Avec son nouveau livre, Reset, Mark Elchardus fournit le ciment idéologique pour un mariage entre la social-démocratie et le nationalisme. La classe ouvrière ne peut que perdre avec ces recettes prescrites.
«Quand Mark Elchardus parle, la politique écoute», écrivait le journal boursier De Tijd en octobre 2021, lorsqu’il avait demandé à tous les présidents de partis flamands (à l’exception du PTB) de rédiger une réaction au nouveau livre du sociologue Mark Elchardus: Reset: over identiteit, gemeenschap en democratie. Un accueil aussi important est un honneur accordé à peu d’auteurs. En effet, Reset a été écrit pour avoir un impact sur le débat intellectuel et politique en Flandre. Comme le suggère le titre, Elchardus veut redessiner complètement les contours de ce débat. Il veut mener une véritable «guerre culturelle» qui devrait aboutir à «un changement des gardiens1.» Sur le plan politique, le livre sert de justification idéologique à une éventuelle future coalition entre Vooruit (parti social-démocrate flamand) et la N-VA.
Reset prône un changement de paradigme, une manière différente de considérer la société et la politique. C’est un plaidoyer pour une politique identitaire nationaliste. Contre le (néo) libéralisme qui a été dominant ces dernières décennies, mais aussi contre le marxisme. Bien que les propositions concrètes présentées à la fin du livre semblent toutes provenir des fiches de débat de la N-VA ou même du Vlaams Belang, Elchardus — qui était autrefois connu comme «l’idéologue maison des socialistes flamands» — a construit son livre de manière à rallier les lecteurs de gauche à sa thèse. «Je me considère toujours comme étant de gauche, affirme-t-il, comme un social-démocrate conservateur2.» Sans entrer dans le détail de toutes les propositions de ce livre de plus de six cents pages, cet article expose que la gauche politique et la classe ouvrière ne peuvent que perdre avec les recettes prescrites par Elchardus.
Le nationalisme au lieu de la lutte des classes
«On ne peut plus parler de la lutte des classes que de manière ironique3.» Le point de départ de Reset est la proposition selon laquelle chaque communauté a besoin d’une «grande identité»: une catégorie à laquelle les gens s’identifient. Cette identité devrait apporter une cohésion sociale et un sentiment d’appartenance: «Une communauté viable est […] une nation caractérisée par le lien social et l’affinité culturelle. […] En d’autres termes, une communauté a également besoin d’une culture partagée4.» La réorientation du débat politique vers l’identité n’est, bien sûr, pas nouvelle. Il s’agit d’une tendance qui remonte aux années 1980. Ce qui est essentiel ici, c’est que l’attention est déplacée, que l’identité remplace autre chose. À savoir la conception de la politique comme une lutte entre différents intérêts (économiques) et entre les idéologies qui expriment ces intérêts.
Selon Elchardus, l’Europe actuelle manque d’une telle identité commune. C’est pourquoi il veut choisir une identité pour garantir le «projet de civilisation européenne». Son choix semble très pragmatique: «En ce qui concerne la grande quête d’identité, le projet de classe semble être mort. L’identité religieuse joue à nouveau un rôle important dans le monde, notamment dans les pays musulmans, en Inde et aux États-Unis. En Europe, ce rôle reste modeste, voire marginal, en dehors des milieux des migrants et de leurs descendants. C’est le nationalisme qui trace les grandes lignes de fracture politique en Europe aujourd’hui, mais aussi ailleurs dans le monde5.» Elchardus est à des années-lumière de la tradition de gauche à laquelle il affirme se rattacher. Les socialistes travaillent pour l’émancipation de la classe ouvrière, et pas seulement pour la promotion de l’une ou l’autre identité qui semble «réalisable» à un moment donné.
Bien que les propositions concrètes semblent toutes provenir des fiches de débat de la N-VA ou même du Vlaams Belang, Elchardus tente surtout de séduire les lecteurs de gauche.
Pour Elchardus, la classe sociale n’est qu’une des nombreuses identités. L’identité de classe a autrefois bénéficié d’une popularité importante, mais ce temps est révolu, juge-t-il. Il présente les choses comme si le choix du nationalisme sur la lutte des classes était inévitable, étant donné sa plus grande popularité. «Je suis un nationaliste par défaut», dit-il6. Il ne croit pas que la classe puisse encore fonctionner en tant qu’idée pour faire adhérer les gens à un projet politique. Le fait que les classes sociales existent toujours dans la réalité n’est pas un problème pour lui: «L’identité de classe illustre parfaitement le fait que si les identités reposent sur quelque chose de réel […], ces fondements sont loin d’être suffisants pour parler d’une grande identité collective.» «[…] La classe sociale en tant que force politique ne découle pas des propriétés de la position de classe, mais du récit qui correspond à cette condition et fournit des réponses convaincantes et mobilisatrices aux questions d’où nous venons, où nous nous situons et où nous allons7.»
Nulle part dans son ouvrage, Elchardus n’aborde le véritable fondement de l’identité de classe, à savoir l’exploitation des travailleurs qui vendent leur force de travail à des capitalistes qui s’approprient une partie de la valeur de leur travail pour en tirer du profit. Il ne semble pas du tout soucieux de changer cette exploitation. Mais nous devons également considérer son affirmation selon laquelle la force de la classe ouvrière ne découlerait pas des caractéristiques de sa position sociale. Marx faisait déjà la distinction entre la classe objective An Sich et la classe subjective Für Sich. Ce n’est pas parce que les classes sociales existent objectivement que les membres de cesdites classes s’identifient automatiquement comme tels. Il s’agit d’un processus d’essais et d’erreurs. Bien sûr, le pouvoir politique de la classe travailleuse augmente avec la conscience de classe. Mais c’est parce que la relation sociale entre les classes existe que les gens peuvent la nommer et s’y identifier. Elchardus présente les choses comme si toute l’histoire du mouvement ouvrier, avec toutes ses réalisations et ses succès, n’était due qu’à une «histoire convaincante» qui a entre-temps été dépassée.
Cependant, si nous examinons cette histoire, nous constatons que la conscience de classe apparaît chaque fois qu’il y a des affrontements entre le travail et le capital. Et en tant que classe exploitée, les travailleurs sont en permanence engagés dans un affrontement avec le capital. En raison de sa position sociale en tant que créateur de toute prospérité, la classe travailleuse est capable de mettre à l’arrêt l’appareil de production. Si les travailleurs ne travaillent pas, le capital ne peut pas les exploiter et ne peut donc pas faire de profit. C’est pourquoi chaque grande victoire du mouvement ouvrier a été précédée de grèves et de mobilisations. La classe travailleuse a ceci d’unique que, lorsqu’elle prend conscience de sa position de classe, elle est capable d’imaginer et de construire un nouveau mode de production sans exploitation. «Le mouvement syndical a une triple force, écrivaient les syndicalistes Hillal Sor et Paul Lootens dans Lava. La force du nombre, la force économique et la force organisationnelle8.» La force politique de la classe travailleuse découle explicitement de sa position sociale objective.
La thèse, derrière laquelle se cache Elchardus, selon laquelle l’identité de classe est «morte», ne tient pas non plus. On ne peut pas nier le déclin de la conscience de classe après la chute de l’URSS et la capitulation idéologique de la social-démocratie — la soi-disant «troisième voie» de Tony Blair et consorts. L’establishment a essayé d’écarter autant que possible la classe du jargon politique et médiatique. Mais les oppositions de classe elles-mêmes n’ont pas disparu. L’inégalité n’a fait qu’augmenter. Puisque les gens continuent à faire l’expérience de la réalité de classe, il est impossible d’éliminer complètement la conscience de classe. La pandémie a renforcé la conscience de soi de la classe ouvrière, mais les années qui l’ont précédée ont également vu une résurgence de la lutte des classes et de l’identité de classe. Même dans les pays où la domination idéologique du capital est très forte. Aux États-Unis, Bernie Sanders, qui parle ouvertement de lutte des classes, est l’homme politique le plus populaire depuis plus de cinq ans. Depuis 2018, les jeunes Américains sont plus positifs envers le socialisme que le capitalisme9. Plus près de nous, le PTB est devenu le troisième plus grand parti en Belgique. Il est étrange qu’Elchardus ne parle jamais de cela.
Frontières
Elchardus ne veut pas que les sociaux-démocrates s’inspirent de la gauche conséquente. Selon lui, la gauche doit se réconcilier avec le nationalisme. L’exemple qu’il donne est celui des sociaux-démocrates danois, dirigés par Mette Frederiksen, qui ont formé un gouvernement sur la base d’un programme anti-migration strict10. La redistribution des richesses peut encore être à l’ordre du jour, mais uniquement dans un cadre nationaliste. Selon Elchardus, il s’agit non seulement du choix pragmatique pour obtenir des votes, mais aussi d’un principe fondamental pour la social-démocratie: «Il est clair que si le national-socialisme n’est pas un vrai socialisme, tout vrai socialisme a toujours été national11.» Elchardus se moque de l’idée que «les prolétaires n’ont pas de patrie». Il fait référence à des figures de l’histoire socialiste qui ont opté pour la patrie plutôt que pour la lutte des classes, comme Hendrik De Man. Il ne fait aucun doute que la social-démocratie n’est pas toujours restée dans une voie rectiligne et fidèle à ses principes. Chaque mouvement a ses faiblesses, chaque cause a ses traîtres. Mais l’hymne du socialisme n’est pas «L’Internationale» pour rien. Il existe une longue histoire de coopération internationale entre les syndicats et entre les partis socialistes ou communistes. À maintes reprises, il s’est avéré que le mouvement syndical est plus fort lorsqu’il est organisé de la manière la plus internationale.
Le plaidoyer d’Elchardus pour les frontières consiste principalement dans le fait de maintenir les migrants à l’extérieur de celles-ci.
Toutefois, aujourd’hui, le capital est mieux organisé au niveau international que la classe travailleuse. Ce qu’on appelle la mondialisation a créé de vastes marchés internationaux dans lesquels les gouvernements nationaux rivalisent pour attirer les multinationales en instaurant le taux d’impôt le plus bas sur les sociétés et la protection sociale la plus faible. La résistance syndicale se situe encore principalement au niveau national, ce qui constitue un énorme désavantage pour la classe travailleuse. Le fait que la mondialisation néolibérale soit vécue comme un problème à gauche, Elchardus l’utilise pour faire un plaidoyer pour… les frontières. Il affirme que le mécontentement des populations à la suite de la crise de 2008 est lié à la perte des frontières et des États: «La gauche aurait pu […] se positionner comme le défenseur des frontières: des frontières de nos États, des frontières éthiques, des frontières à ce qui est fait de nos vies et de notre environnement. Elle n’a pas saisi cette opportunité. […] Avec pour résultat que la résistance à l’hypermondialisation n’est pas venue de la gauche, mais du nationalisme12.»
Pour Elchardus, la priorité dans la lutte contre la mondialisation capitaliste n’est donc pas la reconstruction d’un mouvement ouvrier international combatif, mais la restauration des «frontières». Fait frappant, il ne s’étend pas sur les frontières financières ou économiques. Récemment, des luttes importantes ont eu lieu autour des traités de libre-échange TTIP et CETA, où, à un certain moment, sous la pression des syndicats et des militants, les sociaux-démocrates belges du PS ont brièvement menacé d’imposer des limites à la dérégulation de notre marché du travail, de nos normes écologiques et sanitaires en faveur du capital. Cela aurait été un cas pertinent pour Elchardus, mais malheureusement il ne l’aborde pas. Tout au long de l’ouvrage, seules quelques lignes sont consacrées à de vagues propositions contre l’évasion fiscale ou la fuite industrielle. Par «défense des frontières», Elchardus entend autre chose: maintenir les migrants à l’extérieur de celles-ci. Des chapitres entiers de Reset sont consacrés à cela.
C’est également la seule «résistance à l’hypermondialisation» que la droite nationaliste a proposée: s’attaquer non pas aux causes, non pas aux profiteurs, mais aux victimes de la mondialisation. La nouvelle droite se présente en effet comme anti-establishment. Mais si nous cessons de parler de classes, alors toute rhétorique contre les «élites» est creuse et vide de sens. Au lieu de frapper vers le haut, les nationalistes frappent vers le bas. Trump ou les nationalistes européens ont-ils mis des freins au capital international? Bien au contraire. Lorsqu’il s’agit de politique et de comportement électoral, tous les nationalistes sans exception défendent les intérêts économiques de l’élite. Dans certains grands pays, comme les États-Unis sous Trump, cela va de pair avec une politique commerciale partiellement protectionniste. Mais dans une région comme la Flandre, où les plus grandes entreprises sont pour la plupart des filiales de multinationales étrangères, les nationalistes de la N-VA n’ont jamais fait autre chose que soutenir le libre-échange mondialiste. Pendant ce temps, ils attisent l’opinion publique contre les personnes qui fuient les effets de la mondialisation: une exploitation sans limites, une dégradation massive de l’environnement, une corruption endémique et une dépendance de la dette à l’égard des institutions occidentales.
Les bonnes et mauvaises politiques identitaires
Le fait qu’Elchardus préfère la politique identitaire à la lutte des classes ne signifie pas qu’il soutient toute politisation de l’identité. C’est même le contraire. Il opère une distinction entre les identités collectives «grandes et petites». La première catégorie ne comprend que les identités qui peuvent être suffisamment globales pour englober une société entière. Elchardus estime que tous les autres «petits» mouvements identitaires sont problématiques. Il qualifie le mouvement des femmes, le mouvement LGBT+, le mouvement de décolonisation, le mouvement antiraciste, etc. de «dangereux particularismes identitaires». Elchardus ne va pas jusqu’à dire que la discrimination n’existe pas. Mais il semble trouver la résistance à la discrimination bien pire que la discrimination elle-même. Il veut même abroger la loi contre le racisme et dissoudre le centre de lutte contre la discrimination Unia, afin de freiner l’activisme contre le racisme et les autres formes d’oppression.
Le raisonnement qu’Elchardus avance pour faire valoir ce point, à savoir que les mouvements de protestation contemporains «cultivent la victimisation» et «incitent à la polarisation», ne constitue en aucun cas une tentative de critique constructive. Au contraire, il dresse une caricature de tous les mouvements d’émancipation, simplement parce qu’il ne veut pas soutenir une quelconque forme de résistance aux inégalités. Dans un article d’opinion sur Reset , Elchardus exprime ce point de vue de manière un peu plus tranchante que dans le livre lui-même: «Dans sa forme originale, la lutte des classes d’inspiration marxiste n’a pas été un succès. La version ‘woke’ d’aujourd’hui promet d’être tout aussi néfaste. Il ne semble pour l’instant juste moins dangereux, parce qu’il est risible13.» Ce n’est donc pas tant le «particularisme identitaire» qui inquiète Elchardus, mais plutôt le fait que les conflits sociaux se déroulent au sein de la nation.
En effet, la résistance sociale ne s’accorde pas avec l’idée que la nation forme une entité culturelle unique. «Une partie essentielle de la construction de la communauté et de la nation est l’homogénéisation», écrit Elchardus, car elle «mène à une plus grande unité de pensée et de sentiment13.» Il veut ignorer autant que possible les contradictions internes de la nation afin d’imposer une identité nationale forcée à tous les citoyens. Ce faisant, il ignore complètement le fait que la discrimination est une réalité. La société capitaliste, qui se caractérise par l’exploitation d’une classe par une autre et par l’oppression de la majorité par une minorité, est pleine de contradictions sociales. Une nation capitaliste ne sera jamais une société «homogène», ni dans les faits ni dans l’expérience des gens.
Elchardus semble considérer que la résistance à la discrimination est bien pire que la discrimination elle-même.
Pour garder la classe travailleuse sous sa coupe, le capital s’appuie toujours et partout sur la tactique du «diviser pour régner». Cela peut prendre de nombreuses formes, mais dans l’histoire du capitalisme, il y a deux constantes14. Les femmes, par exemple, se voient confier des tâches domestiques non rémunérées et servent sur le marché du travail de travailleurs de réserve moins bien rémunérés. Elles sont principalement employées dans ce qu’on appelle les «pink collar jobs» (jobs pour cols roses15) où les salaires sont de toute façon plus bas. Deuxièmement, on abuse des travailleurs d’origine étrangère en les employant dans des professions dangereuses ou peu attrayantes, à des conditions moins avantageuses et avec une protection sociale moindre. Ils sont aussi invariablement mis en concurrence avec les autres travailleurs. Les deux groupes sont opprimés politiquement de diverses manières pour perpétuer leur désavantage économique. Le sexisme et le racisme sont des idéologies qui tentent de justifier cette discrimination. La lutte pour l’égalité des droits, contre la discrimination et contre les attitudes racistes et sexistes revêt donc une grande importance pour les groupes concernés et pour l’ensemble de la classe travailleuse. À l’inverse, on ne peut remédier à la discrimination structurelle sans s’attaquer à ses fondements économiques. En tout état de cause, la discrimination ne disparaîtra pas en la banalisant et certainement pas en empêchant toute résistance à son égard.
Le fait qu’un livre sur le nationalisme comporte un chapitre contre les mouvements d’émancipation n’est pas une coïncidence. Elchardus écrit qu’il suit Bart De Wever dans sa conviction que, bien que les nations soient des constructions imaginaires, elles peuvent néanmoins servir de liant à la société. En d’autres termes: la nation ne doit pas nécessairement exister réellement, tant que nous pouvons faire croire aux gens qu’elle existe. Une «société fonctionnelle» doit ensuite naître de cette conviction. Mais le soutien au nationalisme ne viendra pas de lui-même, d’où l’importance accordée à la lutte culturelle. D’où l’attitude répressive à l’égard des autres identités qui veulent revendiquer leur place. Les groupes opprimés qui s’identifient comme tels perturberaient l’ordre moral de la nation. Ils doivent se conformer au rôle qui leur a été attribué. Cela s’applique aux femmes et aux minorités, mais aussi à «la lutte des classes d’inspiration marxiste». Qu’il vienne de la conception de Bart De Wever ou de celle de Mark Elchardus: le nationalisme est toujours autoritaire et étouffant.
Contre les Lumières
L’une des idées qui portent le plus à controverse dans Reset est qu’Elchardus veut en finir avec les droits humains. Il le fait principalement dans le contexte de la migration, où ses propositions se heurtent aux conventions internationales relatives aux droits de l’homme comme la Convention de Genève. Mais l’explication philosophique qu’Elchardus donne pour rejeter l’idée de droits humains universels est également liée à la vision nationaliste en tant que telle. Elchardus, en effet, s’en prend à l’universalisme des philosophes des Lumières. Les Lumières est un terme générique qui désigne un certain nombre de philosophes européens des 17e et 18e siècles, une époque de progrès technologique, de science florissante, de développement du commerce et de l’industrie et d’émergence d’une classe capitaliste sûre d’elle. Ces philosophes s’opposent à l’obscurantisme16, à l’arbitraire et à l’absence de liberté du régime féodal. Ils pensaient que les gens pouvaient prendre en main leur propre destin, sans être soumis à la religion ou à l’autorité politique. Les idées des Lumières ont eu une grande influence sur la Révolution américaine (1776) et, surtout, sur la Révolution française (1789).
Elchardus revient sur les débats philosophiques des 17e et 18e siècles, mais prend le parti des adversaires des Lumières. Il cite un certain nombre de philosophes anti-Lumières, notamment Johann Gottfried Herder. Reset s’ouvre même sur une citation de Herder. Ce critique allemand des Lumières a été particulièrement féroce dans sa critique de l’universalisme. Les philosophes des Lumières croyaient que l’humanité est une, que tous les hommes naissent égaux et que leur aspiration à la liberté et à l’égalité était universelle. Herder voyait les choses différemment. Selon lui, les peuples et les cultures sont fondamentalement différents et on ne peut s’attendre à ce que les Africains, par exemple, se développent un jour de la même manière que les Européens. Il trouvait donc pervers le rêve des Lumières de faire régner la liberté et l’égalité dans le monde entier. Ce qui, en apparence, semble être un respect pour les diverses cultures s’avère simplement être un argument contre la solidarité internationale. Au lieu de cela, Herder prône la solidarité au sein de la nation: «Il n’y a qu’une seule classe dans la nation et c’est le Peuple; et le Roi appartient à cette classe autant que le pauvre paysan17.»
Les socialistes travaillent pour l’émancipation de la classe travailleuse, et non pour la promotion de toute identité qui semble «réalisable» à un moment donné.
Si les sociétés sont fondamentalement différentes, les sociaux-démocrates ne devraient pas avoir honte d’embrasser le nationalisme, de renoncer à la solidarité internationale et même d’abandonner le respect des droits humains universels. Elchardus attaque l’universalisme des Lumières afin de soutenir sa thèse selon laquelle la culture européenne est unique. Les acquis positifs des Lumières (laïcité, État de droit démocratique, égalité formelle entre hommes et femmes, etc.), il les attribue à l’unicité du peuple européen. Les idées de liberté et d’égalité ne sont toutefois pas exclusivement européennes. Les révolutions démocratiques se produisent sur tous les continents et dans toutes les cultures; des «Jacobins noirs» en Haïti (1791) aux guerres de libération de Simón Bolívar en Amérique du Sud (1811-1830), en passant par le renversement du régime d’apartheid en Afrique du Sud (1994) et le Printemps arabe (2011). Bien sûr, toutes les révolutions démocratiques ne réussissent pas. Chaque révolution a son contre-mouvement réactionnaire. Le fait que la Réaction puisse souvent triompher dans le tiers-monde est souvent dû au soutien qu’elle reçoit de l’impérialisme occidental. Les mouvements réactionnaires existent aussi en Europe — Elchardus en fait désormais partie.
Le choc des civilisations
La pensée nationaliste du «nous» et «eux» contient le danger de considérer «les autres» comme des ennemis. Bien sûr, Elchardus prétend qu’il veut atteindre exactement le contraire avec sa «pensée communautaire» nationaliste: que tous les peuples et toutes les cultures puissent coexister en paix et construire leur «propre projet de société». Pourtant, il joue avec le feu. «Le nationalisme, c’est la guerre», a un jour déclaré le président français social-démocrate Mitterrand. Dans une économie mondiale capitaliste, les pays sont inévitablement aspirés par la concurrence impitoyable du marché. Il existe une obsession permanente des capitalistes pour la concurrence étrangère, qui percole également vers la politique et les médias. Mais si l’on y ajoute une sauce nationaliste, on ne voit plus des entreprises concurrentes, mais des peuples et des cultures concurrents. Le pas vers la propagande de guerre est alors rapidement franchi: «notre» peuple contre «leur» peuple, «notre» culture contre «leur» culture.
Bien qu’il prétende initialement ne pas le faire, Elchardus développe dans Reset une vision qui considère les peuples et les cultures non seulement comme incompatibles, mais aussi comme des adversaires. Il cite l’Américain Samuel Huntington, auteur du Choc des civilisations: «En raison de la modernisation, la politique mondiale se redessine selon des lignes culturelles. Les personnes et les pays ayant des cultures similaires se développent en se rapprochant. Les personnes et les pays ayant des cultures différentes s’éloignent les uns des autres18.» Huntington était conseiller auprès du département d’État américain. Il a notamment participé à l’occupation du Vietnam. À la fin de la Guerre froide, lorsque les États-Unis ont vaincu leur ennemi juré, l’Union soviétique, Huntington s’est rendu compte que la poursuite de l’expansion de l’empire américain n’était pas possible sans un nouvel ennemi et un nouveau récit pour expliquer pourquoi tel était l’ennemi. L’ancien ennemi, le communisme, était dans les cordes et la rhétorique anticommuniste de la Guerre froide n’avait donc plus guère de valeur.
La théorie de Huntington selon laquelle la géopolitique moderne ne serait plus une lutte entre des camps idéologiques (capitalisme contre socialisme), mais entre des «cultures divergentes» avait pour but de justifier de nouvelles agressions militaires. Son invention consistait à cacher des intérêts économiques et géopolitiques divergents derrière le voile du «choc des civilisations». Selon ce point de vue, la guerre ne serait pas un choix stratégique, mais la conséquence inévitable de cultures trop différentes. Plus précisément, Huntington a «prédit» que la culture occidentale se «heurterait» successivement à l’islam et à la Chine confucianiste. Il n’était en aucun cas le seul conseiller à désigner le Moyen-Orient et la Chine comme des cibles géopolitiques de l’impérialisme américain, mais son cadre identitaire était le plus populaire auprès de l’establishment américain et des groupes d’extrême droite du monde entier. Les leaders du Vlaams Belang Filip De Winter et Gerolf Annemans ont été des fans de la première heure. Après les attentats du 11-Septembre, la théorie a été largement promue dans les médias, principalement par l’administration Bush, qui voulait faire mûrir les esprits pour les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. Au cours des vingt dernières années, l’idée que «l’Occident» est en conflit avec «l’islam» est devenue courante.
C’est exactement cette idée que reprend Elchardus: que les différences entre la culture européenne et l’islam sont trop grandes pour que nous puissions vivre ensemble. Bien qu’Elchardus ne mâche pas ses mots à propos des nombreuses formes d’agression étrangère commises par les gouvernements européens19, il présente l’islam comme «impérialiste» dès le départ. Contrairement au catholicisme et au protestantisme, l’islam, selon Elchardus, ne s’est pas résigné à la laïcisation. En fait, il existe de nombreux courants différents au sein de toutes ces religions. Les musulmans laïques ont joué un rôle de premier plan, entre autres en Égypte et en Turquie, avec respectivement le président Nasser et le président Atatürk qui ont introduit une Constitution laïque moderne. Et ce, alors que les évangélistes protestants ou les intégristes catholiques s’opposent encore aujourd’hui à la laïcité. Sur les 49 pays où les musulmans sont majoritaires, 22 sont laïcs. Aux États-Unis, en revanche, la plus haute autorité politique invoque «Dieu»20. Assimiler la culture occidentale à la laïcité et présenter l’islam comme irréconciliable avec elle est, en somme, une pure absurdité. Le rôle que joue la religion dans un pays dépend des circonstances politiques et sociales, et non de la religion elle-même.
Normaliser l’extrême droite
Pour l’instant, Elchardus n’appelle pas à la guerre contre l’Islam, bien qu’il en fournisse la base idéologique. Ce qui l’inquiète davantage, c’est le fait que des musulmans vivent également en Europe. «Ce que Huntington a sous-estimé, c’est la mesure dans laquelle cette culturalisation de la politique diviserait également les pays occidentaux sur le plan interne21», écrit-il. En d’autres termes: l’islam n’est pas seulement un ennemi étranger, mais aussi un ennemi intérieur. La théorie du choc des civilisations constitue la passerelle vers son plaidoyer pour l’adoption de positions de droite en matière de migration: «Les États membres de l’Union européenne devraient avoir le droit de préserver l’homogénéité qu’ils ont construite par la sélection et la politique migratoire22.» Il parle de «sélection culturelle»: les musulmans ne devraient plus être autorisés à entrer. Plus loin, il dit: «L’espoir doit être placé dans les mouvements et les partis qui mettent en œuvre une lutte efficace contre l’immigration illégale et une politique d’asile viable au niveau national et européen23.»
Cela inclut également les partis d’extrême droite. Elchardus n’a aucun problème à ce qu’ils problématisent la présence des musulmans. Et c’est ainsi qu’il en est venu à critiquer l’exclusion des partis d’extrême droite comme le Vlaams Belang. Il s’est déclaré contre le cordon sanitaire, qui signifie que les autres partis ne veulent pas gouverner avec le Vlaams Belang parce qu’il diffuse le racisme et ne respecte pas les droits humains. Elchardus qualifie cela d’antidémocratique: «Le raisonnement derrière le cordon sanitaire considère apparemment le CEDH [Convention européenne des droits de l’homme] comme une chose qui a toujours été bien plus élevée que la souveraineté du peuple.» Selon Elchardus, les droits humains sont déterminés par la culture et sont donc relatifs. Si «le peuple» vote pour un parti raciste, l’interprétation des droits humains doit alors changer. Le titre de l’interview qu’Elchardus a accordée à De Tijd en dit long: «Il y a quelque chose qui ne va pas dans notre système si les autres ne veulent pas gouverner avec le «Vlaams Belang.»
La lutte culturelle pour une vision nationaliste du monde, y compris l’aversion pour l’islam, est suffisamment importante pour qu’Elchardus mette la normalisation de l’extrême droite à l’ordre du jour. Il n’est peut-être pas d’accord avec tout ce que des partis comme le Vlaams Belang proclament, mais ceux-ci contribuent d’ores et déjà à supplanter le conflit de classe par un conflit national et culturel. Les manières dont Elchardus tente de normaliser l’extrême droite sont parfois subtiles. Dans Reset, les déclarations de politiciens d’extrême droite comme Marine Le Pen sont par exemple citées avec approbation, comme si c’était la chose la plus normale du monde. Parfois, c’est moins subtil. Par exemple, il tente de nier que le Vlaams Belang ait des liens avec des groupes néo-fascistes: «Ils ne forment même pas l’électorat de la droite radicale, mais la frange lunatique de cette tendance. Alors que les médias progressistes se donnent beaucoup de mal pour identifier les partis de la droite radicale à ces groupes, il n’est pas rare de voir ces derniers se donner beaucoup de mal pour les tenir à distance. […] Nous pouvons également nous demander si c’est la bonne stratégie, si les efforts ne devraient pas plutôt viser à faire entrer ces personnes le plus possible dans un mouvement radical, mais démocratique24.»
La résistance sociale ne s’accorde pas avec l’idée que la nation forme une entité culturelle unique.
Le fait que le président Van Grieken fasse des «efforts» pour se distancier des néonazis et des fascistes ouvertement proclamés n’est vrai que si vous écoutez ses déclarations sans regarder ses actions. L’organisation d’extrême droite Voorpost est toujours chargée de la «sécurité» de nombreuses activités du Vlaams Belang, comme lors de l’action du drapeau du Vlaams Belang Jongeren à Pukkelpop. Plusieurs dirigeants du Vlaams Belang sont membres d’un ou plusieurs groupes en ligne d’extrême droite. Lors de la Veillée de l’Yser, le Vlaams Belang commémore chaque année les collaborateurs du Front de l’Est aux côtés des fascistes purs et durs. Des collaborateurs de la figure de proue du Vlaams Belang de Ninove, Guy D’haeseleer, ont été photographiés avec des symboles néonazis sur leur peau et leurs vêtements. Et pour montrer clairement à ses partisans à quel point il apprécie ses «efforts» de communication, Van Grieken a même offert à Dries Van Langenhove, fondateur de Schild & Vrienden, une place de tête de liste. Le Vlaams Belang ne peut et ne veut pas lâcher les groupes les plus extrémistes, car il compte sur eux pour propager des idées qu’il n’ose pas encore exprimer à voix haute. De cette manière, il peut maintenir un semblant de respectabilité tout en adoptant progressivement des positions de plus en plus radicales.
Depuis les années 1990, Elchardus aborde de la même manière le défi de ramener les électeurs d’extrême droite vers la gauche. «Pour contrer le Vlaams Blok, il ne suffit pas d’étendre le filet de sécurité sociale. Les partis démocratiques doivent […] également reprendre une partie de l’agenda du Vlaams Blok sans plagier le contenu de son programme25», a-t-il déclaré en 1995. La tactique qu’il préconise est essentiellement la même que celle de la N-VA: en adoptant partiellement les idées et les points de vue de l’extrême droite, on tente d’attirer leurs électeurs vers les partis «démocratiques». Est-ce que ça marche vraiment? En 2014, Bart De Wever a déclaré triomphalement: «Nous avons coupé la gorge du monstre.» Moins de cinq ans plus tard, il a perdu un quart de ses électeurs au profit du Vlaams Belang et, depuis, le VB a égalé son meilleur score électoral de 2004 dans les sondages, ce qui en fait le premier parti de Flandre. La différence avec 2004 est que les points de vue du VB ont depuis été intégrés dans le courant dominant par la N-VA. Le monstre est plus fort que jamais.
Reset comme ciment idéologique pour 2024
Si les sociaux-démocrates flamands écoutent Elchardus et adoptent un profil plus à droite sur des questions telles que la migration et l’identité, cela ne fera, à long terme, que contribuer à la domination idéologique du Vlaams Belang. Mais, à court terme, cela assure également un plus grand degré de compatibilité entre les programmes de Vooruit et de la N-VA. Ces deux partis gouvernent actuellement ensemble à Anvers et ont par le passé formé plusieurs coalitions au niveau flamand. Les chefs de parti ne semblent donc pas avoir d’objections fondamentales à la coopération. Si la N-VA veut concrétiser son projet de mise en œuvre du confédéralisme en 2024, elle a également besoin de partis de gauche prêts à s’inscrire dans cette logique. Les compliments de Bart De Wever au président du Vooruit, Conner Rousseau, peuvent être compris comme une indication dans le sens d’une collaboration au niveau fédéral26.
Elchardus revient sur les débats philosophiques des 17e et 18e siècles, mais prend le parti des adversaires des Lumières.
Reste à savoir si les partisans de Vooruit ont envie, après la participation de la N-VA au gouvernement fédéral (2014-2018), de s’allier au parti du saut d’index, du relèvement de l’âge de la pension et de la hausse de la TVA sur l’électricité de 6% à 21%. La volonté politique est une chose, la crédibilité politique en est une autre. Il faut d’abord que circule dans l’opinion publique l’une ou l’autre explication pour un nouveau rapprochement, une motivation substantielle que les sociaux-démocrates puissent invoquer à cet effet. Reset semble donc être écrit sur mesure pour le «rendez-vous avec l’histoire» proclamé par Bart De Wever pour 2024. «Elchardus veut mettre la N-VA et le Vooruit sur le même socle idéologique. Ce n’est pas tout à fait impossible, j’en ai peur», déclare l’historien Vincent Scheltiens27. «Il prépare le common ground, par exemple, en ce qui concerne l’image de l’homme et le sens de la communauté. De cette manière, les deux partis peuvent devenir la colonne vertébrale du gouvernement flamand en 2024. Cela résout beaucoup de choses pour De Wever: les négociations communautaires avec le PS sont plus intéressantes en ayant le Vooruit avec lui plutôt que le Vlaams Belang.»
Reset de gauche
Si la gauche veut gagner à nouveau la classe ouvrière, elle doit redonner à l’analyse de classe une position centrale: qui bénéficie d’une certaine politique et qui n’en bénéficie pas? À court terme, c’est aussi le meilleur moyen de rendre plus difficile le rapprochement entre le Vooruit et la N-VA. La classe travailleuse n’a aucun intérêt dans une scission de la sécurité sociale ou des syndicats, ni dans une politique migratoire qui crée des précédents pour faire exploser les droits humains, et certainement pas dans le programme économique néolibéral de la N-VA.
Ce que la gauche peut certes déjà apprendre d’Elchardus, c’est l’ambition de gagner la bataille des idées. Un reset du débat intellectuel ne serait certainement pas une mauvaise chose. Mais un reset vers la gauche, pas encore davantage vers la droite. Un retour de l’analyse économique rationnelle, de la critique systémique, de l’attention portée aux inégalités structurelles. Un basculement vers plus de conscience de classe et plus de solidarité internationale. La gauche doit absolument faire le contraire de ce que préconise Elchardus. Pour propager sa propre vision, pour proposer ses propres solutions radicales, pour formuler une alternative émancipatrice au capitalisme. Et surtout, en couplant le travail intellectuel à la lutte de classe pratique. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra briser le framing de droite et que la classe Für Sich pourra revendiquer sa place.
Footnotes
- Reset, p. 548.
- Humo, 7 décembre 2021
- Reset, p. 162.
- Reset, p. 284.
- Ibid, p. 16.
- De Tijd, 21 octobre 2021.
- Reset, p. 161.
- Hillal Sor et Paul Lootens, «Défis pour un syndicalisme post-covid», Lava, 23 juin 2021.
- «Democrats More Positive About Socialism Than Capitalism», Gallup, 13 août 2018.
- Elchardus parle à tort d’une victoire électorale en 2019, alors que le parti dont Frederiksen est le nouveau président et qui met l’accent sur la migration a en réalité fait légèrement moins bien que lors des élections précédentes.
- Reset, p. 164.
- Ibid, p. 189.
- Reset, p. 501-502.
- L’asservissement des peuples étrangers sous forme d’esclavage et l’externalisation du travail reproductif vers les femmes ont même été des conditions de la percée du capitalisme.
- Les emplois «cols roses» sont des professions qui impliquent des tâches de soins telles que l’enseignement, la garde d’enfants, les soins infirmiers, la psychologie, le travail social, les soins de beauté, la mode et le coaching personnel. Le travail de secrétariat fait également partie des emplois en col rose.
- L’obscurantisme est une tentative délibérée de maintenir les autres dans l’ignorance et d’empêcher toute pensée indépendante.
- Herder, Sämmtliche Werke, XVIII, p. 308 (propre traduction).
- Reset, p. 117.
- Lorsqu’il évoque les guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye ou en Syrie, il ne parle que du rôle des États-Unis. Les pays européens ont participé à chacune de ces invasions et ont même joué le rôle principal dans le cas de la Libye.
- Les présidents américains prêtent serment la main sur la Bible et, sans exception, ils font régulièrement référence à la foi chrétienne dans leurs discours. Le président Bush est même parti en guerre «au nom de Dieu».
- Reset, p. 118.
- Ibid, p. 357.
- Ibid, p. 386.
- Ibid, p. 141.
- De Morgen, 21 mai 1995.
- De Wever: «Mon respect pour Conner Rousseau a énormément augmenté. Il est très loyal, ce qui est rare en politique», cité dans De Morgen, 30 mars 2020.
- Knack, 27 octobre 2021.