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La paix au Congo sera africaine, non américaine

Tony Busselen

—16 décembre 2024

Depuis l’implosion de la dictature mobutiste en 1990, les occidentaux, voulant maintenir le contrôle du pays, sont allés d’échec en échec. Ce n’est que la dynamique interne au Congo et en Afrique qui sortira le pays du chaos et de la guerre.

Depuis que les joueurs de l’équipe nationale de football de la RDC, lors de la Coupe d’Afrique des Nations ( CAN ) en février 2024, ont tous placé une main devant la bouche en pointant l’autre main sur la tempe, mimant un revolver, ce geste est devenu le symbole repris par des millions de jeunes Congolais pour dénoncer ce qu’ils appellent le Genocost. Le mot est une combinaison des mots « génocide» et « coût», soulignant l’idée que les atrocités commises contre la population congolaise sont motivées par des intérêts économiques, notamment l’exploitation des ressources naturelles du pays par des puissances étrangères et des multinationales.

Le peuple congolais est victime d’agressions depuis maintenant 26 ans. Une période de cinq ans d’occupation ( 1998-2003 ) par les armées rwandaises et ougandaises des deux tiers de ce pays immense a été suivie de plusieurs rébellions à l’est du pays. Les Congolais vivent, de ce fait, dans une situation de déstabilisation et de guerre permanente. Le nombre de victimes est estimé à un minimum de 6 millions de morts et le nombre de déplacés internes a varié de 1,7 million en 2005 à 6,4 millions en 2023. Cette déstabilisation est une des causes de l’affaiblissement, voire de la disparition des infrastructures essentielles du pays. Le nombre de Congolais qui se trouvent en insécurité alimentaire augmente de plus en plus rapidement : de 7,5 millions en 2016 à 26,4 millions en 20231.

Cela fait de la guerre au Congo un des conflits les plus longs et meurtriers depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, c’est plutôt une guerre oubliée qui n’attire que rarement l’attention de nos médias, sauf lors des vagues de violences extrêmes. Le monde entier connaît, à travers les rapports des experts de l’ONU, la responsabilité du Rwanda et de l’Ouganda dans cette guerre. Les rébellions pro-rwandaises qui se sont succédées depuis août 1998 jusqu’à aujourd’hui ( RCD, CNDP, M23 ) n’ont été possibles que grâce à l’appui direct des armées rwandaises et ougandaises sur le sol congolais. Mais, contrairement à l’Ukraine, le Congo ne reçoit pas d’aide militaire massive et le Rwanda ne subit que rarement des sanctions mineures. C’est ce qui indigne les Congolais qui se sentent maltraités par la communauté internationale.

Or, si cette guerre a lieu loin des yeux du public occidental, les gouvernements occidentaux, eux, sont très actifs avec leurs ingérences permanentes dans la vie politique congolaise en fonction de leurs intérêts géostratégiques et économiques; et ce, depuis la veille de l’indépendance en 1960 jusqu’à aujourd’hui. Dans cet article, je veux décrire comment ces ingérences ont échoué l’une après l’autre et comment elles ont largement contribué à l’état catastrophique dans lequel se trouve aussi bien l’État que le peuple congolais.

Il est de bon ton de décrire la classe dirigeante congolaise comme responsable de la misère extrême et du chaos dans lequel vivent les Congolais. Mille faits illustrent en effet la corruption, le manque de cohérence, etc. de cette classe. Mais cette analyse cache le rôle et l’impact des ingérences impérialistes ou les remet au plan secondaire, voire les justifie. Elle inspire un discours moralisateur et stérile, répété depuis plus de quatre décennies, sans aucune conséquence positive, au contraire. En fait, ce discours devient plutôt l’expression de l’impuissance de la classe dirigeante occidentale de reconstruire un système néocolonial stable et fiable au Congo. Analysons donc ces ingérences des pays occidentaux sous la direction des États-Unis depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.

La longue nuit de la dictature néocoloniale mobutiste

Entre le 14 septembre 1960, date du premier coup d’État contre Lumumba, et l’annonce le 24 avril 1990 par Mobutu, larmes aux yeux, de la fin du parti unique, Washington, aidé par Paris et Bruxelles, a réussi à créer pendant trois décennies une structure néocoloniale stable : un État dirigé avec une main de fer combinant la répression la plus brutale avec une démagogie sur l’authenticité.

L’un des grands combats de Patrice Lumumba à la fin des années 1950 a été de faire en sorte que les énormes richesses congolaises profitent aux Congolais ordinaires. « L’indépendance politique étant conquise, nous voulons maintenant l’indépendance économique» disait-il. Dans le récent film Soundtrack to a coup d’État, le réalisateur Johan Grimonprez montre comment cela a fait de lui l’homme à abattre pour l’Occident.

Le Congo n’était d’ailleurs pas seul. Il y avait, à l’époque, toute une mouvance de pays africains, asiatiques et latino-américains dits « non alignés » qui voulaient prendre leur destin en main.

Après l’indépendance du Congo, il fallait donc détruire le mouvement nationaliste dirigé et symbolisé par Patrice Emery Lumumba et reconquérir la mainmise sur le pays. Les États-Unis, aidés par la Belgique, n’ont pas hésité à tuer le premier ministre du gouvernement élu. Ils ont aussi aidé Mobutu à mener pendant cinq ans une guerre sans pitié contre les adhérents de Lumumba, guerre dont le nombre de morts est estimé dans les centaines de milliers combattants, assassinés par une armée encadrée et dirigée par des conseillers militaires belges et américains. Ensuite est venue une période où Mobutu a avancé son idéologie et sa vision politique, exprimées dans le manifeste de Nsele, la fondation de son parti unique, le MPR ( Mouvement Populaire de la Révolution ) et sa démagogie pro-Lumumba ( lui qui avait envoyé Lumumba à la mort ) et son discours soi-disant anti-colonial sous la forme de la théorie de l’authenticité sans rompre avec l’impérialisme américain.

Le tout a créé une situation qui servait, dans cette période, les intérêts des Occidentaux dans leur guerre froide contre le communisme. Les énormes richesses du pays étaient vues par les multinationales comme une réserve pour l’avenir, car les exploitations des minerais en Amérique latine et en Asie leur suffisaient à l’époque. Ce qui comptait dans cette période, c’était de garantir que ce pays stratégique qu’est le Congo restait sous leur contrôle et pouvait servir comme arrière-base pour les guerres contre les mouvements de libération en Afrique australe et orientale.

Cette longue nuit du mobutisme a laissé une économie complètement détruite où, par manque d’investissement dans le secteur minier, celui-ci était donné au début des années 1980 aux creuseurs qui y travaillent aujourd’hui encore comme des esclaves ; et aussi une classe politique extrêmement parasitaire, utilisant cette fonction comme une source d’enrichissement personnel2.

L’après-Mobutu : d’échec en échec vers une guerre d’agression

Vers la fin de la guerre froide, l’Occident se croit gagnant au niveau mondial et exige des pays du Sud d’ouvrir leurs frontières pour leurs multinationales qui veulent y réaliser des superprofits. Washington, Paris et Bruxelles veulent se préparer à la nouvelle période appelée la globalisation. Le régime pourri et archi corrompu de Mobutu ne leur est plus utile. Il faut un personnel politique plus dynamique, jeune et apte à gérer ce riche pays pour le compte des multinationales. Bref, il faut organiser le remplacement de Mobutu.

Ils ordonnent donc à leur serviteur fidèle de dissoudre son parti unique et d’organiser une période de transition qui devrait aboutir à des élections et à un gouvernement sans lui. Or, le dictateur est maître de la classe politique congolaise qui a évolué depuis un quart de siècle dans son parti. Il sait comment garder le pouvoir. En janvier 1996, après six années de « transition démocratique », les observateurs constatent que Mobutu gagnera les élections qui sont, à ce moment, prévues pour juillet.

Steven Metz, professeur à l’US Army War College, publie une étude intitulée Reform, Conflict, and Security in Zaire3. Il signale la possibilité de la désintégration de l’État zaïrois et conclut : « Soutenir une province ou une région sécessionniste pour alimenter les réformes serait une politique extraordinairement risquée qui pourrait accroître les risques de guerre civile.» Mais si l’autre possibilité est l’impasse et un lent glissement vers l’anarchie, les États-Unis pourraient être contraints de jeter les dés et d’emprunter la voie la plus risquée. Avec « jeter les dés », Metz veut donc dire que, pour en finir avec Mobutu, il faudra courir le risque d’une guerre civile en appuyant les forces qui voudront renverser Mobutu.

Tony Busselen est auteur et historien spécialisé dans l’histoire du Congo. Il est notamment connu pour son ouvrage Une histoire populaire du Congo*, dans lequel il explore l’histoire du Congo à travers les voix et les luttes des peuples congolais. Son travail met en lumière les aspects souvent négligés de l’histoire coloniale du pays.

C’est en effet la ligne que Washington va suivre car, entre-temps, ils ont laissé se dérouler le génocide au Rwanda en 1994 sans intervenir et ont appuyé le changement de régime qui s’en est suivi à Kigali. En octobre 1996, ils appuient l’opération des armées rwandaises, ougandaises et des rebelles congolais avec, comme porte-parole, l’ancien maquisard Laurent Kabila pour libérer les camps de réfugiés rwandais installés au Kivu. Le but de Washington est de chasser Mobutu et d’installer un gouvernement formé d’un tiers d’anciens mobutistes, d’un tiers d’opposants politiques à Kinshasa et d’un tiers de rebelles, qu’il pense pouvoir contrôler. Or, cette stratégie échoue et, contre la volonté des États-Unis, Laurent Kabila continue la guerre de libération jusqu’à Kinshasa où il prête serment le 17 mai 1997. Kabila inspiré par Lumumba veut reconstruire le pays. Il défend l’indépendance du Congo, sa souveraineté et son intégrité territoriale et refuse de payer la dette et de collaborer avec le FMI4.

Cette politique lumumbiste de Kabila est inacceptable pour Washington. Ed Marek, analyste américain du pays le plus important de cette période, publie un site web sous le nom d’abord de « Zaïre Watch»5 , puis de « New Congo Net». Il explique début février 1998 la déception des Américains :

« Le gouvernement de Kabila adopte une attitude indépendante à l’égard de l’Occident… Nous sommes extrêmement déçus. Ce n’est certainement pas ce que nous envisagions lorsque nous avons tenté d’éliminer Mobutu du paysage politique zaïrois.»

Mais Kabila annonce des élections pour 1999 qu’il est sûr de gagner vu le soutien populaire. Pour empêcher la consolidation du pouvoir nationaliste de Kabila, il ne reste que la force. En mai 1998, Robert Stewart, ancien président de la multinationale American Mineral Fields ( société minière qui avait à ce moment des intérêts importants en RDC ), donne une conférence de presse à Bruxelles et déclare avoir « des plans pour chasser Kabila »6.

Il est de bon ton de décrire la classe dirigeante congolaise comme responsable de la misère et du chaos, mais cette analyse cache l’impact des ingérences occidentale

Le 26 juillet 1998, Laurent Kabila, averti par les services de renseignements cubains, échappe à son retour de Cuba à un coup d’État qui se transforme rapidement en une guerre d’agression inspirée par les États-Unis et exécutée par le Rwanda et l’Ouganda, devenus des proches alliés des Occidentaux. Cette guerre va durer cinq ans jusqu’en 2003 et diviser le Congo en trois espaces indépendants : un espace à l’est contrôlé par l’armée rwandaise, un espace ou nord du pays contrôlé par l’armée ougandaise et un espace à l’ouest contrôlé par le gouvernement de Kinshasa. Cette situation prendra fin à cause de la résistance du peuple congolais et du fait qu’il devient clair pour le monde entier que les armées rwandaise et ougandaise se comportent au Congo comme des pilleurs et des oppresseurs7.

Fragiliser le sommet de l’État congolais

Les Américains, suivis par les Européens, font tout pour fragiliser le sommet de l’État congolais, sous prétexte de chercher des solutions politiques à la guerre et une formule de gouvernement d’union nationale. En 1999, une année après le début de la guerre, ils imposent une paix via l’accord de Lusaka qui doit fragiliser l’État congolais et aboutir à la neutralisation de Laurent Kabila. Après un « dialogue intercongolais» dans un casino luxueux à Sun City, dirigé par des modérateurs sud-africains et occidentaux, suivi d’un accord formel signé à Pretoria, cela aboutit en 2003 à un système 1 + 4 : un président ( Joseph Kabila, qui a remplacé son père assassiné le 16 janvier 2001 ) et quatre vice-présidents parmi lesquels un opposant politique et deux anciens dirigeants rebelles collaborateurs avec les armées ougandaise et rwandaise.

Ce système 1+4 est un système de transition vers des élections, prévues pour août 2005. Après plusieurs conflits et incidents qui risquaient chaque fois le retour de la guerre, ces élections auront lieu un an plus tard, en juillet 2006, et seront gagnées par le camp de Joseph Kabila. Or, les Occidentaux insistent pour qu’un gouvernement d’union nationale soit formé avec les perdants en référant au danger d’un retour de la guerre. Mais Kabila refuse et forme une coalition qui a la majorité au Parlement avec le parti de gauche, le PALU ( Parti Lumumbiste Unifié)8.

La population congolaise décrit la MONUC comme une « mission d’observation des massacres ».

Déjà, le 31 octobre 2007, l’International Crisis Group, un bureau d’étude pro-occidental, fait un rapport qui se résume dans le titre La transition a échoué9. Ce rapport formule ce que pensent beaucoup de dirigeants aux États-Unis et en Occident. Au lieu d’un gouvernement hétérogène qu’ils comptaient pouvoir influencer, ils considèrent que Kabila les a roulés. C’est la raison pour laquelle Louis Michel, ministre des Affaires étrangères de la Belgique, qui est vu comme un des parrains du processus électoral, dira que « sa plus grande déception dans sa carrière politique était Joseph Kabila.»

Quelques années plus tard, les Occidentaux, qui devaient financer les élections de 2011, traînent avec ce financement et proposent un report des élections et l’installation d’un gouvernement d’union nationale. Kabila va faire échouer ce plan en décidant six mois avant les élections de les financer sur le budget propre de l’État congolais.

La cécité à l’égard de la déstabilisation à l’est

Mais même après la fin officielle de la guerre d’agression en 2003, la déstabilisation de l’est du Congo continue. Les Occidentaux ferment les yeux sur les activités de l’armée rwandaise sur le sol congolais. Pendant des années, les observateurs de l’ONU, souvent dirigés par des experts américains, nient tout signe de cette présence des troupes rwandaises à l’appui des rébellions en 2004 et après décembre 2006. La population congolaise décrit la MONUC ( Mission de l’Organisation des Nations unies en République Démocratique du Congo) comme une “ mission d’observation des massacres”. Cela va durer jusqu’à fin 2008 où, soudain, le groupe d’experts de l’ONU change de ton et écrit un rapport très critique pour les rebelles pro-rwandais et mentionne l’appui important dont ces rebelles bénéficient depuis le Rwanda10.

Comment comprendre ce changement? Joseph Kabila vient d’envoyer en 2008 une délégation ministérielle en Chine pour y signer un important accord, ce qui a causé une vraie panique en Occident. Cet accord rendait possible le démarrage de production de cuivre délaissée par les investisseurs occidentaux depuis longtemps en créant une société conjointe chinoise et congolaise en échange de la construction d’un nombre important d’infrastructures. Dans ses mémoires, Colette Braeckman écrit que le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, éructait en 2008 : « ils ont offert aux Chinetoques le Congo de Léopold II»11.

Dorénavant, Washington veut éviter de perdre toute crédibilité et toute influence au Congo, et se présente comme le protecteur des agresseurs. Obama, en tant que futur président, change de cap. Au lieu de cautionner ou de couvrir la déstabilisation comme avant, il va tenir un double langage : d’un côté critiquer le Rwanda pour sa présence au Congo; et de l’autre, critiquer le Congo pour la soi-disant coopération entre l’armée congolaise et les rebelles rwandais anti-Kagame du FLDR12. Depuis lors, cette formule revient dans les déclarations officielles des Occidentaux sur la guerre à l’est. Concrètement, Obama va imposer un accord entre Kagame et Kabila qui permet une opération militaire conjointe des armées congolaise et rwandaise pour mettre fin à la rébellion du général pro-rwandais Nkunda et combattre le FDLR, qui a toujours été mentionné par Kigali comme le prétexte de leur déstabilisation.

Au Congo, les impérialistes ne réussissent plus à reproduire un système néocolonial stable. Des pas importants vers plus d’indépendance et de souveraineté ont été faits.

En 2012, Steven Hege, dirigeant du groupe d’experts de l’ONU à l’époque, notait l’échec de cette stratégie. Il constate que l’idée d’une réelle et loyale coopération entre le Rwanda et le Congo avait été trahie par les stratèges rwandais qui n’y voyaient qu’une étape vers leur objectif à long terme : la mise sous tutelle de l’est du Congo13. Une nouvelle rébellion voit le jour, cette fois-ci sous la direction du général Ntaganda qui dirige le M23. Les Américains seront obligés par l’opinion publique en Afrique d’accepter la formation d’une brigade de soutien aux FARDC ( armée congolaise) de la part de la SADC14. Les FARDC porteront ainsi la première défaite militaire en règle aux rébellions pro-rwandaises. Ntaganda sera envoyé à la Cour Pénale Internationale à La Haye et condamné à 30 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Pour garder le contrôle sur le résultat, Washington met la pression sur Kigali en diminuant leur flot de subsides au budget rwandais de 200 millions de dollars. Ainsi, ils peuvent revendiquer qu’ils ont leur mot à dire dans ce qui va suivre.

Ce mot consistera en la formation d’une commission composée d’envoyés spéciaux : Mary Robinson ( ancienne présidente d’Irlande pour l’ONU), Russ Feingold ( États-Unis), Koen Vervaeke ( UE) et Martin Kobler ( Allemagne) qui auront comme tâche “ d’accompagner” l’accord-cadre pour la paix et la sécurité signé fin février 2013 à Addis-Abeba. Leur accompagnement consistera à mettre sous pression le gouvernement congolais pour négocier avec le M23 qui, pourtant, selon cet accord, ne pourrait pas chercher refuge au Rwanda ou en Ouganda. Kinshasa déclare que le M23, étant défait militairement, doit être définitivement dissous.

Le gouvernement congolais refuse donc de signer un accord avec le M23. Comme « compromis» envers la pression de Mary Robinson et des envoyés pour arriver à une « solution politique», le gouvernement congolais et les M23 signeront à Kampala deux textes différents. Kinshasa signe un texte dans lequel il déclare se tenir à l’accord qui a mis fin à la rébellion de Nkunda. Les M23 signeront leur dissolution. Il n’y a donc pas d’accord signé, mais les M23 présenteront le texte signé par Kinshasa à Kampala comme un accord et dénonceront que Kinshasa n’aurait pas respecté cet « accord» pour justifier leur retour au Congo comme rébellion militaire en 2021. Ainsi, le double langage des Occidentaux envers l’agression rwandaise permet la continuation de la déstabilisation à l’est en se cachant derrière un semblant d’attitude critique envers Kigali et un soi-disant souci pour « une solution politique».

En finir avec Kabila

Après la victoire de Kabila aux élections de 2011 et la défaite militaire des M23 en 2013, Washington trouve le moment venu pour lancer une grande offensive politique afin de définitivement en finir avec Kabila, jugé trop souverainiste. Début mai 2014, le secrétaire d’État américain, John Kerry en personne, descend à Kinshasa et y déclare que les États-Unis allaient financer les élections avec la somme assez ridicule de 30 millions de dollars à condition que la constitution soit respectée en ce qui concerne les limites du mandat présidentiel. Depuis lors, l’envoyé spécial d’Obama pour les Grands Lacs, Russ Feingold, répète plusieurs fois de façon assez explicite des oukases et ultimatums. Quelques jours après la visite de John Kerry, par exemple, Feingold déclare : « notre conseil fort est qu’il y ait un calendrier électoral qui prévoit des élections présidentielles au plus tard à la fin de 2016 et qu’il n’y ait aucune tentative de négliger la disposition inamendable de l’article 220 15 ».

Chez les opposants congolais, on a bien compris le message. Dans leur presse, on retrouve d’innombrables titres du genre « Obama ne décolère pas» et « Kabila doit partir!». L’effet de cette ingérence est énorme : d’abord, la majorité présidentielle autour de Kabila se fragilise. Katumbi et sept autres dirigeants de partis politiques membres de la majorité présidentielle rompent avec Kabila. L’opposition, elle, a le vent en poupe et, en janvier 2015, naissent les premiers troubles à Kinshasa16. Ce sera le début de trois années très tumultueuses qui vont aboutir aux élections de décembre 2018 et à une transition du pouvoir de Kabila vers Tshisekedi.

Washington a travaillé en phases : d’abord, il fallait qu’il y ait les élections et que Kabila ne soit pas candidat. Les Américains étaient donc les premiers à accepter Tshisekedi comme président, malgré toutes les accusations de fraude électorale et le fait qu’au Parlement l’alliance autour de Kabila avait gardé une forte majorité. Dans une deuxième phase, il fallait « déboulonner le système Kabila », ce qui fut fait grâce au coaching intense de l’ambassadeur américain à Kinshasa, Mike Hammer17. En janvier 2021, il y a eu la rupture de l’alliance entre Tshisekedi et Kabila et la formation de l’Union Sacrée18. Depuis lors, l’évolution vers une marginalisation de toutes les forces de l’opposition politique continue, ce qui rend le futur politique du pays incertain.

À l’est, la déstabilisation continue.

Quant à la situation de guerre à l’est, Tshisekedi combine un discours guerrier envers le Rwanda avec des négociations ( sous intense pression des Américains ) qui devraient aboutir à une « solution politique ». La dernière série d’ingérences américaines a commencé le 20 novembre 2023 quand une délégation de haut niveau du gouvernement des États-Unis dirigée par Avril Haines a visité Kigali et Kinshasa. Mme Haines est un membre important du gouvernement Biden. En tant que directrice du renseignement national, elle est à la tête des 17 agences de renseignement des États-Unis. À ses côtés se trouvait la sous-secrétaire d’État pour l’Afrique, Molly Phee, la plus haute responsable au département d’État ( ministère des Affaires étrangères ) pour l’Afrique.

Pendant trois heures, ces deux hautes fonctionnaires et l’ambassadeur des États-Unis au Congo se sont entretenues avec le président Tshisekedi à huis clos dans un salon présidentiel de l’aéroport. Après cette rencontre, la délégation est repartie à Kigali, d’où elle venait, pour une deuxième rencontre avec le président rwandais Kagame.

La Maison Blanche note que ce déplacement avait comme objectif « d’obtenir des engagements de la part des deux dirigeants pour désamorcer les tensions dans l’est de la RDC»19. Depuis lors, Washington a décrété à deux reprises, par des communiqués de presse en direct de la Maison Blanche, des cessez-le-feu contrôlés par les services de renseignement américains.

Le 6 août 2024 a eu lieu le débat au Conseil de sécurité sur la résolution 2746 qui a ordonné à la Mission de l’ONU en RDC d’appuyer les troupes de la SADC qui se trouvent sur demande de Kinshasa au Nord-Kivu pour aider les FARDC contre la rébellion. Cette résolution a été votée à l’unanimité, car le rapport des experts de l’ONU est très clair sur la présence des troupes rwandaises20. Les États-Unis votent en faveur de la résolution, mais sans enthousiasme. Ils avertissent explicitement que le soutien à la SADC « pourrait alimenter les tensions »21.

En effet, comme nous l’avons dit plus haut, le discours américain sur la guerre à l’est est le même depuis 2009 : il établit une « solution politique» qui consiste à donner une sphère d’influence dans l’est du Congo à Kigali avec l’accord du gouvernement de Kinshasa. Le souci du gouvernement américain depuis la visite de Mme Haynes fin novembre est surtout de mettre explicitement son cachet sur la fin de la guerre ( voir encadré).

Le site d’informations américain Politico a expliqué cette politique d’imposer la paix sous la direction directe des États-Unis comme suit : « La rencontre avec Mme Haynes intervient à un moment où Washington tente de contrer la Chine en Afrique. Le contrôle du marché donne à la Chine une grande avance sur les États-Unis dans la course aux composants essentiels à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques»22. Une paix entre Kinshasa et Kigali sous la direction des États-Unis pourrait donc donner le contrôle sur ces deux gouvernements à Washington, instrument important dans la rivalité économique avec la Chine dans cette région stratégique.

  1. La vision ( incohérente ) américaine pour la guerre à l’est
  2. Un texte important est le témoignage de Steve Hege qui, le 11 décembre 2012, venait de finir son mandat de coordinateur du groupe d’experts de l’ONU, devant le sous-comité pour l’Afrique de la commission des affaires étrangères du congrès US23. Hege démontre que les États-Unis sont complètement au courant du fait que le gouvernement rwandais a « en fait orchestré la création du M23 ». « En fait, les rebelles sont devenus une extension des forces de défense rwandaises. La chaîne de commandement de facto du M23 est assurée par le ministre de la Défense du Rwanda, le général James Kabarebe». Cette situation traduit selon Hege « une volonté déterminée et calculée d’engendrer la création d’un État fédéral autonome pour l’est du Congo. On s’est demandé si l’implication du Rwanda était motivée par des intérêts de sécurité, des intérêts économiques ou des liens culturels, mais un État fédéral pour le Congo oriental engloberait toutes ces questions.»
  3. Une partie importante, dans l’establishment américain, souscrit dans les faits cet objectif de Kigali. En témoignent deux fameux articles dans la presse américaine qui reprennent pratiquement les mêmes arguments que les autorités rwandaises pour justifier leur objectif ( installer définitivement et d’une façon structurelle leur hégémonie dans l’est du Congo). Le premier article était publié en mars 2009 dans Foreign Policy sous le titre « There is no Congo », « le Congo n’existe pas »24 , arguant que le Congo n’a jamais été une nation et qu’il faut par conséquent agir avec les autorités locales plutôt qu’avec le gouvernement central. L’article le plus important était écrit par Peter Pham, un académicien et diplomate américain spécialisé dans les questions africaines qui sera plus tard, de 2018 à 2020, l’envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs. Dans The New York Times, il écrivait un article titré « To save the Congo, Let it fall apart »25 , reprenant le même type de vision.
  4. Steve Hege est plutôt sur la ligne d’Obama, il cherche un compromis impossible : « En bref, le meilleur scénario pour la situation actuelle est que la RDC profite des négociations en cours pour s’attaquer de front au désir du Rwanda de créer un État fédéral dans l’est du Congo en convainquant Kigali qu’il peut atteindre cet objectif par le biais de la législation congolaise préexistante en matière de décentralisation. Ensuite, la communauté internationale doit soutenir vigoureusement les institutions centrales et provinciales et l’infrastructure économique de la RDC afin de réduire lentement le contrôle et l’ingérence extérieurs.» Or, un peu plus tôt dans son texte, Hege reconnaît justement que Kigali ne veut pas de cette solution et que le gouvernement rwandais reste bien déterminé dans sa volonté d’installer son hégémonie sur l’est du Congo, ce qui est en conflit avec le droit international26. La dernière reprise de l’offensive du M23 depuis 2021 démontre qu’aujourd’hui Kigali reste toujours concentré sur cet objectif27. On peut conclure que, pour Washington, la chose la plus importante est que ce soient les États-Unis qui contrôlent la situation, quelque soit le futur de l’État congolais.

En RDC, l’empereur est nu

Le Congo abrite environ 70% des réserves mondiales de cobalt et des entreprises chinoises en sont aujourd’hui les plus grandes productrices. Une partie importante du secteur minier et du commerce au Congo sont entre les mains de sociétés chinoises et d’autres partenaires ( Afrique du Sud, Tanzanie, Inde, Turquie, etc. ), en dehors des partenaires traditionnels occidentaux qui sont restés sur place.

Depuis l’annonce de la fin du parti unique et du Parti-État le 24 avril 1990, les ingérences extérieures ont continué « d’accompagner» chaque étape jusqu’à aujourd’hui. Chaque adaptation des ingérences et injonctions à partir de Washington, suivie par l’Europe, a abouti à un échec et a été suivie par une nouvelle adaptation. Au lieu d’augmenter l’emprise sur la situation dans ce pays qui est stratégiquement si important, la situation échappe chaque fois à ceux qui veulent diriger « le monde basé sur les règles» ( rules-based order28 ). En d’autres termes : au Congo, l’empereur est nu, les impérialistes ne réussissent plus à reproduire un système néocolonial stable et fiable.

Karel De Gucht : « Ils ont offert aux Chinetoques le Congo de Léopold II »

Il y a au moins deux illusions à mettre au placard. Premièrement : les nobles valeurs qui sont citées pour justifier ces ingérences sont creuses et ne servent qu’à cacher les intérêts géostratégiques des États-Unis et de l’UE. Les buts réels de ces ingérences systématiques depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui n’ont jamais été les droits de l’homme, la démocratie ou le bien-être du peuple congolais. Il ne s’agit pas de douter de la bonne foi de la majorité d’experts, de scientifiques, de professionnels des médias ou du monde des ONG qui défendent ces valeurs au Congo. Mais ceux qui se trouvent aux postes de commandement à Washington, Bruxelles ou Paris, les Blinken, Haines, Macron, etc., sont des cyniques qui n’ont rien à voir avec ces valeurs et qui l’ont prouvé lors des guerres en Afghanistan, Irak, Libye et du génocide actuel en Palestine.

Deuxième illusion qui se trouve à la base de ces ingérences permanentes des Occidentaux, c’est que l’on part de l’idée assez paternaliste que les Occidentaux sont les vrais « faiseurs de rois» ( kingmakers ) en RDC, que leurs conseils, injonctions et ingérences sont décisifs pour l’évolution de la guerre29. Or, cette période est définitivement révolue, les dynamiques intérieures sont décisives et les ingérences extérieures sont plutôt des tentatives d’influencer cette dynamique dans le sens des intérêts de Washington et de ses alliés. Pour une réelle recolonisation, il faudrait une intervention militaire massive comme celles en Irak ou en Afghanistan dans les années 2010, deux tentatives de recolonisation qui ont d’ailleurs complètement échoué. Dans le cas du Congo, des interventions militaires de cette ampleur n’ont même jamais été envisagées dans les années 1990 ou 2000.

Mais en plus, aujourd’hui, on vit à l’heure où la révolte dans les pays du Sud contre l’hégémonie américaine prend toute son ampleur avec la montée en puissance des BRICS et l’indignation du sud contre le soutien occidental au génocide de Gaza30. Dans ce contexte, il est certain que la dynamique interne au Congo et en Afrique deviendra encore plus autonome et que les tentatives des États-Unis et de leurs alliés de s’imposer comme des « faiseurs de rois» n’auront à terme aucune chance.

Comme l’écrivait Patrice Lumumba dans sa dernière lettre à sa compagne Pauline : « L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches.»

Les échecs des ingérences occidentales n’ont pas encore abouti à une amélioration importante de la situation catastrophique dans laquelle le peuple congolais vit quotidiennement. Mais des pas positifs et importants vers plus d’indépendance et de souveraineté ont été faits. Il y a eu la réunification du pays après une guerre et une occupation qui ont duré cinq ans, la fin du monopole des multinationales occidentales sur le secteur minier et l’économie congolaise, un nouveau code minier plus avantageux pour l’État congolais31, une lutte contre la corruption plus concrète et un combat pour que le secteur important de la sous-traitance soit aux mains de Congolais.

À travers des grèves et de nombreux débats, les Congolais se forgent une conscience politique autonome.

Les Congolais prennent de plus en plus leurs distances des éléments de leur classe dirigeante qui se montrent incorrigibles. À travers des grèves32 et de nombreux débats, ils se forgent une conscience politique autonome. De plus en plus de gens comprennent aussi qu’ils ont été instrumentalisés dans le passé en fonction des combats entre les différentes ailes de la grande bourgeoisie et on commence à juger les différents acteurs sur la base de leurs actes politiques et des faits33.

Quoi qu’il en soit, ce combat se fera au Congo. Nous, en Occident, ferions mieux de regarder les actes de nos dirigeants envers le Congo, d’en dénoncer les conséquences néfastes pour le pays et de défendre un appui à la vraie dynamique interne au Congo. Celle-ci ne correspond pas aux intérêts de nos multinationales, mais à ceux du peuple congolais et de l’Afrique et, par conséquent, à ceux de tous les peuples du monde.

Footnotes

  1. Depuis l’implosion de la dictature mobutiste en 1990, les occidentaux, voulant maintenir le contrôle du pays, sont allés d’échec en échec. Ce n’est que la dynamique interne au Congo et en Afrique qui sortira le pays du chaos et de la guerre.
  2. Professeur Maton publiait dans les années 90 régulièrement des études sur l’état de la situation économique du Zaïre. En janvier 1995, le titre de son étude était : « Zaïre : faillite complète de l’État, regain d’activité du secteur privé », mentionné dans Le Soir du 25 janvier 1995. www.lesoir.be/art/zaire-faillite-complete-de-l-etat-regain-d-activite-du-_t-19950121-Z090X7.html. Ludo Martens publiait déjà en décembre 1990 dans le numéro 9 des Études Marxistes, l’essai « Démocratie, droits de l’homme et développement au Congo-Kinshasa ( Zaïre ) » et le 18 octobre 1991 au Colloque de la mouvance progressiste pour la démocratie au Zaïre : « Le régime Mobutiste : ses maîtres d’œuvre, son idéologie ».
  3. « Reform, Conflict, and Security in ZaireReform, Conflict, and Security in Zaire », 6-1-1996, US Army War College, Steven Metz, https://press.armywarcollege.edu/cgi/ viewcontent.cgi?article=1210&context=monographs
  4. Après les indépendances, la montée des prix de produits finis et la chute des prix des matières premières ont contribué à créer des dettes dans les pays du Sud, ensemble avec la construction de grands projets couteux et non productifs. À partir des années 80 et 90, le Fonds Monétaire Internationale imposait ensuite une politique d’austérité poussée pour les États Africains et la priorité au paiement de ces dettes. Cela se faisait sous le nom des « plans d’ajustement structurel », plans qui ont réduit les secteurs importants pour le futur de ces pays comme les soins de santé et l’éducation.
  5. Zaïre est le nom que Mobutu a donné au Congo en 1971. Après la libération de la dictature, le nom est devenu « République démocratique du Congo » ( RDC ).
  6. Conférence de Presse à l’Hotel Méridien, 26 mai 1998.
  7. En août 1999 et en juin 2000, les armées rwandaises et ougandais se sont battus dans la ville de Kisangani, troisième grande ville du Congo, comme des bandits pour un butin. Colette Braeckman relate ces deux guerres dans son livre “ Les nouveaux prédateurs ”, Fayard 2003.
  8. Colette Braeckman, “ Mes carnets noirs ”, éditions Weircih 2023, pages 359-360.
  9. Ramener la paix au Nord Kivu, International Crisisgroup, 31 October 2007. www. crisisgroup.org/fr/africa/central-africa/democratic-republic-congo/congo-bringing- peace-north-kivu
  10. Ce changement soudain a été bien décrit dans le livre de Raf Custers, « Grondstoffenjagers », EPO 2013, page 188. Le livre a été traduit en français.
  11. Colette Braeckman, “ Mes carnets noirs ”, éditions Weircih 2023, page 364.
  12. Front de Libération du Rwanda, ce sont les restants de l’ancienne armée et milllices rwandais qui se sont retirés au Congo après le génocide auquel ils ont participé en 1994. Or, aujourd’hui, 30 ans après, cette organisation ne représente plus grand-chose. Même le magazine américain Foreign Affaires ne prend plus au sérieux cette force : « Les FDLR sont une force épuisée, en grande partie grâce aux précédentes opérations rwandaises. Il est vrai que les Tutsis congolais font l’objet de discours de haine et de discrimination, mais les interventions de Kagame n’ont pas aidé leur cause.» in The Forgotten War in Congo, Jason K. Stearns, Foreign Affairs, July 26, 2024.
  13. Hege déclare lors de son témoignage devant le Congrès américain : « Le « rapprochement »de 2009 entre la RDC et le Rwanda a été salué au niveau international, car il reconnaissait et acceptait ouvertement la réalité de l’influence rwandaise dans les Kivus. La logique était que, si le Rwanda était autorisé à établir des projets économiques transfrontaliers au-dessus de la table, il n’aurait plus besoin d’aller sous la table. Cependant, les stratèges rwandais ont probablement considéré ces initiatives comme des étapes vers la réalisation de leurs objectifs ultimes et non comme des fins en soi ». www.govinfo.gov/content/pkg/ CHRG-112hhrg77362/pdf/CHRG-112hhrg77362.pdf
  14. SADC ( South African Development Community) dont font partie des pays comme l’Angola, le Botswana, Malawi, le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et aussi la République Démocratique du Congo.
  15. L’article 220 de la constitution de février 2006 rend impossible la révision du nombre et de la durée des mandats du Président de la République. Cela impliquait donc clairement que Kabila, qui était en 2014 dans son deuxième mandat, ne pourrait en aucun cas se représenter en 2016. Chez l’allié étasunien au Rwanda, cela ne pose aucun problème que Kagame soit président depuis 2000. Quand, en 2015, la constitution y a été révisée pour lui rendre la possibilité de rester président jusqu’en 2034, une simple remarque critique de Washington sera ignorée sans aucune conséquence.
  16. J’ai décrit cette période lors d’une interview à investig’action en février 2015 : https:// investigaction.net/les-usa-ont-un-agenda-cache-en/
  17. « En RDC, le pari risqué de la diplomatie américaine », Le Monde, 2 novembre 2020. www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/02/en-rdc-le-pari-risque-de-la-diplomatie- americaine_6058239_3212.html
  18. L’Union Sacrée est le nom d’une alliance pro Tshisekedi qui obtenait la majorité parlementaire après le changement de camp de la majorité des parlementaires pro- Kabila vers le camp de Tshisekedi courant décembre 2020 et janvier 2021. Cela a été possible grâce à une combinaison d’intimidations violentes et de corruptions.
  19. J ’ai décrit le début de l’ingérence récente dans un article en décembre 2023 : “ Congo : chronique d’une crise annoncée ”, Solidaire 18 décembre 2023 : www.solidaire.org/ articles/congo-chronique-d-une-crise-annoncee
  20. Le rapport constate que 4.000 soldats de l’armée rwandaise sont sur le territoire congolais avec du matériel militaire sophistiqué. Les experts notent que les interventions et opérations militaires de ces troupes rwandaises « ont été déterminantes pour l’impressionnante expansion territoriale ( des rebelles) réalisée entre janvier et mars 2024 ». https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n24/118/81/pdf/n2411881.pdf
  21. https://usun.usmission.gov/explanation-of-vote-following-the-adoption-of-a-un- security-council-resolution-on-the-democratic-republic-of-the-congo/
  22. « The US is scrambling to avoid another foreign policy crisis — this time in Congo », Politico, 1 december 2023. www.politico.com/news/2023/12/01/biden-congo-war-00129620
  23. Steven Hege est très lucide sur la stratégie rwandaise qu’il analyse très bien dans toutson témoignage que l’on retrouve sur les pages 36-46 de ce document : www.govinfo. gov/content/pkg/CHRG-112hhrg77362/pdf/CHRG-112hhrg77362.pdf
  24. « There is No Congo », https://foreignpolicy.com/2009/03/18/there-is-no-congo/
  25. « To save the Congo, let it fall apart », www.nytimes.com/2012/12/01/opinion/to-save- congo-let-it-fall-apart.html
  26. Cfr la citation ci-haut dans la note 12.
  27. Cfr l’article de début février 2023 « Que veut obtenir Kagame à l’Est du Congo ? », https:// investigaction.net/que-veut-kagame-obtenir-a-lest-du-congo/
  28. « Rules based order» est l’expression employée par le gouvernement américain pour décrire leur domination mondiale, où les règles sont définies par eux et changent selon leurs intérêts stratégiques. Cet « ordre » est maintenu par l’armée américaine, aidée par les alliés des États-Unis et l’OTAN. Cette vision de l’ordre mondial est en contradiction avec le droit international où les Nations Unies jouent le rôle central.
  29. Excellente illustration, c’est l’analyse de la défaite des M23 en 2013 que Jason Stearns donne dans son article dans Foreign Affairs du 26 juillet 2024 « The forgotten war in Congo». Stearns décrit la défaite du M23 uniquement à la pression des pays occidentaux sur le Rwanda. À aucun moment il ne mentionne l’offensive de dix jours fin octobre et début novembre des FARDC appuyée par la brigade de la SADC, ni la bataille décisive du 4 au 5 novembre pour les collines Runyonyi et Chanzu à 80 km de Goma où près de 300 rebelles du M23 trouvaient la mort, après quoi les M23 déclaraient la fin de la rébellion et les restants se retiraient vers l’Ouganda.
  30. Cf. le quatrième chapitre du livre « Mutinerie» de Peter Mertens, Agone 2024, pages 155 à 216.
  31. La RDC face au tournant industriel ? », Isabelle Minnon dans Lava du 11 octobre 2023. https://lavamedia.be/fr/la-rdc-face-au-tournant-industriel/
  32. Relations professionnelles, syndicalisme et conflits sociaux dans le capitalisme en RDC, August 2024 par Freddy Asiani, Université de Kinshasa. www.researchgate.net/ publication/382830172
  33. Un excellent exemple d’une analyse et un jugement très critique et en même temps nuancé du gouvernement actuel, est cette excellente interview du professeur Florimond Muteba sur l’émission “ dites-nous la vérité” de ELYSEE ODIA TV : www.youtube.com/ watch?v=g8GYAptUeNU Le professeur Muteba est Président de L’Observatoire des Dépenses Publiques, coalition de 10 ONG qui suivent et analysent le budget de l’État congolais d’une façon critique. La vision de cet interview est conseillée.