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Les violences sexuelles, une affaire de classe

Apolline Dupuis

—26 juin 2024

L’anthropologie marxiste situe l’oppression des femmes dans l’émergence des sociétés de classe. Retour sur les fondements économiques des violences sexistes et sexuelles et leurs conséquences, du lieu de travail au campus.

«Le viol restera une menace tant que l’oppression subie par les femmes demeurera un support essentiel du capitalisme.»1– Angela Davis

Pourquoi les femmes se font-elles agresser sexuellement par les hommes? Est-ce la nature de ces derniers? Quel lien peut-on tisser avec le fonctionnement de l’économie contemporaine? Quelle analyse féministe de classe peut-on proposer?

Depuis les années 1970, le mouvement féministe s’est attaqué à la question des violences qu’expérimentent les femmes sur les plans théoriques, politiques et pratiques2. En effet, en particulier depuis la fin des années1970, Silvia Federici considère que «nous avons assisté à une escalade de la violence contre les femmes, une escalade sur le front domestique, sur le front public et sur le front institutionnel»3.

Friedrich Engels le disait déjà au 19e: l’oppression des femmes est un problème lié à l’histoire, pas à la biologie.

Dans le jargon féministe, il est d’usage de mobiliser l’acronyme VSS pour désigner les violences sexistes et sexuelles qui touchent les femmes. En anglais, on retrouve un équivalent dans l’acronyme GBV, signifiant Gender Based Violence, traduit par violence basée sur le genre. Étant donné la multitude de types de violences expérimentées par les femmes que ces termes regroupent, je choisirai ici de me concentrer essentiellement sur les violences sexuelles. Dans cet article, le viol est pris pour exemple, bien que celui-ci ne soit que la forme extrême d’un large continuum.

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