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Gaza et New York

Alexander Zevin

—15 janvier 2024

Pour comprendre la position unique qu’occupe Israël dans la politique intérieure des États-Unis, il suffit de comparer les passions suscitées par les guerres successives autour de la Palestine avec celles générées par l’invasion russe de l’Ukraine.

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Si cette dernière a attiré tous les regards, l’attachement qu’elle a suscité a été pour l’essentiel superficiel et médiatique. En témoigne la désaffection quasi totale pour le sort de Kiev, censée être le pivot de la lutte entre la démocratie libérale et l’autocratie, depuis que les attaques du Hamas et l’assaut israélien d’octobre ont détourné toute l’attention vers le Proche-Orient. Au-delà de l’émoi suscité par les récents événements, la part des sentiments authentiques – haine, peur, indignation – est bien plus importante et est à mettre au compte d’un siècle de colonisation sioniste et de résistance régionale, elles-mêmes déterminées dans une trop large mesure par des calculs impérialistes. L’extermination des Juifs en Europe et l’expulsion des Arabes de leur terre ancestrale en Palestine sont des catastrophes qui continuent de se répercuter, de génération en génération, à travers les quatre continents.

À l’instar des armes et des territoires dont chaque camp dispose sur place, les ressources matérielles et idéologiques dont ils disposent en Occident sont d’une inégalité stupéfiante. Les États-Unis illustrent parfaitement cette asymétrie. Là-bas, Israël peut compter non seulement sur de profonds réservoirs d’émotions, mais aussi sur des électorats motivés qui débordent les limites des deux principaux partis et leurs dispersions géographiques habituelles : des Juifs aux sionistes chrétiens, des synagogues de l’ouest de Los Angeles aux méga-églises de l’est du Texas et d’Alabama. Sur le plan des manœuvres électorales, la question remonte à Truman, dont le soutien progressif à la création d’Israël en tant qu’État juif était fondé en partie sur les perspectives démocrates en 1946 et 1948, y compris la crainte de perdre New York s’il ne le faisait pas.1

L’extermination des Juifs en Europe et l’expulsion des Arabes de leur terre ancestrale en Palestine sont des catastrophes qui continuent de se répercuter, de génération en génération, à travers les quatre continents.

Le « lobby sioniste », tel qu’il était connu à l’époque, s’est développé au-delà de ce que tout calcul purement électoraliste aurait pu justifier, pour s’imposer comme l’un des réseaux d’influence les plus zélés de Washington.

Stephen Walt et John Mearsheimer ont disséqué pour la première fois ses opérations en 2006, au lendemain de l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Se voyant dans l’impossibilité de publier leur ouvrage « The Israel Lobby » aux États-Unis, ils l’ont fait dans la London Review of Books. D’après leur analyse, le niveau extraordinaire de soutien militaire et diplomatique accordé à Israël n’a jamais relevé d’un choix stratégique rationnel, et encore moins d’un consensus solide au sein de la société, mais plutôt de la capacité à « empêcher les commentaires critiques d’être entendus équitablement » au milieu de l’indifférence générale – dans la mesure où « une discussion franche sur les relations entre les États-Unis et Israël pourrait amener l’électorat étasunien à privilégier une politique différente ». La mise en œuvre d’une telle approche dépendait de trois facteurs : une main ferme sur le pouvoir législatif, une influence sur le pouvoir exécutif et des campagnes menées par le biais des groupes de réflexion, des universités et des médias en vue de façonner l’opinion publique. Vingt ans plus tard, que révèle la crise actuelle sur le statut de la question israélienne dans chacun de ces domaines ?

Verrouillage politique

Au Congrès, la couverture du consensus est, d’une certaine manière, plus étouffante. Au lendemain du 11 septembre, le président Bush a d’abord fait pression sur Israël pour qu’il mette fin à l’opération « Bouclier défensif », qui avait pour but d’envahir la Cisjordanie et d’écraser la seconde Intifada, car cela portait atteinte aux intérêts des États-Unis dans le monde musulman, où il cherchait des soutiens dans le cadre de la Guerre contre la terreur au sens plus large. Le Congrès a réagi en adoptant deux résolutions de soutien à Israël ainsi qu’un programme d’aide, adopté à 94 voix contre deux au Sénat et à 352 voix contre 21 à la Chambre des représentants. Vingt ans plus tard, en octobre 2023, une résolution similaire a été adoptée par la Chambre basse avec une plus grande marge, 412-10. Le projet de loi de financement qui l’accompagne dépasse largement l’offre précédente : même si les décaissements en faveur de l’Ukraine ont été supprimés par les républicains et qu’un montant humanitaire symbolique a été ajouté pour Gaza afin de ménager les sensibilités de certains démocrates, le projet de loi sera sans aucun doute adopté sous les acclamations bipartites, envoyant 14 milliards de dollars à Israël, en plus des 3,8 milliards de dollars qu’il reçoit chaque année depuis 2016 dans le cadre d’un accord signé par M. Obama.

Alexander Zevin est historien à la City University of New York et membre du comité de rédaction de la New Left Review. Il est l’auteur de Liberalism at Large: The World According to the Economist (Verso, 2019).

En réalité, ces chiffres sous-estiment l’uniformité de l’opinion au Congrès, tout en occultant le rôle distinct joué par chaque parti dans le verrouillage du débat. Tous les opposants à la résolution d’octobre, sauf un, étaient des démocrates : si, contre eux, l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) a lancé sa fusillade habituelle, il l’a fait de connivence avec les chefs de partis, qui considèrent qu’il est de leur devoir d’étouffer les discussions sur un cessez-le-feu émanant de leurs rangs. Ainsi, pour avoir défendu les manifestants qui formulaient cette demande et condamné Israël pour l’attaque de l’hôpital Al-Ahli, Rashida Tlaib a été blâmée pour avoir « promu de faux récits » et « appelé à la destruction de l’État d’Israël » : cette motion a été parrainée par les républicains, mais 22 démocrates se sont joints à eux pour l’adopter, dont les principaux bénéficiaires des fonds de l’AIPAC à New York, Ritchie Torres et le chef de la minorité, Hakeem Jeffries. Par la suite, ces derniers se sont joints à Nancy Pelosi, Chuck Schumer et au nouveau président républicain, Mike Johnson, lors de la Marche pour Israël sur le Mall, sur fond de drapeaux étasuniens et israéliens, aux cris de « pas de cessez-le-feu » et « plus jamais ça ».

Septante démocrates avaient déjà signé une déclaration pour « rejeter l’utilisation du slogan ‘From the river to the sea, Palestine will be free’ » (« Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre »). Un État binational unique signifierait-il « le génocide du peuple juif » ? Il s’agit du programme historique de la gauche israélienne, y compris du parti communiste pan-israélien-palestinien. Ce n’est pas la même chose que la censure républicaine. En servant de couverture aux politiques actuelles de Tel-Aviv et de Washington, cette censure est encore pire : excluant un cessez-le-feu au nom du « droit et de l’obligation d’Israël de se défendre », elle propose une « pause humanitaire limitée dans l’espace et dans le temps », si plusieurs conditions sont remplies, notamment « la libération de tous les civils palestiniens retenus à Gaza en tant que boucliers humains par le Hamas ». L’ensemble des civils, soit deux millions de personnes ? Pour aller où ? Alors que les missiles Hellfire et d’autres munitions fabriquées par les États-Unis s’abattaient sur des hôpitaux, des écoles, des universités, des appartements, des camps de réfugiés et des convois, le Congrès s’occupait des publications sur les réseaux sociaux de son unique député palestinien, se tournant les pouces pendant que Gaza brûlait.

Alors que la destruction s’intensifie, une funeste frivolité continue de régner. Certes, d’autres députés ont signé des déclarations en faveur d’un cessez-le-feu, d’une pause ou de l’application des lois déjà en vigueur interdisant les exportations d’armes qui nuisent aux civils. Cependant, chacune de ces déclarations met en évidence la curieuse passivité des législateurs, comme s’il s’agissait de simples pétitionnaires en marge du Capitole plutôt que de députés élus. Sans tenir compte de ces derniers, la Chambre a foncé droit devant en adoptant, à temps pour les fêtes, une résolution qui définit simplement l’antisionisme comme de l’antisémitisme . Jerrold Nadler, membre du Congrès pour l’Upper West Side de Manhattan, a gentiment laissé entendre que cela ne cadrait pas avec l’histoire et pourrait même être utilisé pour dénigrer ses électeurs, dans le deuxième district le plus juif du pays, pour des critiques fondamentales à l’encontre du gouvernement israélien en place.

Un État binational unique signifierait-il « le génocide du peuple juif » ? Il s’agit du programme historique de la gauche israélienne

Au-dessus de cette mêlée, la Maison Blanche semblait opérer en mode automatique, suivant le scénario des administrations précédentes : les États-Unis dans le rôle du médiateur impartial, faisant des gestes vers des horizons stratégiques ou moraux plus larges qui débouchent sur des accords, des cadres ou des feuilles de route ; le mirage d’une solution à deux États. M. Biden s’est empressé d’étreindre M. Netanyahu. M. Blinken s’est rendu à quatre reprises dans la région au cours du mois dernier – à chaque fois en Israël, ainsi que chez des « partenaires » tels que la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Bahreïn, l’Irak, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Turquie. Présentés comme un « exercice d’équilibre », ces voyages ont été l’occasion d’exhorter publiquement Israël à faire preuve de « retenue » et à garantir des « pauses humanitaires », tout en essayant de soudoyer Le Caire et Amman pour qu’ils ouvrent leurs frontières à une nouvelle Nakba de réfugiés de Gaza et de Cisjordanie. Lors de sa propre apparition à Tel Aviv, M. Biden a invoqué l’expérience de Washington du 11 septembre pour avertir que « si nous avons cherché la justice et obtenu la justice, nous avons aussi commis des erreurs ». De la part d’un homme politique responsable d’un si grand nombre d’entre elles, ces remarques sonnaient presque comme une autoréflexion, un conseil offert humblement à un ami – même si le fait d’omettre de préciser de quelles erreurs il s’agissait, ou comment elles pouvaient être rendues conformes à la justice, les vidait de leur substance.

Dans la pratique, toutefois, la contrainte exercée sur Israël a plutôt pris la forme d’une tape dans le dos. Sur le plan militaire, l’afflux de matériel dans la région répondait exactement à l’objectif inverse : neutraliser le Hezbollah au Liban et dissuader l’Iran, afin qu’Israël puisse mener son invasion terrestre sans interférence indue. D’où l’envoi de deux unités d’intervention de porte-avions en Méditerranée orientale, d’au moins un sous-marin nucléaire supplémentaire, d’avions de chasse de la base RAF Lakenheath, d’avions d’attaque au sol A-10 et de systèmes de défense antiaérienne. Les États-Unis surveillent le trafic de signaux depuis le Néguev (région désertique du sud d’Israël), tandis que leurs drones surveillent Gaza depuis le ciel. Au large, ils ont un accès libre aux zones de souveraineté britannique à Chypre, où Akrotiri sert de plaque tournante pour les livraisons d’armes et où la NSA fournit des renseignements à Israël, y compris une aide au ciblage. Environ 57 000 soldats et sous-traitants sont stationnés dans la région ; certains effectuent déjà des frappes depuis des bases en Irak et en Syrie, affirmant avoir essuyé des tirs de milices « soutenues par l’Iran » dans ces pays. Face à ces escalades destinées à « éviter l’escalade », à quoi la retenue a-t-elle servi ? À encourager les Israéliens à « utiliser des bombes moins puissantes » – que les États-Unis leur fournissent, en plus des bombes anti-bunker qui déchirent les rues des villes tel une nuée d’éclats d’obus.

Sur le plan diplomatique, le comportement du gouvernement des États-Unis est encore plus flagrant. Bloquant les votes de l’ONU défavorables à Israël, le 18 octobre, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution brésilienne visant à condamner la violence contre tous les civils et à demander instamment une aide humanitaire en faveur des Palestiniens déplacés. Une pratique courante. Cela permet également à Israël de gagner du temps en massacrant méthodiquement des civils, dont le nombre s’élève à plus de 20 000 aujourd’hui, dont deux tiers de femmes et d’enfants, tandis que les États-Unis mènent les négociations visant l’élaboration d’un mécanisme permettant de régir ce qui restera de Gaza au terme du massacre. Les pressions exercées sur l’Égypte et la Jordanie pour qu’elles accueillent chacune un million de réfugiés semblent être restées lettre morte, malgré les promesses financières et le prétendu soutien de « l’envoyé humanitaire spécial » de Joe Biden.2

Les États-Unis surveillent le trafic de signaux depuis le Néguev (région désertique du sud d’Israël), tandis que leurs drones surveillent Gaza depuis le ciel.

Il reste cependant de nombreuses autres options : une force internationale, sous l’égide des pays Arabes, de l’ONU ou de l’OTAN, éventuellement avec l’Autorité palestinienne en Cisjordanie comme feuille de vigne locale, greffée de force sur Gaza.3

L’opposition des États-Unis aux appels de plus en plus nombreux en faveur d’un cessez-le-feu au niveau international n’est pas catégorique ou indéfinie, mais vise à en contrôler l’échéance et les conditions. La plupart des cas de dissensus au sein de l’exécutif doivent être interprétés dans ce sens. Lorsqu’Israël a demandé aux Palestiniens du nord de Gaza de quitter leur habitation le 12 octobre, le département d’État a enjoint à son personnel d’éviter de prononcer les trois phrases clés suivantes dans le cadre de ses préparatifs en vue d’une invasion terrestre : « désescalade/cessez-le-feu », « fin de la violence/de l’effusion de sang », « rétablissement du calme ». Depuis, de nombreuses « fuites » n’ont été que des variations de cette directive, une question de timing. Un mois plus tard, le Washington Post titrait « La Maison Blanche est frustrée par l’assaut d’Israël mais ne voit que peu d’options », alors que le nombre de morts civils confirmés dépassait largement le total des deux années de combats en Ukraine.

Le fil perdu

Contrairement à ce qui se passe dans les hautes sphères du pouvoir, c’est l’emprise sur l’opinion publique qui semble aujourd’hui la plus fragile. Deux tiers des électeurs aux États-Unis sont favorables à un cessez-le-feu, dont 80 % chez les démocrates. C’est chez les 18-34 ans que la cote de Biden a le plus baissé, de 15 points, 70 % d’entre eux désapprouvant sa gestion de la guerre. Empêchée jusqu’à présent de s’exprimer au niveau politique, la solidarité avec les Palestiniens a trouvé des niches dans l’industrie de la culture au sens large : organes de presse et journaux, publicité et réseaux sociaux, monde de l’art et du cinéma, monde universitaire. Il s’agit là d’un signe de crise dans la mesure où, comme le notent Walt et Mearsheimer, le statut spécial d’Israël a traditionnellement été défini par son exclusion du débat ; une image en trompe-l’œil de l’assentiment du public suffit généralement à l’imposer dans la réalité.

D’où la réaction féroce de nombreux propriétaires, cadres, fiduciaires et administrateurs aux dissensions au sein des institutions qu’ils dirigent, où même les déviations gestuelles sont sévèrement punies. Dépendant des donateurs, des abonnés, des billets, des clics et, peu ou prou, de la bonne volonté de l’État, la « meilleure pratique » consiste à garder le contrôle de la situation. Dans quelle mesure cette approche s’est-elle avérée fructueuse ? D’une part, il s’agit d’une guerre des mots, menée avec les moyens dont dispose ce milieu, sur le ton et dans le vocabulaire qui lui sont propres : accusations d’intimidation, de menaces, de brimades, de conditions dangereuses ; contrôle de l’acceptabilité des propos. L’Anti-Defamation League a mené une vaste campagne pour disqualifier le slogan « De la rivière à la mer », taxant celui-ci d’« exterminationniste » : ces jeux de langage tirent leur force de leurs intimations à la violence, dans le contexte guindé du travail en col blanc.

Deux tiers des électeurs aux États-Unis sont favorables à un cessez-le-feu, dont 80 % chez les démocrates.

New York est le terrain sur lequel se déroule cette guerre des positions, et ce pour deux raisons évidentes : d’une part, parce que la ville abrite les musées, les universités, les maisons d’édition, les sièges sociaux, les banques et les organisations à but non lucratif les plus importants et, d’autre part, parce qu’elle compte plus de Juifs que n’importe quelle autre ville au monde. Si les liens sentimentaux ou de parenté avec l’État d’Israël sont intenses, la concentration de Juifs non pratiquants ou issus de traditions critiques, voire hostiles, à l’égard de ce pays l’est tout autant : on pense notamment aux hassidim Satmar et aux socialistes, y compris les sionistes travaillistes désabusés et leurs descendants. Centre de la « communauté juive », la ville abrite également une diaspora arabe, moins d’un quart de sa taille, qui a été à l’origine de revendications plus larges en faveur d’une Palestine libre et qui a subi le poids d’accusations d’antisémitisme, malgré la présence de nombreux New-Yorkais juifs à ses côtés.

Dans la presse écrite, le New York Times a fourni les informations et les analyses les plus complètes sur la guerre depuis le début du mois d’octobre, par rapport à ses concurrents libéraux à grand tirage aux États-Unis : les reportages du Guardian  sont aussi minces qu’un étalage d’Oxfam, où Yuval Noah Harari et Jonathan Freedland étayent une section d’opinion qui peut condamner Netanyahu, mais pas sa guerre contre « un ennemi d’un autre genre », le Hamas, ni appeler à un cessez-le-feu ; c’est inférieur même aux normes de la CNN, où Jake Tapper a finalement pu fustiger le cabinet israélien pour son sectarisme anti-arabe et le meurtre de plus de 170 Palestiniens en Cisjordanie en l’espace d’un mois. The Economist est, comme à l’accoutumée, dans une ligue à part, publiant des titres tels que « Pourquoi Israël doit poursuivre l’offensive » sous des photos d’une ville de Gaza dévastée.

Dès le début du mois de novembre, plusieurs médias ont commencé à revoir leurs positions. Le bombardement de l’hôpital Al-Shifa a peut-être marqué un tournant – les bébés prématurés, les appels des infirmières alors que l’énergie diminuait, les images et les sons qui ont dépassé les justifications, les affirmations selon lesquelles le sous-sol était un « centre de commandement » (plus tard un « nœud ») pour le Hamas. Le New Yorker a exprimé son malaise face à la disparité des morts et des destructions, son rédacteur en chef David Remnick se rendant en Israël pour se rendre compte par lui-même (alors même que l’Atlantic, à l’extrémité droite du spectre libéral, continuait à ignorer les Palestiniens, sous la houlette de Jeffrey Goldberg, ancien gardien de prison de la FDI). Le comité éditorial du New York Times a également pris un tournant. Sans revoir sa déclaration initiale selon laquelle « ce pourquoi Israël se bat, c’est une société qui valorise la vie humaine et l’État de droit », le 3 novembre, il estimait qu’une pause humanitaire « valait la peine d’être tentée ». Une semaine plus tard, il publiait également l’« essai invité » de l’historien Omer Bartov, appelant à une action rapide pour mettre fin à la violence « insupportable et intenable » dans la bande de Gaza.4

Cela s’accompagne toutefois d’un traitement éditorial qui tend à tourner en dérision ce que ses reporters transmettent à la rédaction du journal sis à la 41e rue de New York – des tournures à la voix passive et des couvertures à ce point alambiquées qu’il est difficile de savoir qui fait quoi et à qui. Comme ce texte paru à la suite du bombardement d’un camp de réfugiés par Israël : « des explosions qui, selon les Gazaouis, ont été provoquées par une frappe aérienne, font de nombreuses victimes dans un quartier densément peuplé » ; des hôpitaux autour desquels « les combats éclatent », ce qui jette le doute sur les chiffres des victimes, attribués au « ministère de la Santé dirigé par le Hamas ». 5

Dans la presse écrite, le New York Times a fourni les informations et les analyses les plus complètes sur la guerre depuis le début du mois d’octobre, par rapport à ses concurrents libéraux à grand tirage

Des divergences apparaissent toutefois aussi bien entre les médias traditionnels – le Washington Post a presque immédiatement soutenu les chiffres de Gaza – qu’au sein même de ces derniers. Ainsi, vers la fin du mois de novembre, un article en première page du New York Times notait que le « rythme de la mort » et « l’utilisation d’armes très puissantes dans des zones urbaines denses, y compris des bombes d’une tonne fabriquées par l’armée des États-Unis » avaient « peu de précédents au cours de ce siècle », alors même qu’un autre article laissait entendre que la pause dans les combats avait profité au Hamas, et que le comité éditorial lançait des appels insensés à la relance de la solution à deux États, accusant les Palestiniens d’être responsables de son échec depuis la « percée » d’Oslo.6

En dessous de ces médias internationaux se trouve une strate de journaux new-yorkais qui s’attaquent de plus près aux préoccupations des intellectuels locaux. Beaucoup de ceux qui s’intéressent à la culture juive sont divisés par des fissures générationnelles, sociales et politiques similaires. À droite, les rédacteurs de Tablet, issus de la génération X, reprennent le discours israélien, dénonçant les « mises en scène de Palestiniens souffrant de violence », comparent Yale au Hamas en passant par le Qatar, et fustigent Biden pour n’avoir pas fait assez pour « punir » l’Iran et ses complices, le mettant ainsi « à l’abri de représailles ». 7

Jewish Currents, issu d’un ancien titre du CPUSA et devenu un challenger progressiste de Tablet en 2018, a été en proie à d’intenses batailles internes concernant la ligne à adopter après le 7 octobre, mais reflète clairement une vision milléniale – avec des articles contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et la suppression du discours pro-palestinien aux États-Unis, et des dépêches de Gaza et de Cisjordanie qui qualifient les incursions dans ces régions de « cas d’école de génocide ».8

Dissent, pour sa part, combine des sionistes et des interventionnistes libéraux de la « gauche démocratique » octogénaires ou nonagénaires, comme Michael Walzer et Michael Kazin, et d’autres – avec une cohorte distincte de trentenaires et de quadragénaires. Le média a tenté de jouer sur les deux tableaux : Joshua Leifer se fait l’écho de ses aînés après le 11 septembre, reprochant à « l’ultra-gauche » de Brooklyn de s’être rangée du côté des terroristes ; Gabriel Winant affirme que « le sentiment humain authentique selon lequel il est possible de pleurer de la même manière ceux des deux camps est, tragiquement, erroné. L’un des camps dispose d’une énorme machine à faire le deuil, la meilleure au monde… l’autre est privé de deuil. »9

Quelque peu en retrait par rapport à ces échanges intracommunautaires, n+1 et Jacobin ont adopté les positions les plus cohérentes. Le premier publie des critiques littéraires comme Saree Makdisi et d’autres écrivains dans le sillage de Black Lives Matter (BLM), affirmant sans ambages que l’attentat du 7 octobre a ouvert une « brèche dans les limites du monde » ; le second, sur un ton moins lyrique, critique les démocrates traditionnels pour leur incapacité à soutenir un cessez-le-feu, tout en soulignant les possibilités pour les travailleurs d’en imposer un, pour autant qu’ils soient liés à des mouvements pro-palestiniens à l’échelle mondiale.10

Des esprits impressionnables

Les campus universitaires, où beaucoup de ces auteurs étudient et travaillent, sont depuis longtemps la cible du lobby israélien. Pendant la seconde Intifada, celui-ci a lourdement investi dans la lutte contre les groupes d’étudiants et les enseignants pro-palestiniens, en les surveillant par le biais d’organisations telles que Caravan for Democracy, David Project, Campus Watch, Canary et Israel on Campus Coalition, cette dernière étant en partie dirigée par l’AIPAC, avec le soutien financier du milliardaire Adam Milstein, et dépendant apparemment directement d’Israël, en violation des lois étasuniennes.11

L’essor de la BDS en tant que pivot de l’organisation des campus a donné un nouvel élan à ces entités, qui se sont à nouveau mobilisées contre la vague de protestations qui a déferlé depuis le mois d’octobre.

Ces manifestations ont été largement rapportées comme les derniers points chauds d’une guerre culturelle des élites, avec les camions d’Accuracy in Media circulant dans la cour d’Harvard, affichant le visage, le nom et l’adresse des étudiants qui ont osé signer une lettre du Palestine Solidarity Committee, et les suspensions partielles ou permanentes des Students for Justice in Palestine, de la Coalition Against Apartheid, des Jewish Voices for Peace et d’autres groupes présents sur les campus du MIT, de Brandeis et de Columbia. Publiquement, l’Anti-Defamation League a fait pression pour que Students for Justice in Palestine fasse l’objet d’une enquête pour « soutien matériel à une organisation terroriste étrangère ». En privé, son dirigeant s’interroge sur la perte d’influence d’Israël auprès des jeunes et se demande si les célébrités influentes ne pourraient pas résoudre le problème. Les journalistes qui couvraient les manifestations pour le New York Times se sont soudain mis à railler les effets pernicieux du « jargon académique » sur les esprits impressionnables, qui inscrivaient la guerre dans un contexte colonial et de justice sociale avec lequel elle n’avait absolument rien à voir.12

La répression ne se limite toutefois pas aux universités d’élite ou aux grandes écoles publiques sous l’emprise des républicains en Floride. La City University of New York, le plus grand système public urbain des États-Unis, est soumise à une pression double : son chancelier a publié des déclarations stigmatisant les expressions de solidarité avec les Palestiniens en les qualifiant d’« organisations internes parrainant des rassemblements qui célèbrent ou soutiennent le Hamas », alors même que la gouverneure de l’État de New York, la démocrate Kathy Hochul, qui a ordonné que tous les bâtiments publics soient éclairés en bleu et blanc, puis s’est envolée pour Israël afin d’afficher son soutien au « monde civilisé contre le monde non civilisé », a lancé une « enquête » visant à éradiquer l’antisémitisme sur les 25 campus de l’université de New-York.13 Ici, le problème pour les autorités est un corps étudiant de classe travailleuse de plus de 200 000 personnes, composé à 40 % d’immigrés et à 75 % de personnes de couleur, avec une présence pro-palestinienne active.

Les campus universitaires, où beaucoup de ces auteurs étudient et travaillent, sont depuis longtemps la cible du lobby israélien.

Les manifestations ont dépassé le cadre des universités pour s’étendre à la plupart des grandes et moyennes villes des États-Unis ; ici aussi, cependant, New York est l’épicentre. À la mi-octobre, des actions relativement modestes mais quotidiennes se sont mises en place : des manifestations de quelques milliers de personnes ralliant le centre-ville à l’ONU, organisées par des organisations palestiniennes – Al-Awda, In Our Lifetime, Palestinian Youth Movement – ainsi que par le DSA ou le People’s Forum ; des protestations bruyantes et denses à Bay Ridge, avec une communauté arabe diversifiée dans le sud de Brooklyn ; des occupations impliquant tout au plus quelques centaines de personnes devant les sièges de Black Rock, de JP Morgan, du New York Times, ou encore le long du parcours de la parade de Thanksgiving organisée par l’enseigne Macy’s. Les actions les plus spectaculaires ont été menées par Jewish Voice for Peace : fermeture de la gare de Grand Central, prise de Liberty Island, blocage du pont de Manhattan, une masse de chemises noires sur lesquelles on pouvait lire « Not in Our Name » (pas en notre nom). L’un des défis de ces coalitions est de croître et de converger ; un autre, plus redoutable, est d’aller au-delà de la désobéissance civile. L’UAW est devenu le plus grand syndicat à soutenir un cessez-le-feu devant la Maison Blanche, un mois après les postiers et de nombreuses sections locales. Cependant, peu d’actions industrielles ont suivi. Les liens entre les campus, la rue et le lieu de travail sont faibles ou inexistants ; leur renforcement offre la meilleure chance de briser la complaisance de la classe politique et d’entraver la machine de guerre dont elle dispose.14

L’hégémon et son aide

Il peut être utile de comparer brièvement les scènes de New York et de Londres. Les manifestations dans la capitale britannique – les plus importantes de tout l’Occident et qui ont pris de l’ampleur au fil des semaines jusqu’en novembre pour atteindre près d’un million de personnes – donnent une idée indirecte des forces et des vulnérabilités du mouvement de gauche qui y a pris naissance, à la suite des crises économiques et politiques qui remontent au-delà de 2008, jusqu’en 2003. La marée humaine qui traverse le West End ou le pont de Westminster en direction de l’ambassade des États-Unis à Vauxhall rappelle inévitablement le dernier événement qui a galvanisé ce niveau de protestation. C’est son opposition à l’invasion de l’Irak qui a donné à Jeremy Corbyn son attrait moral lorsqu’il s’est présenté pour la première fois à la tête du parti travailliste, dix ans après que Blair et Brown eurent plongé la Grande-Bretagne dans cette conflagration aux côtés de Bush. Le sentiment de crise qui secoue le parti aujourd’hui reflète le même engagement sinistre, son dirigeant actuel poursuivant la purge de son prédécesseur bien au-delà de ce que l’opportunisme électoral ou la gestion interne du parti exigeraient autrement, dans l’espoir de renouer avec l’ambassade d’Israël et Blair.15

Comme aux États-Unis, un fossé s’est creusé entre le sentiment populaire et toute expression politique significative de ce sentiment : 80 % des électeurs travaillistes – et 64 % des conservateurs – souhaitent un cessez-le-feu. L’une des différences réside dans la capacité de mobilisation de cet enjeu en Grande-Bretagne, et donc dans l’exacerbation de ce fossé. Face à cette vague de fond, Keir Starmer n’a cessé de moduler sa déclaration initiale selon laquelle Israël serait en droit de priver Gaza d’eau, d’électricité et de nourriture – dans ce jargon juridique alambiqué qui lui est propre – « à condition de se conformer au droit international ». Dans la pratique, il a contrecarré tous les efforts visant à lui faire respecter ce principe au sein du Parlement. Lorsque le SNP a déposé sa propre motion de cessez-le-feu, Keir Starmer a averti que les députés qui voteraient en sa faveur seraient limogés. 56 députés ont défié le whip pour soutenir l’amendement malgré tout, alors que le soutien apporté au parti travailliste par les électeurs musulmans s’est effondré, passant de 75 à 5 %, ce qui a surdéterminé le vote des députés sous pression, de Bradford à Birmingham, en passant par Blackburn et Luton. Cinquante conseillers municipaux ont quitté le parti depuis octobre.

Ce dissensus inhabituel, qui s’étend des hauteurs de Westminster au conseil municipal de Burnley, laisse à penser que l’élément anti-impérialiste du Corbynisme était susceptible de trouver un écho au-delà de son électorat de base. Et si ces scènes spontanées de protestation et d’opposition aux réflexes de l’empire avaient trouvé une tribune en la personne du prochain Premier ministre, plutôt que dans la matraque de la police ? Les manifestations à l’extérieur – et seulement ensuite à l’intérieur – du PLP ont également mis en évidence les limites de l’accusation d’antisémitisme. Systématiquement brandies par le Guardian et la BBC à l’encontre des militants anti-guerre plus modérés, trop choqués par l’énormité morale d’une telle accusation pour être en mesure de la réfuter de manière adéquate, les allégations de cette nature se sont avérées particulièrement efficaces. En revanche, il en est allé tout autrement lorsque la ministre de l’Intérieur conservatrice a tenté d’y avoir recours à l’encontre de près d’un million de personnes défilant sous les bannières de la paix et de la justice : cette fois, c’est elle qui a dû partir et non les personnes qui ont pris part à ce qu’elle-même a qualifié de « marches de la haine ».

Keir Starmer n’a cessé de moduler sa déclaration initiale selon laquelle Israël serait en droit de priver Gaza d’eau, d’électricité et de nourriture « à condition de se conformer au droit international »

Au cœur de l’empire, une dynamique différente se met en place. Si la gauche britannique peut, après sa déroute, encore compter sur les vestiges de « Stop the War », qui s’est mobilisé contre toutes les aventures militaires impérialistes depuis l’invasion de l’Afghanistan, la gauche étasunienne se trouve confrontée aux limites de sa propre capacité de mobilisation. Là-bas, la figure de proue des démocrates socialistes, Bernie Sanders, a refusé de soutenir un cessez-le-feu, adoptant la même ligne que d’autres démocrates de premier plan : le faire, a-t-il répété pendant deux mois, donnerait une victoire au Hamas, qu’Israël avait tout à fait le droit d’éliminer.16

La trajectoire de Sanders, comparée à celle de Corbyn, depuis l’échec de leurs tentatives de diriger et de réorienter leurs partis de centre-gauche respectifs, témoigne de la différence des défis qu’ils ont lancés au pouvoir en place. Pour commencer, une campagne de dénigrement antisémite n’était pas nécessaire aux États-Unis : non seulement parce que son efficacité probable a toujours été douteuse – Sanders est juif, et suffisamment de Juifs vivent et sont en désaccord public les uns avec les autres aux États-Unis pour qu’il soit difficile de les ventriloquer par le biais d’un conseil à consonance officielle, comme en Grande-Bretagne -, mais aussi pour des raisons politiques.

Après avoir abandonné sa campagne et approuvé la candidature de Biden en 2020, Sanders a été couvert d’éloges et de présidences de commissions, dans un processus déjà en cours quatre ans plus tôt, lorsqu’il avait rejoint la direction du parti démocrate. Nombreux sont ceux qui ont noté le désenchantement de ses admirateurs milléniaux face à sa position sur Israël, principalement pour faire l’éloge de ses qualités d’homme d’État chevronné par rapport à leurs passions don quichottesques. Il est toutefois possible de donner une autre lecture de cette évolution, qui n’épargne ni l’un ni l’autre. Lorsque Sanders et son principal conseiller en politique étrangère ont fait l’éloge de la réaction agressive de Biden à l’OTAN comme étant « l’option progressiste » sur l’Ukraine, les voix qui se sont élevées pour les critiquer étaient moins nombreuses et plus modérées qu’aujourd’hui. L’empire US n’est toutefois pas servi à la carte, comme le souligne la Maison Blanche elle-même à chaque fois que l’occasion se présente, en établissant un lien entre ces conflits dans sa tentative d’obtenir de nouveaux fonds pour l’un et l’autre. La secrétaire au Trésor a rassuré ses concitoyens dès le début des combats à Gaza : ils pouvaient « certainement se permettre » de financer deux guerres à la fois.

Alexander Cockburn a identifié ce problème il y a plusieurs décennies. N’ayant jamais éprouvé beaucoup d’affection pour Sanders, ses critiques à l’égard de ce dernier étaient surtout d’ordre politique : il accusait « l’usine à air chaud ‘indépendante’ du Vermont » de ramener la gauche dans le giron démocrate, même après que Bill Clinton eut vidé la protection sociale de sa substance, de voter en faveur de la loi sur la criminalité, du bombardement de la Serbie par l’OTAN et du financement – sinon de l’autorisation – des guerres en Afghanistan et en Irak. En analysant les fragilités du mouvement anti-guerre qui a vu le jour à cette époque, par rapport aux années 1960, Cockburn a fait valoir que ni l’un ni l’autre ne devaient être jugés uniquement sur la base de leur capacité à arrêter la guerre : « les mouvements anti-guerre sont souvent plus significatifs dans leur après-vie – en formant une nouvelle génération aux attitudes et aux tactiques de résistance ». 17

Aujourd’hui, la gauche est confrontée à une nouvelle situation, dans laquelle la plupart des jeunes et des personnes de couleur sont révoltés par le cours des événements en Palestine, et par les démocrates qui l’ont facilité : l’anti-impérialisme est une position populaire, et elle ne peut être marginale par rapport au projet de redistribution économique, quel que soit le projet qui émergera ensuite pour faire avancer cette double aspiration.

Un article originellement paru sur Sidecar, la page blog de New Left Review

Footnotes

  1. Le lobby sioniste – distinct de la communauté juive, dont des pans entiers rejetaient le sionisme – était moins important que les conseillers sionistes à la Maison Blanche, les bailleurs de fonds du parti, les organisations chrétiennes sionistes et les votes du collège électoral de New York (ainsi que du Connecticut, de l’Illinois, de la Pennsylvanie et de la Californie). En novembre 1947, Clark Clifford, le principal conseiller de Truman pour la Palestine, soumet un mémorandum qui note : « Le vote juif, dans la mesure où il peut être considéré comme un bloc, n’est important qu’à New York. Mais (à l’exception de Wilson en 1916) aucun candidat depuis 1876 n’a perdu New York et gagné la présidence, et ses 47 voix sont naturellement le premier prix de toute élection. » Les Juifs représentaient environ 14 % de l’État et 20 % de la population de New York. Voir Michael Cohen, Truman and Israel
  2. David Satterfield, ex-ambassadeur des États-Unis au Liban (1998-2001), a été nommé secrétaire d’État adjoint par intérim pour les affaires du Proche-Orient par Trump en 2017. En 2005, le FBI a découvert qu’il avait transmis des informations classifiées aux lobbyistes de l’AIPAC Steven Rosen et Keith Weissman ; Rosen aurait ensuite transmis certaines de ces informations à Israël. Les charges retenues contre Rosen et Weissman ont été abandonnées en 2009 ; Satterfield n’a jamais été inculpé – les fonctionnaires du département d’État ont fait valoir qu’il avait « agi dans le cadre de ses compétences ». Voir : John Hudson, « As Leak Probes Abound Tillerson Promotes Diplomat Who Passed Classified Info to aipac » (Alors que les enquêtes sur les fuites abondent, Tillerson promeut un diplomate qui a transmis des informations classifiées à l’AIPAC), BuzzfeedHuffPost
  3. James Shotter, « Palestinian Authority and us Work Up Postwar Plan for Gaza », Financial Times
  4. Omer Bartov, « What I Believe as a Historian of Genocide », NYT, 10 novembre 2023.
  5. Le 17 octobre, le New York Times Responsible Statecraft
  6. « The Only Way Forward », NYT, 25 novembre 2023.
  7. Richard Landes, « Pallywood’s Latest Blockbuster »
  8. Le débat sur les courants juifs
  9. Jo-Ann Mort et Michael Walzer, « Israel Must Defeat Hamas-And Then Get Serious About Peace », The New Republic,Atlantic,DissentDissent
  10. n+1
  11. Voir le reportage de James Bamford, notamment « Israel’s War on American Student Activists », Nation
  12. Les étudiants pro-palestiniens « considèrent que leur mouvement est lié à d’autres qui ont défendu un peuple opprimé … Se référant aux mouvements de résistance, la cause pro-palestinienne est « anticoloniale ». Faisant écho à la lutte contre le racisme institutionnalisé en Afrique du Sud, Israël est un « régime d’apartheid ». En résonance avec la préoccupation pour les droits fonciers des Amérindiens, les Palestiniens sont une « population indigène ». Gaza est une forme d’incarcération de masse, « la prison à ciel ouvert d’Israël ». Anemona Hartocollis et Stephanie Saul, « After Antisemitic Attacks, Colleges Debate What Kind of Speech Is out of Bounds », NYT
  13. Faisant preuve d’un appétit pour la manipulation théâtrale digne de son prédécesseur, Andrew Cuomo, dont la démission à la suite d’un scandale de harcèlement sexuel avait entraîné son accession au pouvoir, Mme Hochul a refusé de prendre l’avion pour rentrer chez elle lorsqu’elle a appris que son père avait été victime d’un anévrisme cérébral en Floride. Le deuil que portait Mme Hochul a rendu plus poignants certains de ses échanges en Israël » ; Luis Ferré-Sadurni, « Kathy Hochul, Grieving Her Father’s Sudden Death, Presses On in Israel », NYT
  14. La possibilité d’actions syndicales visant à perturber la production et l’expédition d’armes à Israël – et les exemples actuels ou passés, du Chili de Pinochet à l’Afrique du Sud de l’apartheid – a été un thème récurrent dans Jacobin
  15. Comme l’a déclaré l’ancien ministre de la Défense conservateur Michael Portillo, Keir Starmer avait « fait exactement ce qu’il fallait » en s’opposant à un cessez-le-feu à Gaza, car les États-Unis « voudraient savoir si un gouvernement travailliste allait s’écarter de l’alliance avec les États-Unis, qui est si importante » Good Morning Britain
  16. Kayla Guo, « On Israel’s War Against Hamas, Sanders Faces a Backlash from the Left », NYT
  17. Alexander Cockburn: The Golden Age is in Us: Journeys and Encounters 1987-1994