu’à ce que le militarisme nippon prenne le dessus dans les années 1930, notamment avec l’invasion japonaise de la Mandchourie (Chine continentale) en 1931.
- Selon la théorie de la révolution en deux temps, la nouvelle révolution démocratique est la première étape par laquelle les pays doivent passer tant qu’ils sont soumis à la domination impérialiste. La Nouvelle Révolution démocratique vise à vaincre la domination impérialiste et à mettre fin à l’exploitation féodale. Dans le cas de la Chine, le Parti communiste chinois a franchi cette étape avec succès en 1949, lorsqu’il a vaincu le Kuomintang de Chiang Kai-shek et instauré la République populaire. C’est aussi le début de la deuxième étape, la révolution socialiste.
- Il s’agit de la période qui a suivi la levée de la loi martiale en juillet 1987.
- Taïwan a été occupée par le Japon de 1895 à 1945. À la répression violente des mouvements de résistance locaux a succédé une période de domination coloniale éclairée dans les années 1920, jusqu’à ce que le militarisme nippon prenne le dessus dans les années 1930, notamment avec l’invasion japonaise de la Mandchourie (Chine continentale) en 1931.