Taxer les riches. L’idée gagne légitimement du terrain dans le monde entier. La richesse des plus riches croît à un rythme explosif mais échappe au fisc. Un impôt sur la fortune est techniquement faisable et socialement nécessaire.
C’est historique, cela faisait des années qu’un document des ministres des Finances du G20 n’avait pas été signé au consensus. Cette note, signée par des pays aussi divers que la Chine, les États-Unis, l’Union européenne ou la Russie, déclare : « Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous nous efforcerons de coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées1.»
Certes, cette déclaration reste vague et n’a qu’une valeur symbolique puisqu’il n’y a pas de volet contraignant. Mais si le G20 en parle, c’est que la taxation du patrimoine des plus riches est aujourd’hui devenue un sujet inévitable. Comme cela a été le cas en Belgique, où le sujet est revenu dans l’actualité lors de la dernière campagne électorale. En Belgique où, en effet, il y a des inégalités fortes, avec des individus qui possèdent des centaines de millions voire des milliards d’euros de patrimoine.
Pourtant, que ce soit en Belgique ou ailleurs dans le monde, dès que la question de taxer les plus hauts patrimoines est posée, les mêmes arguments lui sont opposés : cela détruirait de l’activité économique; ce serait une double taxation ( donc injuste ) puisque les revenus du travail sont déjà imposés; la Belgique est déjà une championne du monde de la fiscalité; une taxe sur les grandes fortunes ferait fuir les plus riches donc elle ne rapporterait pas grand-chose; cela découragerait les investissements; enfin, le patrimoine des plus riches est secret et difficilement évaluable donc vouloir le taxer serait impossible.
Les grandes fortunes échappent à l’impôt
Commençons par la question d’une éventuelle double taxation injuste que créerait cette taxe. Dans tous les pays développés il existe un impôt sur le revenu : on pourrait donc dire que même un super-riche a déjà payé des impôts. La taxation du patrimoine serait donc une double taxation du même montant.