Interview

Les chasseurs de primes ratent la cible climatique

Maëlys Waiengnier

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Marie

—26 juin 2024

Le chauffage des bâtiments est l’une des premières sources d’émissions de gaz à effet de serre en Belgique. Rénover et isoler les logements est une priorité politique et devrait être accessible au plus grand nombre, mais ce n’est pas le cas avec la logique des primes.

Maëlys Waiengnier est chercheuse en géographie à l’ULB. Pour Lava, elle a rencontré et interviewé Marie (nom d’emprunt), architecte ayant travaillé pendant dix ans dans la rénovation du bâti bruxellois, en tant qu’indépendante et en tant que salariée d’une ASBL accompagnant les habitantes et habitants dans leurs travaux.

Maëlys Waiengnier. Il semble y avoir un consensus politique pour une meilleure isolation des logements, mais le choix de la solution pour y parvenir fait débat… Quelle est votre expérience sur ce qui se fait actuellement? Est-ce que nous sommes sur la bonne voie ?

Marie. J’ai été architecte indépendante pendant 10 ans. J’ai principalement travaillé avec des clients particuliers qui voulaient rénover leur logement à Bruxelles: rénover la toiture, refaire l’intérieur, résoudre une infraction urbanistique, etc. Évidemment, monsieur et madame Tout-le-Monde n’ont pas nécessairement les connaissances techniques et administratives pour réaliser des travaux, il faut les accompagner et ils n’ont pas non plus forcément les moyens de s’offrir les services d’un(e) architecte.

J’ai été conseillère énergie et rénovation dans une ASBL. Quand je travaillais comme architecte, je voyais des clients qui galéraient pendant toute la rénovation: prioriser les travaux, avoir le budget, trouver un entrepreneur, faire les démarches pour obtenir une prime à la rénovation.

Les chasseurs de primes vont rendre ta demande de prime optimale et prendre en charge l’ensemble des papiers à remplir contre 10% du montant qui te sera octroyé.

En tant qu’architecte, souvent, je passais beaucoup de temps à accompagner les gens pour réaliser des tâches qui n’étaient pas comprises dans ma mission. Je voyais qu’ils étaient perdus et pour moi, en tant que professionnelle, c’était facile de les aider: j’allais à la commune, je remplissais des documents. Mais ça voulait dire que je travaillais gratuitement. Quand je faisais la même chose dans l’ASBL d’aide à la rénovation, c’était super: je pouvais mettre mon temps et mes connaissances à disposition pour leur faciliter la vie et je ne devais pas m’inquiéter de faire payer mon travail.

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