Alerta Arizona n*12 – Retrouvez les opinions enflammées contre le désert social de De Wever et Bouchez de notre série Alerta Arizona

La Belgique, comme le reste du monde, est confrontée à des défis environnementaux majeurs, qu’il s’agisse de la crise climatique, de la préservation de la biodiversité, ou de la gestion des polluants industriels. Pour y faire face, la recherche publique est indispensable puisqu’elle est désintéressée des profits du privé et indépendante des logiques de marché. Pourtant, une série de mesures de l’accord du gouvernement fédéral Arizona s’opposent à ces besoins spécifiques de la société : coupes budgétaires majeures dans la recherche, éviction de Belspo, suppression du secrétaire d’état à la Recherche scientifique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, le budget de la recherche fédérale s’élevait à 630 millions d’euros. L’accord Arizona prévoit des réductions significatives : 39 millions d’euros en moins en 2025, 73 millions en 2026, 84 millions en 2027, 92 millions en 2028, et jusqu’à 93 millions rien que pour l’année 2029. En moyenne, cela représente une perte annuelle de 12% du budget de la recherche, qui s’ajoute aux coupes déjà imposées par la coalition Michel et maintenues par le gouvernement Vivaldi (2% par an pour les établissements scientifiques fédéraux).
Ces mesures ont pour effet direct de supprimer des emplois-clés dans la recherche, de fragiliser les carrières scientifiques fédérales (la statutarisation avait déjà été supprimée sous le gouvernement Michel), d’empêcher de facto la Belgique de répondre à certains engagements environnementaux envers l’Europe et de restreindre les possibilités de transmission du savoir (aussi essentielle que la production du savoir).
Les économies menées par Arizona dans la recherche publique compromettent notre compréhension des enjeux planétaires et notre adaptation aux défis qu’ils posent.
Pourquoi ces mesures devraient-elles préoccuper chaque citoyen ? En quoi portent-elles des conséquences directes et concrètes pour la population ? D’abord, cet arsenal de mesures affaiblit notre capacité à faire face aux urgences. Les instituts météorologiques publics européens ont prouvé leur rôle vital en émettant les premières alertes lors des pluies diluviennes de 2021 en Belgique ou plus récemment en Espagne. Les coupes budgétaires menacent ces systèmes de mise en garde indispensables dans un contexte climatique de plus en plus instable.

Ensuite, ces économies menées par le gouvernement Arizona dans la recherche publique compromettent notre compréhension des enjeux planétaires et notre adaptation aux défis qu’ils posent. L’étude de la biodiversité, l’amélioration des connaissances sur les dynamiques atmosphériques et océaniques, le développement de nouvelles formes d’énergie, la détection de substances toxiques comme les PFAS ou les pesticides sont autant de domaines de recherche fédérale nécessaires pour répondre aux besoins de la population belge.
Réduire les budgets dans ces domaines signifie se priver de réfléchir aux options qui font sens pour notre avenir. C’est ouvrir la voie, de facto, aux solutions du privé, souvent plus nuisibles que bénéfiques, et en général insignifiantes face aux enjeux. Par ailleurs, les coupes budgétaires de l’Arizona touchent notre patrimoine et notre identité culturelle, car le financement fédéral soutient aussi nos Musées et Instituts Royaux, ainsi que nos collections et archives, gardiens d’une partie de notre mémoire collective et de notre histoire.
Subordonner la recherche à des financements privés, comme semble l’encourager l’orientation du gouvernement, ne peut garantir ni l’impartialité des conclusions, ni l’indépendance des services scientifiques. Cela constitue en fait une menace pour la production de savoir.
L’alternative est claire et nécessaire : investir massivement dans la recherche scientifique publique. La Belgique – comme l’Europe – a tout à gagner à se positionner comme un leader dans la recherche publique, notamment à cause des retombées économiques et aussi parce que d’autres leaders traditionnels de la recherche, comme les Etats-Unis, semblent vouloir passer la main.
Une augmentation significative du budget, en phase avec les besoins croissants de la société face aux défis actuels et futurs, permettrait de garantir les services à la population, de stimuler l’innovation, et de stabiliser et développer des emplois à haute valeur ajoutée. Préparer la Belgique au choc climatique tout en produisant de la richesse sociale, culturelle ou économique constitue une ambition qui s’oppose aux logiques d’austérité de l’Arizona.
